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Je regarde l'extérieur de la calèche, serrant mes mains entre elles. Je suis devant le cimetière familial. Je vais faire face à mon père, après avoir su la vérité... je pensais à venir le voir depuis longtemps, mais je n'ai pas eu le courage.

- Tu peux le faire. M'encourage Revan.

Je le regarde longuement puis prend une grande inspiration. Je peux le faire. Je descends de la calèche, et Revan descend après moi. Je marche lentement vers le cimetière, mais remarque rapidement que Revan ne bouge plus.

- Tu ne viens pas ? Lui demandé-je.

- ... Tu veux que je vienne ?

- Oui... s'il te plaît.

Il s'approche de moi, hésitant. Lorsqu'il est assez proche, je prends sa main dans la mienne et le fait entrer dans le cimetière avec moi. L'atmosphère devient de plus en plus pesante... Comme si je n'étais plus la bienvenue ici.

- Papa... Dis-je en m'approchant de sa tombe. Après presque six ans de séparation, je voulais t'annoncer que j'ai retrouvé Revan. Je suis heureuse avec lui. Et encore plus depuis que j'ai retrouvé ma mémoire.

Contrairement à moi, je sais que Revan peut ressentir les esprits des morts, et leurs émotions. Ce qui explique son corps tendu.

- Je ne comprends pas pourquoi tu m'as fais ça. Dis-je tristement. Tu m'as même poussé à le tuer. Je ne m'en serais pas remise si j'avais réussis... Revan et moi ne sommes pas destinés à être ennemis. C'est contre notre nature... c'est mon âme sœur.

L'air est oppressant. D'une certaine manière, ‏je ressens la colère et la déception de mon père. Et cette pensée me donne les larmes aux yeux.

- Papa... tu avais autant de raisons que maman pour me détester. J'ai détruite ta femme. Mais... lorsque même ma propre mère n'a pas voulu me prendre dans ses bras quand je suis née, tu m'as prise dans tes bras. Le premier. Et tu es aussi le premier duquel j'ai entendu les battements de cœur... Dis-je les larmes aux yeux. Je veux revoir cet homme. Je veux revoir cet homme qui m'a élevé comme sa propre fille, cet homme qui mourrait pour mon bonheur.

Je me baisse à la hauteur de la tombe, tenant toujours la main de Revan. Je veux que mon père le voit, qu'il sache que s'il m'accepte, il devra m'accepter avec une autre part de moi – mon mari.

- Il est tout ce que j'ai dans ce bas monde... Dis-je facilement. Il est là où je me sens aimé, voulu. Cette dernière année passé avec lui m'a appris tant de choses. Lui, tout comme moi, avions peur d'aimer. Maintenant que nous avons passés ce pas... tout me semble si simple... si beau. S'il te plaît, papa, comprends-moi.

Je finis par me relever. Il va m'en vouloir pour toujours, mais je ne peux pas m'amener à choisir. Je ne peux pas m'amener à lâcher Revan pour ma famille. C'est tout bonnement impossible.

- J'espère que quand je te rejoindrais dans l'au-delà, tu ne seras plus fâché...

Mais en disant cette phrase, je sens une pression plus forte sur ma main. Je n'y fais pas attention pour le moment, ‏je salue mon père et sors rapidement du cimetière. Une fois dehors, je prends une grande unspiration, comme si l'air m'avait été interdit à l'intérieur.

- Venelia ! M'appeler Revan.

Je tourne ma tête vers lui, il n'a pas l'air bien. Et j'ai une idée de la raison...

- Deviens une vampire. Me dit-il. Laisse-moi te transformer.

Je reste interdite, je m'attendais à cette proposition un jour ou l'autre. Je sais qu'il veut me protéger de la mort et de toutes les autres menaces de ce monde, mais je ne suis pas sûre d'être prête pour cela. Je n'ai jamais envisagé de devenir immortelle...

- Je... je ne sais pas, Revan. Dis-je, hésitante. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère.

Il s'approche lentement de moi. J'ai remarqué que la mention de la mort provoque en lui un malaise constant.

- Mon peuple va se révolter contre moi... et mon père, je ne pourrais plus jamais le revoir. Dis-je faiblement. Et... j'aurais envie de sang. Je ne veux pas tuer des humains pour boire leur sang.

- Venelia, je ne veux pas te perdre. Dit-il tristement. Je ne veux pas venir ici pour te parler, sans jamais avoir une réponse, sans jamais pouvoir te toucher. Et si je te perds, je ne pourrais plus jamais te revoir non plus. Je vais devoir vivre l'éternité sans toi...

Je pose mes mains sur ses joues, tentant de le réconforter. Je n'aurais pas dû parler à mon père de l'au-delà... je n'étais pas encore prête pour cette conversation.

Je le regarde dans les yeux, sentant l'amour et la peur mêlés dans son regard. Je sais qu'il a raison, qu'à la fin de cette histoire, si je décide de rester humaine nous allons tous les deux souffrir de la séparation. Une deuxième séparation, mais cette fois, éternelle. Mais cette décision est tellement lourde, définitive...

- Revan... Laisse-moi le temps de réfléchir, s'il te plaît. Lui dis-je doucement. En attendant, je suis là. Je ne vais nulle part. D'accord ?

- Promets le moi. M'oblige-t-il.

- Promis.

Je prends sa main dans la mienne, et retourne dans la calèche. Il y a aussi une chose que je n'ai pas envie de lui dire... je sais que les transformations des mortels en vampire ne réussissent pas toujours. Et moi, puisque je ne suis pas entièrement humaine, le taux de réussite peut être très très bas.

J'ai affreusement peur de mourir depuis que Revan est dans ma vie, mais j'ai encore plus peur qu'en voulant me transformer, il me tuera. Et je sais que Revan ne pourra pas vivre avec cela sur la conscience.

- ... Pourquoi m'as-tu laissé entrer dans le cimetière, cette fois ? Me demande-t-il.

Je sens la tension se dissiper, je le remercie secrètement d'avoir changé de sujets.

- Parce que tu n'es pas son meurtrier. Lui dis-je. Tu es le mari de sa fille, tu n'es plus un ennemi, Revan.

- Pour les mortels, je le suis toujours. Me dit-il.

- Depuis quand leurs avis comptent-ils pour toi ? Rétorqué-je.

Il me regarde un instant avant d'esquisser un sourire en coin.

- C'est vrai. Seul ton avis compte. Dit-il en s'approchant. Suis-je votre ennemi, ma chère Reine ?

- Mhm. Vous êtes mon ennemi favori, cher Empereur. Dis-je, le provoquant du regard.

Il me sourit davantage. Revan se rapproche encore de moi, son visage à quelques centimètres du mien. Je sens son souffle sur ma peau, une sensation agréable qui me fait frissonner.

Mais il a été contraint de se reculer, lorsque la calèche s'arrête devant le palais.

- Nous reprendrons là où nous nous sommes arrêtés, ma reine. Me dit-il en ouvrant la porte.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant