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Après quelques minutes en pleine danse, j'ose lui poser une question qui me trotte la tête depuis un certain temps. Une question pour laquelle je connais la réponse, en temps normal. Alors j'ai besoin de sa réponse honnête que je ne peux acquérir que grâce à la potion.

- Venelia... en toute honnêteté, que ressens-tu pour moi ? Ne ressens-tu pas une certaine attirance ?

Elle fixe ses yeux dans les miens, avant de faire un petit sourire. Elle s'approche de mon oreille et je me baisse légèrement pour qu'elle puisse l'atteindre.

- Je te déteste, Revan. Murmure-t-elle.

Je t'apprécie.

- Je te haïs.

Je t'adore.

- Je te méprise.

Je t'admire plus que tout.

- Et voir ton visage m'est parfois insupportable et me trouble.

... car tu me rappelles à quel point une âme aussi pure comme la tienne ne pourrait jamais aimer une âme aussi sombre comme la mienne.

- Voilà ta réponse. Dit-elle finalement.

Et la réalisation est douloureuse car cette haine ne s'en ira certainement jamais.

Je resserre ma main autour de sa taille, rapprochant son visage du mien. Je peux sentir la chaleur de son corps et je suis presque tenté de la prendre dans nos appartements sur-le-champ. Mais je me retiens, car je sais que cela serait mal vu par les autres.

- Maintenant, dis-moi la vérité. Murmuré-je doucement.

- C'est la vérité. Répond-elle.

- Non, répliqué-je, je ne vois pas cette haine quand nous passons nos nuits ensemble. Et si tu l'as oublié, je peux te le rappeler.

Elle écarquille les yeux, ses joues rougissent violemment. Son regard me donne envie de la serrer contre moi et de lui montrer à quel point je suis sérieux.

- C'est de la luxure. Mais cela ne retire en rien la haine. Dit-elle d'une petite voix.

- Oh, Venelia... la façon dont tu t'agrippes à moi, dont tu me regardes en gémissant mon nom... Dis-je d'une voix rauque. Venelia, c'est bien plus que de la luxure. Aucun de nous n'est seulement prêt à se l'avouer.

Elle se racle la gorge, ses joues devenant de plus en plus rouges à mesure que le temps passe.

- Arrête. Dit-elle d'une voix gênée. Quelqu'un peut t'entendre.

- Personne peut m'entendre. Dis-je sans la lâcher du regard. Je sais exactement ce que je fais et ce que je veux.

- ... Et qu'est-ce que tu veux ?

Je lui souris avant de dire :

- Je te veux toi. Ta peau chaude et douce sous mes doigts, tes lèvres sur les miennes. Je veux te sentir tressaillir entre mes bras. Tu es si belle, Venelia. Si belle et si incroyablement désirable. Et je n'ai aucun doute que tu ressens la même chose envers moi.

Je me penche vers elle, mon souffle chaud effleurant sa peau.

- Nous ne pouvons pas continuer à nier cela plus longtemps. Dis-je dans un murmure. Nous sommes attirés l'un par l'autre, que nous le voulions ou non.

Venelia inspire profondément, ses yeux plongés dans les miens. Je peux presque entendre les battements de son cœur s'accélérer. Elle ne dit rien, et ce silence ne me donnait aucun indice quant à ses réelles pensées.

La musique s'arrête, nous forçant à nous éloigner et tout le monde retourne vaquer à ses occupations. Je reprends Venelia par la main et l'amène jusqu'à notre trône.

Je m'assois à côté d'elle et lui prends la main. Je peux sentir la tension dans ses doigts, mais elle ne se dégage pas. La vision de nos mains liées ne passe pas inaperçu, je peux entendre quelques jeunes filles au fond de la salle parler d'à quel point elle nous admire tous les deux ensemble.

Je suis convaincu que la potion d'amour n'a pas marché sur elle. Peut-être aurais-je dû ajouter quelques gouttes en plus ? Ou peut-être que je me suis trop précipité. Que ce n'est pas réellement le moment pour savoir ce que cache son cœur.

Mais je suis impatient. Quelque chose en moi me pousse à la vouloir toujours à mes côtés, et pour être soulagé, je veux m'assurer de ce qu'elle ressent pour moi... pour être certain qu'elle ne finira pas par m'abandonner.

Mais comment savoir sans la faire fuir ou sans la blesser ? Je passe en revue toutes les options possible dans ma tête, mais aucune ne semblent être la bonne.

Je me mords la lèvre, me concentrant sur la sensation de ses doigts dans les miens et les battements de son coeur en rythme avec sa respiration. Je ne peux pas la perdre, je ne peux pas la laisser partir. Mais je ne peux pas non plus risquer de la faire fuir en lui avouant mes véritables sentiments.

Je me penche vers elle, déterminé à lui faire comprendre sans mots ce que je ressens pour elle. Je ne sais pas combien de temps nous restons assis là, les yeux dans les yeux, mais cela me semble être une éternité. Je résiste contre cette urgente envie de l'embrasser.

Finalement, elle se lève, brisant le silence pesant qui planait entre nous.

- Je suis fatiguée, je vais me retirer pour la nuit. Dit-elle d'une voix douce.

Je regarde autour de moi. Cela fait déjà des heures que nous sommes ici. Je suis certain qu'ils ne seront pas offensés si l'on s'excuse. J'ai envie de passer un peu de temps seul avec ma femme, même si je sais qu'elle aimerait être loin de moi en ce moment même.

- Allons-y. Dis-je en me levant à mon tour.

- Non. Dit-elle en fuyant mon regard. Reste là, je vais remonter seule.

- Quel genre d'époux serais-je si je te laisse partir seule ?

Elle finit par se résigner. Nous nous excusons avant de partir, puis je monte avec elle dans l'appartement. Dès que la porte s'est fermée, je n'ai pas pu m'empêcher de la plaquer contre le mur, tenant ses bras au dessus de sa tête.

- Ne fais pas cela, Revan... Murmure-t-elle.

J'approche ma tête de la sienne, sans la lâcher du regard.

- Faire quoi ?

- T'approcher de moi. Tu tortures mon cœur. Dit-elle.

Je ne dis rien, je la contemple simplement, attendant qu'elle continue. Je peux voir à son visage qu'elle souffre de désir.

- Je n'ai pas bu la potion. Avoue-t-elle. J'ai échangée nos verres...

Et je ne sais pourquoi, mais cela ne m'étonne pas. Ceci explique mes étranges actions envers elle. Je pensais que je commençais à devenir fou.

- Es-tu en colère ? Demande-t-elle prudemment.

Je la regarde sans dire un mot, pesant mes mots avec soin. Je ne suis pas en colère contre elle, mais je suis déterminé à comprendre ses motivations.

- Pourquoi as-tu fait cela ? Dis-je finalement.


Elle détourne le regard, ne répondant pas tout de suite. Je peux voir à son expression qu'elle est troublée, hésitante.

- J'avais besoin de savoir ce que tu ressens vraiment pour moi. Dit-elle d'une voix douce. Je voulais savoir si c'est bien plus qu'une obsession, ou au contraire, de la haine cachée.

Je lui fais un sourire en coin puis lâche ses bras et je l'attire doucement vers moi. Je l'embrasse tendrement sans la presser. Mais lorsqu'elle répond à mon baiser, je l'embrasse plus passionnément.

Finalement, il n'y a pas que moi qui se pose des questions sur nos sentiments...

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant