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Alors que je signais des documents dans mon bureau, quelqu'un toque à ma porte. J'autorise la personne à entrer, sachant pertinemment que c'est Azaël. Il me fait la révérence avant de fermer la porte derrière lui et s'avancer vers moi.

- Vous m'avez appelés, votre Majesté ?

- Oui, Azaël. Lui dis-je. C'est l'heure.

Azaël me regarde, surpris, l'air hésitant. Il a compris, sans que je n'ai eu besoin d'élaborer.

- Je ne surveillerai plus Sa Majesté la Reine ? Me demande-t-il.

- Non, plus désormais. Lui dis-je. Tu peux aller tout lui avouer, Azaël. Il n'y a plus d'intérêt à garder ce secret.

- ... Votre Majesté... elle m'en voudra. Dit-il doucement. Votre épouse a été très gentille avec moi, elle m'a pardonnée quand je lui ai fais du mal. Comment suis-je censé avouer cela ?

Et elle me détestera encore plus, également.

- Ma femme n'est plus une ennemie, Azaël. Déclaré-je. Elle a le droit de connaître la vérité. Elle le saura un jour ou un l'autre, de toute façon. Mieux vaut qu'elle l'entende de toi.

Azaël prend une grande inspiration avant de hocher la tête. Venelia peut se mentir autant qu'elle le voudra, mais elle n'est plus mon ennemie. Elle n'est plus une menace.

La guerre a enfin prit fin.

VENELIA

Azaël entre dans mon appartement après que je lui ai autorisé. Cela ne me surprend pas, il passe de temps à autre me garder, ou prendre de mes nouvelles. Et puisqu'Illara est ici, avec Kayda, cela me surprend encore moins.

Mais cette fois, je vois qu'il a une expression étrange au visage. Et son apparence a légèrement changé.

- Azaël ? L'appelé-je. Viens.

Il s'approche lentement, les mains en avant, l'une au-dessus de l'autre. Il garde la tête baissée, n'osant jamais me regarder.

- Que t'arrive-t-il ? Lui demandé-je. Tu as l'air étrange.

- Je... Je vais bien.

- Est-ce à cause de mon... mari ? S'il te donne beaucoup de travail, dis-moi et je lui demanderais de t'alléger un peu.

Je secoue sa tête, en l'abaissant encore plus.

- Je dois vous avouer quelque chose. Me dit-il. J'apparais honteusement devant vous, après vous avoir mentis depuis votre arrivée, alors que vous avez été tellement... tellement gentille avec moi.

Je commence à m'inquiéter. Me mentir ? Quel mensonge peut-il bien l'amener dans cet état ?

- Vous m'avez toujours reproché que je n'étais pas loyal envers vous, mais plutôt envers l'Empereur... alors que je suis un mortel. Dit-il doucement. Mais la vérité c'est que j'étais un mortel.

Je fronce les sourcils, confuse et pas certaine de comprendre. Mais il relève soudainement sa tête, et mon cœur a raté un battement lorsque je vois ses yeux. Je vois une toute nouvelle personne. Azaël... il a les yeux rouges.

- J'étais loyal envers votre grand-père. Mais dans un feu, mes parents ont perdus la vie, il y a cent cinquante ans. Et... un vampire m'a sauvé. Il m'a transformé en vampire avant que je ne meurs et m'a adopté. Raconte-t-il. Depuis, naturellement, ma loyauté a été envers l'Empereur des vampires. Je ne pouvais pas rester loyal à quelqu'un qui voulait me tuer.

Je sens mon cœur s'effondrer, face à la trahison évidente d'Azaël.

- Pourquoi ? Dis-je faiblement. Pourquoi m'avoir mentis ?

Je pensais que même entouré de vampires, je pouvais compter sur le seul mortel présent. Je pensais qu'il serait le seul à pouvoir me comprendre, il m'a fait croire et sentir que je n'étais pas seule. Il m'a fait croire qu'il était un ami sur lequel je pouvais compter.

- L'Empereur... L'Empereur m'a demandé de vous surveiller, de vous espionner. Dit-il doucement. Il savait que vous feriez plus confiance à un mortel qu'à un vampire, alors je devais lui faire un rapport sur tous vos faits et gestes.

- Et pourquoi me dire la vérité maintenant ?

- Je ne sais pas si j'ai le droit de vous le dire. Dit-il en grimaçant. Ce serait mieux de demander à l'Empereur...

Je tourne la tête vers les jumelles, me rappelant qu'Illara était là. Cela doit être une bonne nouvelle pour elle. Mais... aucune des deux n'a bougé. Elles n'ont pas réagis. Comme si... comme si elles le savaient. Bien-sûr ! Bien-sûr qu'elles le savaient !

- Vous aussi... soufflé-je.

- Venelia... Disent-elles doucement.

Je m'éloigne d'elles, dégoûtée et déçue. Je ne suis qu'une idiote. Comment ai-je pu penser que ces êtres vils, cruels, et sans compassion puissent être digne de confiance ? Ils jouent avec nous. Ils ont joués avec moi.

Je serre mes poings, sentant la colère exploser en moi. Je les déteste. Je les déteste. Je les déteste tous. Sans exception. Mais je déteste encore plus l'éternel responsable de tous mes soucis ; l'Empereur. Depuis son entrée dans ma vie, je perds tout le monde auquel je tiens.

Et peut-être même qu'il m'a menti sur Edham. Je n'aurais pas dû le croire aussi rapidement. Comment ai-je pu ?!

- Venelia, où vas-tu ?! S'écrie Illara.

Je ne fais attention à personne. C'était la goutte de trop. Je sors de mon appartement en furie et je remarque les gardes s'échanger des regards face à mon état, mais ne disent rien. Enfin, j'ouvre violemment la porte du bureau de l'Empereur et y pénètre.

Je claque la porte derrière moi, mais malgré tout ce raffut, l'Empereur ne lève pas son regard vers moi. Il continue à écrire je-ne-sais-quoi sur des documents.

- Venelia, dit-il sans me regarder, Azaël t'a tout avoué, c'est cela ?

- Vous êtes un homme vil, mauvais, cruel et sans scrupule ! Craché-je.

Il se lève de sa chaise puis s'approche de moi.

- Tu voulais que je te traite comme une ennemie, n'est-ce pas ? Me répond-il. Je l'ai fais. Je l'ai fais, puis j'ai changé d'avis.

Je vois rouge, je n'arrive plus à me contrôler. Je me dirige dangereusement vers lui, puis le pousse à plusieurs reprises et frappe son torse. Lui, ne réagit pas. Il reste immobile, me regardant.

- Pourquoi cela t'énerves à ce point, Venelia ?

- Parce que je vous déteste ! M'écrié-je. Parce que vous me forcez à vivre une vie que je ne désire pas ! Vous êtes mon fardeau ! Vous avez ruinés ma vie ! Je vous déteste tellement que je préfère mourir que de rester en vie avec vous !

Et je vous déteste parce que tout le mal que je peux vous causer est avec mes mots... plus avec mes actes.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant