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Je n'ai pas revue Revan de toute la journée. Il a discuté seul à seul avec sa sœur pendant plusieurs heures, avant de parler avec Azaël d'homme à homme. Tout s'est bien passé, de ce que j'ai cru comprendre, et je suis heureuse pour Illara. Revan n'a pas un mariage heureux, alors j'espère qu'Illara en aura un, au moins.

Le soir venu, Revan retourne dans notre chambre. Pour ne pas qu'il pense que je l'attendais, je feigne d'être endormi en mettant la couverture sur ma tête. Je l'entends retirer ses vêtements puis se coucher à mes côtés.

Je garde les yeux fermés, mais je peux le sentir de plus en plus proche. Il retire lentement la couverture de mon visage, puis mes cheveux. Ses mouvements sont lents et doux, je tente de contrôler les battements de mon cœur pour qu'il ne comprenne pas.

Il se penche doucement vers moi, je peux sentir son souffle chaud sur mon visage. Il reste immobile pendant quelques instants, probablement en train de vérifier si je dors vraiment. Je garde mes yeux fermés, essayant de ne pas respirer trop fort.

Finalement, je sens sa main sur mon front, qui caresse doucement mes cheveux. Je ne peux pas m'empêcher de frissonner sous son toucher. Il murmure mon nom, mais je ne réponds pas.

Il reste immobile à mes côtés pendant un moment, avant de soupirer doucement. Je peux sentir sa chaleur et sa présence près de moi. Je sais que je ne devrais pas, mais j'ouvre légèrement les yeux pour l'observer. Il est allongé sur le dos, les bras croisés derrière la tête, fixant le plafond.

- Je sais que tu ne dors pas...

Je sursaute légèrement en entendant sa voix, mais je garde les yeux mi-clos, n'osant pas répondre.

- As-tu aussi peur que je te touche ? Me demande-t-il.

Prise au piège, je n'ai d'autres choix que d'ouvrir complètement mes yeux et me tourner vers lui. Il était assis, le dos contre le mur et les jambes allongées. Il ne me regarde pas. Il regarde le plafond.

- Non, je n'ai pas peur. Dis-je doucement.

- ... Alors pourquoi tenter de me fuir, Venelia ?

Je me tais, réfléchissant à quoi dire en évitant d'avouer que je l'attendais. Que je n'arrive plus à dormir quand il n'est pas là.

- Je ne veux pas que tu me fuis, Venelia.

Je le regarde longuement, ne sachant que dire à nouveau. Cela ne me plaît pas non plus de jouer au chat et à la souris, mais avons-nous réellement un choix ?

- Tu sembles fatigué. Dis-je, tentant de changer le sujet. Cela n'est pas passé comme prévu, avec Azaël ?

Il tourne la tête vers moi.

- Non, tout s'est bien passé. Me répond-il. Mais ‏je ne cesse de penser à nous.

- À nous ?

- Mhm. Je commence à questionner nos sentiments, dit-il doucement, et j'aimerais les explorer. Mais je ne sais pas par où commencer.

J'avale difficilement ma salive, et mon ventre se noue. Non. Non, non... il ne peut pas. Il ne le doit pas. La finalité de cette affaire ne peut pas être lui amoureux de moi !

- Venelia, rien que pour cette nuit, je veux que l'on mette tout de côté, absolument tout, et que l'on passe du temps ensemble. Me dit-il.

- Mais on passe toutes nos nuits ensemble déjà, sans tout mettre de côté.

- Non, non, pas dans ce sens. Dit-il en secouant sa tête. Je veux juste passer du temps avec toi, prendre le temps de t'écouter, faire tout ce que fait un couple avant le mariage. Je veux que l'on rit ensemble, que l'on partage nos secrets.

Je fronce les sourcils. Je suis assez surprise, je dois l'avouer. Je ne pensais qu'une telle chose viendrait de la part de Revan. Pourra-t-on avoir une réelle discussion, sans nous batailler comme à chaque fois ?

- Ce soir, ‏je veux que tu sois la mienne. Demain matin, tu pourras tout oublier, faire comme si nous n'avons rien dit, n'avons rien fait. Dit-il avec détermination. Ce soir, je veux avoir des réponses sur les sentiments que je ressens.

REVAN

Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas ce que je dis. À vrai dire, depuis le bal, je ne suis plus dans mon état naturel. Et je me demande si la potion a un effet secondaire, ou bien si je suis toujours sous son effet.

Se rajoute à cela Azaël et ma sœur. En leur parlant, je me suis rendu compte de l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre. Et cela a été comme un déclic pour moi. Je ne suis pas capable d'aimer une mortelle, mais je ne peux pas dire qu'elle me rend indifférent.

- D'accord... juste ce soir. Me dit-elle.

Je lui souris tendrement.

Et bien que cela a commencé un peu maladroitement, rapidement nous avons été sur la même longueur d'onde. Elle évitait de me parler de son passé, mais me parlait d'autres choses qui lui venait en tête.

Je sais qu'elle fait un effort extrême pour oublier qui je suis réellement, mais la conversation entre nous est si naturelle... comme si nous nous connaissons depuis des années.

Et elle sourit.

Sincèrement. Je n'arrive pas à me rappeler de ce que j'ai dis pour la faire sourire, mais je sais qu'elle a sourit. Elle m'a sourit pour la première fois. Et c'est ce qui m'importe.

Sa beauté ne fait que s'accentuer avec ce radiant sourire, mais je ne le lui dis pas de peur qu'elle fasse disparaître ce sourire dont j'avais désespérément besoin sans que je ne le sache.

Chaque minute passée en sa compagnie m'envoûtait davantage. Je me surprenais à être suspendu à ses lèvres, guettant chacun de ses sourires, de ses regards. Je la voyais comme personne d'autre, mon regard étant rempli de tendresse et de fascination. J'étais ébloui par sa beauté et envoûté par son charisme.

Mais plus les minutes passent, plus mon ventre se noue. Je veux désespérément m'accrocher à ce moment. La nuit est bientôt terminée, et je ne sais pas si l'on aura un autre moment comme celui-ci à nouveau...

Je ne sais plus rien. La seule chose que je sais est que je ne suis pas prêt à la lâcher de sitôt.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant