Presque deux semaines sont passés. Durant ce temps, j'ai évité du mieux que je pouvais et je travaillais sur mes plans futurs. Maintenant que l'Empereur est mort, j'ai besoin de revoir à nouveau tous mes manquements, tous mes plans, toute ma politique.
Ma calèche m'attend. Je monte dedans, prête à faire face à mon peuple. Ils m'attendent tous avec des journalistes et des caméras.
- Venelia !
Je sors ma tête par la fenêtre de la calèche, pour voir Edham venir en courant vers moi.
- Ne t'en vas pas. Dit-il. Reste et deviens ma femme. Ici, tu seras en sécurité. Plus en sécurité que dans ton royaume.
- Je n'ai pas envie de te blesser, Edham. Dis-je doucement. J'ai déjà refusé une fois, et je ne reviendrais pas sur ma décision. Je suis la reine des mortels, et j'assumerais ma responsabilité.
Il me regarde désespérément, m'implorant de rester. Mais ma décision est déjà prise. Je vais partir, parler à mon peuple et retrouver mon titre de reine. Mon peuple est déjà assez resté sans leur souveraine.
- Prend soin de toi, Edham. Nous nous reverrons peut-être. Lui dis-je, avant de me tourner vers le cocher. Allons-y.
Et sans plus attendre, nous partons, laissant Edham derrière. Je me déteste de dire cela mais cela me semblait si faux, si incorrect de rester avec lui... Et partir, retourner dans mon royaume, me fait sentir si libre. En paix.
Très rapidement, nous arrivons dans mon royaume. La calèche s'arrête et tous les regards se posent sur moi. Lorsque je descends, le premier que je rencontre est mon ancien conseiller, je lui souris alors qu'il s'approche en me faisant la révérence.
- Votre Majesté, quel énorme plaisir que de vous revoir. Dit-il en souriant, ému. Bienvenue dans votre royaume, bienvenue parmi nous.
Je lui souris, les larmes menaçant de couler. Je le quitte ensuite pour monter sur l'estrade et faire face à mes sujets. Ils attendent tous.
- Mes sujets... Commençais-je. Me voilà enfin. Face à vous... Et avec une merveilleuse nouvelle. Je vais faire court alors...
Tous me regardent avec attention.
- L'Empereur est mort. Annonçais-je. La rumeur est vrai. Je ne suis plus son épouse, désormais. Je suis de retour dans notre royaume pour toujours.
Les cris de joie fusent. Ils n'attendaient que cette nouvelle. Et malgré moi, je n'arrive pas à partager leur joie. Même si lorsque je pense à l'Empereur, seul des mauvais souvenirs me viennent, une partie de moi le manque...
Je me l'avoue enfin. Et je déteste ressentir ce manque.
Je sais que cela est causé à cause de notre lien de sang. Son sang est resté longtemps dans mon cœur. Il est resté assez longtemps pour créer un lien entre mon âme et son âme inexistante. Sans ce lien de sang, je n'aurais pas sentis cette pitié, ni ce manque.
Et chaque fois que je désire oublier, mon cœur me crie que je l'ai tué alors qu'il voulait m'aider à retrouver ma sœur.
- Ma reine ! S'écrie un de mes sujets. Cela signifie-t-il que la guerre reprend ?
- Non. Répondis-je. Cette guerre a trop durée et je ne veux pas la reprendre. Je suis certaine que les sœurs de l'Empereur ne le veulent pas non plus. Je vais attendre que les choses se calment, puis je discuterais avec elle pour faire un accord de paix.
Je ne sais pas encore comment j'oserais, mais je dois revoir Illara et Kayda. Je dois m'assurer qu'elles ne veulent pas de cette guerre, non plus.
- Et comment cela se fait-il que vous soyez en vie, malgré le lien de sang ?
- J'ai... avec l'aide du prince Edham, nous avons créé une potion afin de détruire le lien de sang. Lui répondis-je. Voilà pourquoi je ne suis pas décédée avec lui.
Je réponds encore à quelques questions, puis je rentre à l'intérieur du palais. Une fois que je mets un pied à l'intérieur, je sens une froideur apparente. Ce palais n'a plus rien de chaleureux. Je suis seule. Ni père, ni mère, ni époux et ni enfants courant dans ces couloirs.
Si ce n'était pas pour mes serviteurs et gardes, cet endroit serait bien vide. Il n'y aurait que moi. Moi, marchant dans les couloirs comme une âme errante.
Je rentre dans mon appartement, vide. Mes affaires ne sont même plus là. Elles sont toutes au palais de l'Empereur. La lumière ne suffit même plus pour éclairer. Tout me semble toujours aussi sombre.
J'ai besoin de me débarrasser des effets de ce lien de sang. Je dois dégager le sang de l'Empereur de mon corps. Et je ne sais pas comment faire... je vais devoir contacter une des sorcières à notre service, pour qu'elle me trouve une solution.
Je m'assois sur le sofa, et jette ma tête en arrière, regardant le plafond.
- J'ai fais ce que tu m'as demandé, papa... Dis-je doucement. Mais j'aurais aimé que tu restes un peu plus...
Je ferme ensuite les yeux en soupirant.
- J'avais besoin que tu restes à mes côtés. Dis-je faiblement. Tu m'as poussé à commettre mon premier meurtre, puis tu m'as laissé...
Ou peut-être que le mal que je ressens n'est pas lié à lui, mais plutôt à moi ? Le premier meurtre hante toujours meurtrier... je suis une meurtrière désormais. J'ai du sang sur les mains.
Et la façon dont il est mort était d'autant plus horrible. J'ai littéralement sentis la vie quitter son corps. J'ai sentis ces milliers, millions voire milliards d'années que je lui ai volée. Sa peau est devenue glacial, et ses couleurs se sont rapidement évaporés.
Rien de tout cela ne ressemblaient aux cadavres humains. Et je suis certaine que si j'étais restée un peu plus longtemps, j'aurais vu son corps en pleine décomposition. Pour eux, la décomposition est rapide. Elle ne se passe pas après plusieurs jours, elle se passe en l'espace de quelques minutes ou quelques heures.
- Ah, mon Dieu. Dis-je en passant mes mains sur mon visage. Retire-moi son image de ma tête.
Peu importe les mots que j'utilisais, ou les prières que je disais, il était toujours dans ma tête. Tous fêtaient cette nouvelle avec des feux d'artifices à l'extérieur, et pour moi, le bonheur était interdit...
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Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...