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Je regarde de loin mon royaume, depuis mon balcon, avec tristesse. Les humains n'ont pas commencés de révoltes, mais ils ont perdus toute confiance en moi, m'insultant de tous les noms dans les journaux.

Les seuls qui ne participent pas à cette campagne contre moi sont les humains alliés des vampires. Ils me soutiennent fortement. Ce mariage avec l'Empereur n'a fait que diviser les humains, encore plus.

Les vampires eux, sont majoritairement d'accord avec le mariage, bien que cela leur fait étrange que le sang d'une humaine se mélangera à celui d'un vampire de la famille royale.

- Que regardes-tu ? Entendis-je derrière moi.

Je ne prends pas la peine de me tourner, reconnaissant clairement la voix de l'Empereur. Il se positionne à mes côtés, suivant mon regard.

- Je pensais que ce sentiment de nostalgie t'est passé. Dit-il.

- Je ne suis pas nostalgique. Répondis-je. Je ne ressens rien.

- J'essaie de ne pas trop lire dans tes émotions, mais je sais que tu me mens. Dit-il doucement. Quelque chose te manque de là-bas.

Je soupire. Je ne sais pas pourquoi il se retient, il pourrait lite dans mes pensées, et comprendre tout de suite ce qu'il ne va pas.

- Dis-moi, Venelia. Me dit-il en me faisant face. Qu'avais-tu là-bas, que tu n'as pas ici ?

- ... Cela n'a rien à voir avec cela.

- Alors dis-moi. Parle-moi.

Je soupire puis me tourne vers lui.

- Je repense à mon peuple, à leur colère. J'ai essayé d'être à la hauteur, d'être comme mes ancêtres, mais je suis une mauvaise souveraine, j'ai perdue la guerre et avec humiliation, je vous ai épousée. Dis-je faiblement. Je suis une constante déception pour eux, et il n'y a rien que je puisse faire qui est assez.

Je fixe mon regard dans le sien, feignant un semblant d'intérêt et d'inquiétude. Il continue à me mentir, alors que je sais qu'il ne se préoccupe pas de moi. Mes pensées, émotions et problèmes sont le dernier de ses soucis.

- Je ne suis jamais assez. Soufflais-je, tristement.

- Tu l'es, Venelia. Rétorque-t-il. Tu es assez. Si ces gens n'arrivent pas à reconnaître ta valeur, ce n'est pas ton problème. Tu t'es assez battus, et tu ne t'es pas tout simplement pliée à moi, ni à cet Empire. Dois-je te rappeler les nombreuses fois où tu m'as poignardé ? Tu t'es battus, mais parfois, le destin ne nous laisse aucun choix. Certaines choses sont hors de notre portée.

- C'est si facile à dire pour vous. Dis-je. Vous avez un empire, une famille, vous avez tout ce que vous voulez. Moi, je n'avais que mon père. Vous me l'avez pris. Alors il ne restait plus que mon peuple. Et vous me l'avez également pris.

Il me regarde longuement, sans dire un mot. Il ne comprendra jamais ce que cela fait de voir les peu de choses que l'on aime disparaître devant nos yeux. Il ne sait pas ce que cela fait de vouloir vivre, mais être encerclé par son ennemi. Et que sans cet ennemi, le monde serait bien vide.

Que je dois toujours vivre à travers lui, au risque d'être seule.

J'avais mon père, mon peuple, Edham. Je les ai tous perdus. Et avec l'Empereur, je l'ai lui et ses sœurs. Parfois Azaël et son peuple. Mais sans lui, je perdrais tout de nouveau. J'ai l'impression d'être prise au piège dans une pièce sans issue. Peu importe où je cours, peu importe pendant combien de temps je cours, je resterais toujours au même endroit.

Parfois j'y vois de la lumière, mais sans plus.

- Je veux que tu sois heureuse. Me dit-il.

- Pourquoi voudriez-vous mon bonheur ? L'interrogeais-je.

- Pour une raison ou une autre, quand tu es heureuse je le suis aussi. Dit-il, d'un air sérieux. Et ce n'est pas notre lien de sang qui en est la cause.

Je fais les gros yeux, forçant mon cœur à battre plus lentement pour ne pas attirer son attention. Mon ventre se noue, alors qu'il attendait de moi une réaction. Cependant, je réussis à me reprendre et articuler une phrase correcte :

- Vous pouvez éteindre vos émotions avec moi. Je ne veux pas mal interpréter vos paroles.

Il semble blessé par ma réponse, mais se reprend très vite et me fais un sourire qui n'en est pas un.

- Tu as raison. Dit-il. J'aurais dû dire que je voulais le malheur de ma femme. Cela t'aurait convenu, n'est-ce pas ?

- ... Cela aurait mieux collé avec votre personnage. Dis-je, hésitante.

- Mon personnage, hein ? Répète-t-il. Le méchant, n'est-ce pas ?

Je sens que c'était une mauvaise idée d'avoir dit cela, car il semble vraiment avoir réprimé ses sentiments, fermant son coeur à toute compassion. Et Dieu sait ce qu'il peut me faire désormais.

- Et toi, tu es l'héroïne. Ai-je raison ?

J'avale difficilement ma salive, alors qu'il lève ma tête en me tenant par le menton, toujours le regard vide et sombre.

- Alors attends de moi d'être le plus pire des méchants. Me menace-t-il. Je te détruirais, Venelia. Et je ne laisserais aucune partie de toi intacte.

Puis il me regarde longuement, avant de s'en aller, faisant voler les rideaux noirs et laissant comme un éclair abattre mon cœur. Je viens de dépasser la dernière ligne, je suis devenue entièrement son ennemi et je ne pense pas qu'il y ait un retour possible.

Mes yeux se remplissent de larmes, comme si mon cœur voulait me faire passer un message mais je refuse de l'écouter. J'efface mes larmes rageusement avec la manche de ma robe, puis me reconcentre sur la vue de mon royaume.

Il aurait pu me laisser croupir dans mon palais, j'aurais vécue éternellement seule mais cela nous aurait évité d'être dans ce genre de situation. Je ne lui aurais pas fais de mal, il m'en aurait pas fait non plus. Chacun aurait vécu sa vie sans nuisance, sans problèmes, en paix.

Si seulement j'avais la capacité de réprimer mes émotions... cela m'aurait été bien utile en ce moment même.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant