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Je me craque le cou alors que les grandes portes du palais s'ouvrent. Je vois petit à petit la foule se former dans la cour extérieur. Je m'avance, seul, pas intimidé par leurs grands nombres. Je lève la tête, les jugeant du regard d'un calme glacial.

- Le voilà ! S'écrient-ils. Le voilà, le monstre !

Et ils se mettent tous à crier. Des sauvages. Je ne vois que des sauvages. Et à leur tête, le second blondinet. Le frère du défunt. Leur père ne doit pas leur accorder autant d'importance, sinon il ne les aurait pas laissé risquer bêtement leur vie.

- Comment osez-vous me déranger ?

Ma voix est glaciale, emplie d'une autorité naturelle. Je ne cherche pas à cacher mon mépris pour cette foule agitée qui ose me défier.

- Retournez chez vous, auprès de vos femmes, vos enfants, vos familles... si vous ne voulez pas de bain de sang.

- IL NOUS MENACE ! Crie l'un des leurs.

Et il n'a suffit que de cette phrase pour que la foule se remette à hurler. À hurler à ma mort. N'ont-ils toujours pas compris ? Ils ne peuvent rien contre moi.

- Que les plus intelligents d'entre vous prennent au sérieux mes mises en gardes.

Puis je tourne les talons. Dos à eux, j'allais retourner dans mon palais et ordonner à mes gardes de les faire dégager d'ici, mais c'est la voix du prince des fées qui m'interrompt :

- Vous ne pouvez pas partir, Empereur.

Toujours dos à lui, j'incline mon visage vers le côté.

- Oh que si je le peux.

- Pas quand votre femme appartient à mon frère.

Et je crois que je ne suis jamais retourné aussi rapidement. Je gardais malgré tout cet air calme, alors que mon sang bouille.

- Appartient ?

- Oui. Mon frère s'est marié avec elle, et maintenant qu'il est mort, nous devons appliquer notre loi sur elle.

Je me mets à rire. Un rire diabolique. Un rire qui n'a rien d'amicale. Un rire qui prévoit l'horreur qui se passera dans les secondes qui suivent. Si j'étais dans cette foule, je me serais enfuis aussi loin que je le pouvais. J'aurais quitté le continent.

- Ma femme est mariée qu'à moi. Dis-je, un sourire tordu. Tu sembles avoir perdu la tête.

Mais plusieurs mortels confirment ses dires, disant qu'ils étaient témoins. Et cela fait tilt dans ma tête ; Emmaline. Elle prenait l'apparence de Venelia pour le plaisir tordu du prince héritier de son vivant. Elle a recommencée.

- Nous devons appliquer la loi.

- Vous, mortels, connaissez-vous cette loi ?

Aucun ne répond. Aucun ne bouge. Ils ne le savent pas.

- Ce prince veut appliquer la loi sur ma femme. Il va donc l'enterrer, vivante, au côté du défunt prince.

Le prince me regarde avec colère, m'en voulant d'avoir révélé leurs secrets.

- Nous voulons notre reine, vivante ! Crie l'un des mortels.

- Elle est aussi notre reine, nous la voulons ! Crie les fées.

Je serre mes poings. Chacun tente de faire de Venelia la leur, pourtant elle n'appartient à aucun d'entre eux. Et rien que pour cette pensée, mon désir de les tuer sur le champ augmente.

- L'impératrice des vampires et des mortels vit dans ce palais. Dis-je froidement. Et ce palais est sa véritable place.

- Empereur, ne jouez pas avec nous. Me prévient le prince. Elle a mariée mon frère. Elle est à nous.

Je ferme les yeux quelques secondes tentant de contrôler ma colère, qui ne fait qu'augmenter à chaque seconde qui passe.

- Elle doit suivre mon frère dans la mort. Continue-t-il. Mais sa seule manière d'y échapper est de me marier. Vous devez divorcer tout de suite et sous nos yeux.

Assez avec le contrôle de soi. Je cours jusqu'à lui, et l'attrape par le col puis le soulève vers le haut, ses pieds ne touchant plus le sol. Tout le monde autour de lui s'affole, mais aucun n'ose nous séparer.

- Dégage de là, petit. Lui soufflé-je.

- Sinon ?

Un sourire en coin se dessine sur mon visage, face à sa vaine et ridicule tentative de me défier. Finalement, un des homme est assez courageux pour intervenir. Un mortel, et à première vue d'œil, je suppose qu'il est leur chef.

- Nous voulons simplement notre reine. Dit-il doucement. Sa place est dans notre royaume, auprès de nous, des siens. Une humaine n'a rien à faire entre les vampires.

Son ton calme est ce qui me retient de m'emporter.

- Je ne la retiens pas. Lui répondis-je. Elle est libre de s'en aller, si elle en a envie. Je le lui ai proposé mais elle a refusé.

Ne me croyant pas, le chef des mortels s'avance face à moi prudemment. Je peux entendre son cœur battre si rapidement, il a peur mais ne le montre pas.

- Elle a peur de vous, de ce que vous êtes, des répercussions de son départ. Rétorque-t-il. Vous ne savez pas ce que cela fait de vivre avec des êtres qui, sous un coup de colère, peuvent nous vider de notre sang. Qui nous garantit que vous ne ferez pas subir cela à notre reine ?

Mon cœur le garantit. Mon corps le garantit. Mon âme le garantit. Aucune partie de mon corps n'osera faire du mal à ma femme. Je préférerais en finir avec ma propre vie que de lui faire du mal. Dieu, cette simple pensée me rend fou.

- Et admettons qu'elle vous veuille, que notre reine a perdu sa lucidité. Voulez-vous vivre à tout jamais avec cette apparence d'un homme jeune et beau, alors qu'elle vieillera certainement ? Que pensez-vous se dira-t-elle ? Comme tous les humains dans cette situation, elle priera que sa mort vienne vite, pour que ce supplice ne se termine. Elle ne sera jamais heureuse. Une humaine ne sera jamais heureuse avec un vampire, même avec toute la bonne volonté du monde.

Je serre mes poings, mes phalanges devenus blanches. Venelia sera heureuse. C'est mon devoir. Et elle ne se sentira jamais mal par rapport à son physique changeant, car mon attitude ne changera jamais envers elle. Je la regarderais et la traiterais toujours avec amour.

Mais ils ne peuvent pas comprendre. Ils ne peuvent pas comprendre ce que je vis, notre amour.

Alors je leur tourne le dos, le sang toujours bouillant. Je me tourne vers les gardes et leur ordonne de dissiper la foule.

- Et si jamais ils ne veulent pas s'en aller, s'ils continuent de protester malgré les avertissements... soyez sans pitié. Dis-je d'un ton glacial.

Ils acquiescent sous les hurlements de la foule, puis les portes du palais s'ouvrent à nouveau. J'allais entrer à l'intérieur... si ce n'était pas pour la flèche lancée en ma direction ni les cris d'une femme.

- REVAN !

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant