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Nous entrons dans le palais, accueillis par les serviteurs du roi. Ils nous amènent tous à la salle à manger, là où se trouve le roi et ses fils. Il nous souhaite la bienvenue, avant de nous inviter à sa table.

Nous nous asseyons, et face à moi se trouve Edham. Il ne m'a pas lâché du regard depuis que je suis entré dans cette salle. Ses yeux me scrutent de bas en haut, et je ne peux que me sentir gênée.

- Alors, puis-je savoir pour quelles raisons m'avez-vous invité alors que nous sommes vraisemblablement des ennemis ? Dit l'Empereur pour briser le silence.

Edham tourne sa tête vers lui, irrité par sa voix. Il serre sa mâchoire, alors que ses ailes ne faisaient que de vibrer. Il est en colère, je le sais.

- Profitons de ce repas d'abord, ensuite nous avons notre temps pour discuter. Dit le roi.

L'Empereur hoche la tête, avant de se saisir des couverts.

- Tu as bien changé depuis la dernière fois que l'on s'est vu, reine Venelia. Me dit le roi en souriant. Tout se passe bien dans ton nouveau chez toi ?

Je tourne le regard vers l'Empereur, qui lui continuait de manger en m'ignorant.

- Oui, tout est merveilleux. Répondis-je.

- Parfait. Dit-il en souriant.

Je lui fais un léger sourire avant de me concentrer sur mon assiette. Même si je ne le vois pas, je sens le regard insistant d'Edham sur moi. Pitié, que l'Empereur ne le remarque pas. Cela créerait un chaos sans nom.

- T- votre robe est ravissante... votre... Majesté. Dit-il enfin.

Je tourne à nouveau ma tête vers l'Empereur, qui ne dit toujours rien. Je souris légèrement à Edham, en tentant d'éviter son regard. Mais d'un coup, il se tétanise. Il ne me regarde plus mais fixe l'Empereur.

Ils se parlent.

Je viens de me souvenir que les fées et les vampires, enfin toutes les créatures non-humaines, peuvent communiquer par la pensée.

C'est ce qu'ils font.

Et je n'ai aucun mal à deviner que l'Empereur menace Edham.

Et puisque je sais qu'il peut lire dans mes pensées, je m'adresse à lui directement :

Cessez vos menaces. Je vous l'ai dis, je ne vous appartiens pas. D'autres hommes peuvent me complimenter. Vous devenez ridicules.

Et là, il tourne enfin sa tête vers moi. Au lieu de parler, il prend ma main, l'ouvre et la pose sur la table à la vue de tous. Il s'est assuré qu'Edham puisse voir son initial. Je lui lance un regard noir en tentant de retirer ma main.

- Avec votre permission, je reviens tout de suite. Dis-je en me levant de ma chaise.

Puis je sors rapidement de cette salle. Je suis déjà venue ici, alors je connais mon chemin vers la salle de bain. Je monte les escaliers et rentrent dans la grande salle de bain puis ferme la porte derrière moi.

Je pose une main sur ma poitrine en prenant une grande inspiration.

- Faites que ce dîner se termine rapidement.

Je ferme les yeux un instant pour me calmer.

Puis...

La porte s'ouvre.

La personne entre et se poste derrière moi. Edham. Je le sens lorsqu'il pose ses doigts sur mon dos, et que je sente son souffle chaud sur ma nuque. Je me tourne lentement pour lui faire face.

- Que fais-tu, Edham ? Dis-je doucement. Tu nous mets tous les deux en danger.

- Je ne peux pas m'en empêcher, Venelia. Souffle-t-il. Tu es beaucoup trop belle pour que je reste éloigné.

Je ne cesse de regarder derrière lui, de peur de voir l'Empereur apparaître.

- Je ne peux m'empêcher d'être jaloux de cet homme. Il est avec toi, tout le temps. Il peut te toucher, t'embrasser, dit-il doucement, moi, je ne peux pas.

Quelques mèches de ses cheveux dorés s'échappent de sous sa couronne et tombent devant ses yeux. Il déploie toujours fortement ses ailes. Il les cache parfois, mais lorsqu'on était petit, j'aimais les voir alors quand on était ensemble, il les déployait tout le temps. Cela doit être pour cette raison qu'il les a sortit, aujourd'hui.

- C'est lui, qui t'a fait cela ? Dit-il en prenant ma main. Te bat-il ?

- Non. Lui répondis-je. Je l'ai poignardé, alors il m'a gravé son initial.

- Tu... l'as poignardé ?! Venelia, te rends-tu compte de ce que tu as fais ?!

Je hoche la tête, parfaitement consciente.

- Oui, elle l'a fait.

Je fais les gros yeux, en voyant l'Empereur débarquer dans la salle de bain. Cela semble être un cauchemar.

- Oui, elle m'a poignardé et je l'ai punis pour cela. Dit-il froidement. Mais cela ne te concerne aucunement, petit prince.

- Vous n'avez aucun droit. Rétorque Edham en serrant sa mâchoire. Venelia n'est pas un jouet pour graver sa peau de cette manière.

Bien que j'aime la façon dont Edham me défend, je lui demande discrètement d'arrêter. Il ne sait pas dans quel pétrin il se met.

- À la prochaine pleine lune, sa peau se renouvellera. Elle n'aura plus cette cicatrice. Dit l'Empereur. Et si j'en ai envie, je graverais sa peau encore et encore. Et sais-tu pourquoi ?

Les deux se défient du regard, prêt à s'entretuer. Je suis certaine que si je n'étais pas là, ils l'auraient déjà faits.

- Parce qu'elle m'appartient. Dit-il en faisant un sourire narquois. Maintenant, occupe-toi de tes affaires et ne me fais pas perdre mon temps, blondinet.

L'Empereur prend ma main dans la sienne et me sort de la salle de bain. J'aurais protesté si nous étions seuls, mais la vie d'Edham est en jeu.

- Avouez-le, vous me voyez comme votre rival et cela vous effraie.

Il s'arrête d'un coup puis tourne sa tête.

Tais-toi, Edham. Il te tuera en un seul instant !

- Oh, nous savons tous les deux que cela n'est pas vrai, je n'ai pas de rival. Dit-il en faisant un sinistre sourire. Tu te bats pour quelqu'un que j'aie, car Venelia est devenue la mienne dès le moment où elle a traversée les frontières de mon Empire. Tu as perdu, blondinet. Tu l'as perdu.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant