Venelia dort. Je le sens. Mais moi, je n'y arrive pas. Je repense sans cesse à Emmaline et notre conversation de plus tôt...
- Dis-moi, Emmaline, as-tu des nouvelles sur la jumelle de mon épouse ? Lui demandais-je.
Elle semble ennuyée, n'aimant pas que j'appelle Venelia "épouse".
- J'ai trouvé un document inachevée au palais des morts. Un document sur une princesse. Me répond-elle. Le nom n'y figure pas, mais cette princesse n'est pas que humaine.
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire que la princesse est issue de deux espèces différentes. Continue-t-elle. L'espèce n'est pas identifiée, ce qui veut dire que c'est probablement une espèce d'une des tribus sans royaumes.
Je soupire en passant ma main sur mon visage.
- Est-on certain que cette princesse est bien la jumelle de Venelia ? Lui demandais-je.
- Oui. La date de disparition de la princesse correspond à la date du document. Affirme-t-elle. Cela ne peut pas être un hasard, Revan.
- Et... est-elle en vie ?
Emmaline hausse des épaules. C'était l'information la plus cruciale. Si elle est en vie, cela pourrait changer plein de choses.
- Mais Venelia est humaine. Je ne sens pas en elle une autre espèce... comment se fait-il ? Lui demandais-je.
- Ma seule réponse possible est qu'elles n'ont pas le même père ou la même mère. Dit-elle en haussant des épaules. Donc qu'elles ne sont pas réellement des jumelles. La princesse pourrait être une enfant illégitime.
Je soupire. Cette histoire est trop compliqué. Et nous pouvons pas trouver de réponses depuis la principale source, puisque le roi est mort, emportant avec lui tous ses secrets.
N'ayant plus rien à faire ici, je me tourne pour partir.
- Revan !
Je m'arrête un instant, et elle me rejoint.
- Je pensais que tu voudrais savoir aussi que la mère de ta femme n'est pas morte naturellement comme ils le disent... Continue-t-elle. Elle s'est suicidée.
Je me fige face au choc que me provoque cette nouvelle. La mère de Venelia s'est suicidé. Et je comprends mieux sa réaction lorsque j'ai créé l'illusion de sa mère. Je comprends sa colère. Je comprends pourquoi au lieu de ressentir de la joie de la revoir, elle s'est effondrée.
- Tu ne vas pas me remercier pour ces informations ? Me demande-t-elle.
- Je t'ai offert un palais, Emmaline. Que veux-tu de plus ?
- Toi, Revan. Souffle-t-elle. Je te veux toi. Tu ne trouveras pas mieux qu'une vampire. Que vaux une humaine, hein ? Elle n'est même pas capable de se défendre seule. Elle est faible.
Je serre fortement son bras en la fixant dans les yeux.
- Ne teste pas ma patience. Crachais-je. Je t'ai rejeté tant de fois. N'as-tu aucun honneur ?
Elle ne dit rien, mais sourit.
- Et ma femme... tu ne parleras plus d'elle de cette façon. Dis-je en serrant les dents. Ai-je été clair ?
Je passe mes mains sur mon visage, épuisé. Je dois trouver un moyen de rattacher Venelia à moi, à jamais. Si elle apprend qu'il y a une possibilité que sa sœur soit en vie, elle partira d'ici. Et sans se soucier qu'elle puisse mourir.
Je ne la laisserais jamais partir. Elle restera mon épouse jusqu'à la fin. Jusqu'à son dernier souffle. Jusqu'à la fin de sa vie, peu importe la durée. Elle est... mon prix. Ma récompense. Mon souvenir de guerre. Elle est à moi.
Je plonge ma tête dans les coussins mais son odeur est toujours présente dessus. Cette odeur qui lui est propre. Pour oublier l'odeur, je me concentre sur mes autres sens.
Ma vue ? Je la vois. Toujours face à moi. Les yeux fermés, et le corps allongé sur le sofa.
Mon ouïe ? Je l'entends. J'entends chaque battement de son cœur et sa respiration légère et apaisée, signe qu'elle dort paisiblement. J'entends chaque goutte de sang couler dans ses veines et cela me rend encore plus fou.
Je tourne dans tous les sens sur les draps, tentant de trouver le sommeil, qui n'arrive jamais.
J'aimerais la voir morte. Sa beauté s'en ira, son cœur cessera de battre, sa peau perdra de sa couleur lorsqu'elle n'aura plus de sang, et son odeur s'en ira définitivement. Sa mort ne m'empêchera plus de dormir.
Mettre mes mains sur son cou, le serrer jusqu'à sa respiration cesse... ou bien planter mes crocs dans son cou jusqu'à boire tout son sang... trouverais-je cela aussi plaisant qu'avec les autres mortels ? Je ne veux pas prendre le risque, car si je n'aime pas, je ne pourrais plus la faire revenir.
Je me lève ensuite du lit et m'assois dans le balcon. Heureusement, boire du sang peut me faire récupérer. Comme le café chez les mortels. Mais le sang, pour nous, est beaucoup plus fort. C'est grâce à cela que j'ai pu réussir à tenir debout pendant un mois de guerre sans sommeil. Je pourrais tenir plus, le sommeil n'est pas si important que cela pour nous.
Je sais que mon être l'a reconnu comme mon épouse. Contrairement à ce que les gens pensent, le lien de sang n'impacte pas que le mortel. Cela m'affecte aussi. Plus notre union dure, et plus j'ai l'impression que nous faisons partis l'un de l'autre. Je ressens tout ce qu'elle ressent, ses pensées deviennent de plus en plus clair.
Ce n'est pas quelque chose que je contrôle, évidemment. Et je sais qu'elle le ressent aussi. Moins fort que moi, c'est sûr, mais elle le ressent. Mais contrairement à elle, si mes émotions deviennent trop envahissantes, j'ai la capacité de les réprimer.
Je tourne ma tête vers elle. Elle dort si paisiblement, pourtant elle ne le devrait pas. Elle ne sait pas quels genres de pensées sont dans ma tête.
Ses mots résonnent encore dans ma tête. Jusqu'à la fin de sa vie, nous allons rester ainsi. À se regarder avec haine, à se défier, à se demander qui réussira à tuer l'autre en premier, tout cela, car j'ai pris la vie de son père. À cause d'une guerre que les Hommes auraient pu empêcher.
S'ils ne nous avaient pas tués, traités comme des monstres, tout aurait été différent. Venelia n'aurait pas été mon ennemi. Peut-être qu'elle aurait été mon épouse, mais de son plein gré. Ou peut-être pas.
Mais le mal est fait. Et nous devons en vivre les conséquences.
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Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...