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- Tu peux éteindre tes émotions avec moi, mon garçon. Dit mon père.

Je rentre dans mon bureau, ne voulant plus rester dans la même pièce qu'elle. La rage se consume en moi, et si je rallume mes sentiments, cette rage explosera. Les souvenirs défilent dans ma tête, ne me laissant aucun moment de répis.

- Je ne veux pas. Répondis-je.

- Très bien.

Je m'assois sur la chaise, la tête baissée. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de devenir bon avec elle. Ma nature est cruelle, pitoyable. Tous les défauts existants sur terre sont regroupés en mon être. Je ne peux pas aller contre ma nature. Ce serait aussi idiot que de demander à un lion de devenir végétarien.

C'est impossible.

Et il procède de battre ma mère. Sous mes yeux. Je cours vers lui, tentant de mordre son bras pour la laisser, mais il me pousse et me paralyse avec ses yeux. Sentant mon cœur se déchirer, je n'ai pas eu d'autres choix que d'éteindre mes émotions pour survivre.

Pour me calmer, je décide d'imaginer Venelia face à moi. Je m'imagine prendre son cœur et l'écraser avec mon pied. Je la vois se tordre de douleur et pleurer, mais cela ne me fait rien. Cela ne calme pas la rage que j'ai en moi.

J'essaie de faire disparaître cette illusion, mais je n'y arrive pas, à cause de ma trop grande colère. J'ouvre alors mon tiroir en soupirant, et prends une de mes pilules contre les effets de l'illusion.

J'en avale quelques-unes à la suite, espérant me sentir rapidement bien. Mais je ne ressens rien. En fait, tout s'aggrave. J'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer.

Je me lève, pousse mon bureau sur le côté, le faisant tomber avec toutes mes affaires. J'allais sortir de mon bureau, mais je vois Venelia. Elle était face à mes deux sœurs. Mes deux sœurs... à genoux. Azaël était déjà au sol, saignant.

- Venelia... ?

Elle tourne la tête lentement vers moi, puis souris. Je ne la reconnais plus. Elle a un air démoniaque. Ce n'est pas elle...

- Venelia, qu'est-ce que tu fais ?!

Elle avait un poignard en main, pointé contre la poitrine de mes sœurs.

- Je me venge enfin. Dit-elle en souriant. Je ne peux pas vous tuer, mais je peux tuer chaque personne que vous aimez. Je peux vous infliger une douleur éternelle !

- Revan ! Pleure Kayda. Revan, aide-nous ! Je ne veux pas mourir !

C'est une illusion. Je le sais. Je le sais ! Je prends mes médicaments et avale plusieurs autres pilules, pensant qu'elles ne fonctionnent plus. Mais cela s'empire. Encore plus.

- Revan ! Crie Illara.

Je n'arrive plus à bouger, je ne peux pas bouger. Je ne peux pas sauver mes sœurs. Je reste au sol, alors que Venelia plante le poignard dans le cœur d'Illara. J'entends son hurlement, perçant ses poumons. Sa peau devient grisâtre, avant qu'elle ne tombe au sol après que Venelia ait retiré le poignard.

- Non, non, Venelia ! La suppliais-je. Tue-moi ! Tue-moi, pas elle ! Je t'en supplie ! Venelia !

Mais elle n'avait rien à faire de mes supplications, elle rit. Elle rit de moi.

- Au moins, vous savez ce que j'ai ressentis quand vous avez tués mon père. Dit-elle en souriant.

Et elle poignarde Kayda. Mes sœurs. Elles sont mortes. Elles sont partis. Je me mets à crier en pleurant. Et soudain, les larmes et les cris ne sont plus assez. J'ai besoin de me faire du mal. J'ai besoin de me faire du mal pour évacuer ma peine.

J'essaie de bouger, mais mes membres sont toujours paralysés. Je vais me jeter de cette fenêtre. Je me bats contre moi-même pour bouger, mais je n'y arrive toujours pas. Alors mes sanglots reprennent.

- Revan !

J'entends du bruit mais je suis détruis pour y faire attention. Je sens des bras m'entourer et une odeur qui m'est familière.

- Revan, réponds-moi, as-tu pris les médicaments ?

Je hoche faiblement de la tête. Mes pleurs cessent et me laissent aller, dans les bras de cet inconnu. Est-ce une femme ou un homme ? Je n'arrive pas à voir clairement.

- Mon Dieu, non...

La personne tient mon visage entre ses mains et me tapote les joues, en appelant mon nom. Ma vision devient plus nette. Je souris, mon âme et mon cœur l'ayant reconnu avant mes yeux.

- Venelia... pourquoi as-tu fais cela ? Dis-je faiblement. Mes sœurs...

- Rien n'est arrivé à tes sœurs, Revan. M'assure-t-elle, inquiète. Ce n'était que des illusions. D'accord ? Que des illusions...

Je vois son visage inonder de larmes, elle aussi. Des illusions ? Si c'était le cas... elles auraient disparus grâce aux pilules. Mais elles ont persistés.

- Revan, je t'en supplie... Regarde-moi... oublie ce que tu as vu un instant. Dit-elle doucement. Ce n'était pas réel, mais moi, je le suis. Regarde-moi.

- Tu ne m'appelles jamais par mon nom...

- Cette fois, c'est différent.

Je me mets alors à rire, comme si j'étais ivre. J'essaie toujours de me relever, la douleur n'ayant toujours pas quitté mon corps.

- Je vais me jeter par la fenêtre. D'accord ? Dis-je faiblement. Je ne vais pas mourir, ne t'inquiète pas.

- Non ! S'écrie-t-elle. Non, tu resteras avec moi !

Je commence à me diriger vers la grande fenêtre, je veux ressentir une douleur plus grande que celle que je ressens en ce moment. J'en ai besoin. Mais Venelia m'arrête. Elle se met face à moi.

- Tu ne me laisses plus le choix...

Avant que je n'ai pu prononcer un mot, elle pose ses lèvres sur les miennes. Je suis un peu surpris qu'elle ait fait le premier pas, mais ne la lâche pas. Et je sens en moi le lien de sang faire effet. Il me guérit. Toute ma lucidité me revient et j'arrive à séparer de nouveau ce qui est réel ou non.

Et je suis bien heureux que Venelia soit réelle.

J'embrasse Venelia avec passion, et l'attrape par la taille.

- Venelia...

Et la passion s'en va peu à peu, laissant place à la rage. Je laisse ma rage sortir dans ce baiser, faisant comprendre à Venelia ma colère. Et elle réplique.

Au bout de quelques minutes, je sépare nos lèvres et j'entends sa respiration saccadée, je vois sa poitrine se soulever et je remarque qu'elle se mord les lèvres.

- Punaise, Venelia. Tu étais tout ce qu'il me manquait. Je te veux.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant