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Pendant que Venelia discutait avec son père, je suis resté dans mon bureau. Je ne fais que penser à plein de chose. À la mort de son père que j'aurais pu empêcher. À son envie d'être enceinte. Comment n'ai-je pas pu sentir que je transformait son père en vampire ? Je n'aurais jamais tenté de le tuer après qu'il soit devenu l'un des nôtres...

Et Venelia... il n'y a rien que je désire le plus au monde que d'avoir un enfant avec elle. Mais les risques sont trop grands. Un enfant vampire pourrait détruire son corps humain. Un corps beaucoup trop fragile.

Mais si elle ne devient jamais immortelle... avoir un enfant me sauvera la vie. Et j'aurais un souvenir d'elle dans ce monde. Puis... notre enfant sera aussi immortel. Comment vivra-t-elle le fait qu'elle seule mourra ? Je dois trouver une solution... je dois l'aider à devenir immortelle.

- Revan ?

Cette petite voix me chasse de mes pensées, et lorsque je lève la tête je vois cet enfant. Ce petit garçon, d'un peu plus de huit ans. Je me lève de ma chaise et m'agenouille face à lui.

- Me reconnais-tu ?

Je hoche la tête en souriant. Bien-sûr que je le reconnais. Comment ne puis-je pas me reconnaître moi-même ?

- Que fais-tu ici ? Lui demandé-je.

- Revan, j'ai profité que tu aies ouvert le portail pour que je sorte de ton esprit. Me dit-il. Pour que tu te rappelles de moi, ton enfant intérieur.

- Je me rappelle de toi. Lui dis-je doucement.

Et il secoue vivement la tête.

- Toutes ces années, j'ai tenté de te réveiller. Je t'ai détesté, quand tu faisais du mal à notre Venelia. Et je suis heureux que tu retrouves ta raison. Me dit-il en souriant légèrement. Mais tu es en train d'abandonner, Revan. A-t-on vécu tout cela pour abandonner à la fin ?

- Je n'abandonne pas. Rétorqué-je. Je suis en train de vivre ce dont on a toujours rêvé. N'est-ce pas assez pour toi ?

- Je ne veux pas que l'on se sépare de Venelia à nouveau. M'avoue-t-il.

Je regarde mon moi enfant tristement.

- C'est pour cela que tu es venu me voir, petit ? Lui demandé-je. Tu ne penses pas que je puisse me révéler si l'on est séparé à nouveau, pour toujours ?

- Non. Tu ne pourras pas. Tu te rappelles de quand papa a tué maman ? Me demande-t-il. Si Venelia n'était pas là pour nous, nous n'aurions pas survécu. Venelia est le seul obstacle entre nous et la mort. On ne se relèvera jamais sans elle.

Je détourne le regard. Je le sais que trop bien. J'ai besoin d'elle pour vivre.

- Ne t'inquiète pas. Retourne dans ton monde, je vais m'occuper de cette affaire. Lui assuré-je. S'il faut que je me battes contre la mort elle-même pour garder Venelia, je le ferais.

Il me sourit alors puis s'approche.

- Promets-moi de ne jamais la faire pleurer, de ne jamais lui faire de mal, et de ne jamais être comme papa. Promets-moi de l'aimer beaucoup, de toujours la rendre heureuse.

- Je te le promets, petit. Dis-je d'un ton sérieux. Je te le promets...

Il hoche la tête, toujours souriant. Puis je le vois s'éloigner, partir. Je ne le vois plus face à moi, mais je le sens prendre la main de la petite Venelia et s'amuser dans notre coin secret, heureux et insouciant.

Je prends une grande inspiration. Il n'a pas tort. Je ne dois pas abandonner. Absolument pas. Je vais trouver une solution, c'est une certitude. Je m'en fais la promesse. Venelia le veut, et moi aussi, alors je la trouverais cette solution pour qu'elle devienne immortelle.

Je sens que son père est partit, et que le portail des morts s'est refermé, alors je la rejoins dans notre appartement. En entrant dans l'appartement, je vois Venelia assise sur le sofa. Elle lève la tête lorsque je m'approche et me sourit. Elle a séchée ses larmes, mais je la sentais apaisée.

- Mon père vient de partir. Me dit-elle.

- ... Votre conversation s'est bien passée ?

Sans répondre, elle se lève. Je la regarde s'approcher, confus. Puis elle se jette dans mes bras. Elle me serre fortement contre elle, en nichant sa tête contre mon cou.

- Merci. Souffle-t-elle. J'en avais besoin... tu m'as rendue l'impossible, possible, aujourd'hui. Merci.

Je pose mes mains sur son dos et la serre contre moi à mon tour. Je ne bouge pas et la garde contre moi, autant qu'elle en a besoin. Mais mon regard va sur le côté, et je remarque quelques lettres sur la table. Celle qui est la plus en avant a un sceau. Je le reconnais ce sceau. Un sceau vert, avec une touche de dorée. Les fées.

- Qu'est-ce que c'est ? Soufflé-je.

Venelia se détache de moi, et suit mon regard. Elle voit à son tour les lettres, puis les prends en main.

- C'est la première fois que je les vois. Me dit-elle. Je ne les avais pas vu.

J'en prends quelques-unes et les ouvre. J'espérais ne pas avoir une nouvelle me disant qu'Edham est vivant, encore. Je déplis le papier et jette l'enveloppe. Mes yeux scannent rapidement la lettre, venant du prince Gavril.

J'ouvre plusieurs autres lettres, et elles viennent toutes de lui. Je serre mes mains en poings, me retenant de débarquer dans le royaume des fées pour lui broyer les os, et l'emmener dans l'autre monde, avec son frère aîné.

Cela ne lui a donc pas suffit la mort de son frère et la rupture totale entre son royaume et mon empire ? Nous sommes devenus ennemis. Et en cas de guerre, j'aurais le plaisir de m'emparer de leur royaume.

- Alors ? Me demande Venelia.

- Rien d'important. Dis-je en jettant les lettres dans le feu. Juste des menaces.

Mais soudainement, une de nos vitres explose, accompagné d'énormes cris. Je baisse Venelia au sol pour qu'elle ne se blesse pas, et je jette un coup d'œil à l'extérieur.

- Oh non.

- Que se passe-t-il, Revan ?

Je tourne ma tête vers elle. Ils sont venus. Tous.

- Reste là. Lui dis-je. Azaël va te rejoindre, il va t'emmener avec mes sœurs. Quoi que vous fassiez, ne sortez jamais du palais, tant que j'en n'ai pas donné l'ordre.

Sans dire un mot et comprenant le sérieux de la situation, elle hoche la tête. Je lui embrasse le front avant de sortir de l'appartement. Ça commence à bien faire. J'en ai plus qu'assez. Ils commencent tous à me provoquer, et je ne resterais pas silencieux. Ni calme. Ils regretteront. Ils regretteront d'être venus à ma porte...

Et d'avoir voulu me prendre Venelia.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant