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Cela fait trois jours que je n'ai eu aucune nouvelles de Venelia. Je me suis inquiété jusqu'à ce que mes hommes m'aient dit qu'ils l'ont vus il y a peu. Elle et l'Empereur se seraient pris des vacances, et seraient partis visiter quelques endroits.

- Je suis là. Dis-je en retirant ma capuche. Que voulez-vous de moi ?

La mystérieuse femme retire également sa capuche, me laissant percevoir ses longs cheveux noirs et ses yeux d'un rouge vifs.

- Prince Edham, enchanté. Dit-elle en souriant. Je m'appelle Emmaline.

- Je me fiche des présentations. Dis-je froidement. Vous aviez dit avoir des informations sur Venelia, vous disiez avoir trouvé une solution pour la sauver.

Elle hoche la tête en s'approchant.

- J'ai essayé de récupérer l'Empereur, comme tu as essayé de récupérer Venelia. Me dit-elle. Alors je te propose que l'on travaille ensemble pour réussir à les séparer.

- ... Pourquoi devrais-je vous faire confiance ?

- Parce que je veux l'Empereur autant que tu veux Venelia. Dit-elle en souriant. Et je sais qu'à deux, nous pourrons réussir. Qu'en dis-tu ?

Je prends mon temps pour réfléchir. J'ai tenté de récupérer Venelia plusieurs fois mais toutes mes tentatives ont été vouées à l'échec. Un coup de pouce ne serait pas de refus.

- Très bien. Dis-je. Nous allons travailler ensemble.

Comme réponse, elle me tend sa main. Avec hésitation, je la saisis. Honnêtement, je ne sais pas si je fais la bonne chose mais je préfère ne pas rester les bras croisés. Si je n'y arrive pas, je me dirais qu'au moins, j'ai essayé...

REVAN

Je l'entends pleurer sous la douche. Le bruit de ses larmes coulant de ses yeux sonnent différemment que l'eau de la douche. Bien qu'elle tente de ne pas faire de bruit, je l'entends. Je sens à quel point elle est désespérée, je sens à quel point elle avait de crier du plus profond de son cœur, tentant de se débarrasser de ce sentiment d'impuissance et de cette douleur.

Et malgré moi, je me retrouve pris de remords. Je ne le devrais pas, je sais. Je ne regrette pas au moins de me mettre à genoux et demander son pardon avec les larmes aux yeux. Mais je regrette assez pour savoir que ce n'est pas habituel chez moi.

Ces remords que j'ai ressentis s'accentuent à chaque fois que je repense à mon père. J'ai tué son père, pour venger le mien. Mais mon père n'était pas un homme digne pour venger sa mort. Je n'étais même pas si en colère que cela lorsque j'ai appris sa mort. J'ai tué le père de Venelia pour sauver notre honneur.

Et je ne sais pas pourquoi j'y pense. Mais je sais que cela me dérange fortement.

Durant ces trois jours, j'ai combattu l'urgente envie de débarquer dans sa cellule et mettre fin à cette mascarade, alors que je voyais son état mental se dégrader. Elle commençait à en perdre la raison, à force de parler avec mon "fantôme". Dire que j'avais prévu de l'enfermer pendant un mois...

Mais maintenant, pour ces 72 heures, je ressens un regret tellement profond qu'il me devient insupportable. Bien que je n'aime pas faire recours à cela, je décide de réprimer mes sentiments, les "éteindre". Et je sens soudainement la lourdeur que je ressentais se dégager, me laissant un sentiment de légèreté.

Dieu, que c'est bon.

Enfin, la porte de la salle de bain s'ouvre, me laissant entrevoir cette belle humaine, ma femme. Elle n'a aucune expression sur le visage, elle ne dit rien, elle s'approche simplement du sofa et s'installe dessus.

- Vous allez dormir sans un bonne nuit, chère épouse ?

Elle m'ignore toujours et pose la couverture sur elle. Je lâche un petit rire mais je suis étonné de sentir qu'elle n'a plus aucune colère. Elle est indifférente. Simplement indifférente.

- J'ai dû terriblement vous manquer durant ces trois jours. Dis-je en faisant un sourire en coin. Être sans moi... mon Dieu, je ne souhaite pas cela à mon pire ennemi.

Je m'allonge alors à mon tour dans le lit. Je suis certain que bientôt, elle sera là, à mes côtés.

- Quoi que... vous êtes ma pire ennemi. Dis-je en riant. Et ma préférée.

Elle ne réponds toujours pas. Je n'aime pas son silence. Mais je sais que cela ne durera qu'un temps, puis elle se remettra à parler, en crachant du poison à chaque mot, en tentant de me blesser encore et encore. Cependant, elle ne sait que cela me plaît secrètement. Elle pense me faire du mal avec ses mots alors que je souris intérieurement.

La voir en colère est comme voir un enfant en colère contre un adulte, c'est amusant. Divertissant, presque.

Après un certain temps, j'entends sa respiration ralentir et je comprends qu'elle venait de s'endormir. Je tourne alors ma tête sur le côté. Quelque chose m'interpelle. Je ne le vois pas mais je le sens. Je sens son odeur. Je le cherche sur le cousin, et le trouve enfin.

Un cheveu.

Je le tiens et le lève en l'air pour mieux l'inspecter. Brun. Il est brun avec des règles brillants. Son odeur m'imprégne les narines, et pour apprécier cette odeur comme à chaque fois, je réactive mes sentiments. Directement après, un sourire se forme sur mon visage.

Un cheveu de Venelia.

Il sent comme elle. Et son odeur m'est agréable. Je le pose sur mon torse et ferme les yeux. Cela devrait être illégale qu'une humaine sente aussi bon. Elle me bouleverse. Cela doit être parce qu'elle est mon épouse. Il m'arrive des choses dont on ne m'a jamais prévenue avant le mariage.

Alors que je commençais à perdre le sens de la réalité et sombrer dans le sommeil, je sens une étrange main se poser sur mon torse, suivi d'une tête. J'ouvre légèrement les yeux et vois que le petit cheveu est devenu une magnifique chevelure brune.

Je souris, sans lever la tête.

J'allais m'endormir ainsi, avant de comprendre ce qu'il vient de se passer.

Venelia.

Sans le vouloir, je viens de créer à mes côtés son illusion...

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant