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Venelia fait les gros yeux, alors que je sentais son sang quitter son corps. Elle tombe à l'avant, dans mes bras. Mes mains se mettent à trembler, alors que je sens les battements de son coeur ralentir. Elle vient de recevoir une flèche dans le dos.

- Non, non... je ne me suis pas encore préparé à ce moment ! Me murmurais-je à moi-même. Je ne suis pas encore prêt à te laisser partir !

Je la porte correctement dans mes bras, puis cours rapidement jusqu'au palais, ne prêtant pas attention aux paroles que je prononçais ni aux réactions qu'ont mes gardes en me voyant vivant.

Je cours jusqu'à mon appartement, ordonnant à ce qu'un médecin vienne immédiatement. Je les menaçai que si je ne voyais pas un médecin d'ici deux minutes, j'allais détruire tous ceux qui se trouvaient dans ce palais.

- Tiens bon, Venelia. Tiens bon. Je ne te laisserais pas mourir. Dis-je faiblement. Si quelqu'un doit te tuer, ce sera moi. Tu m'entends ?

Le médecin arrive enfin. Immédiatement, il coupe le dos de sa robe et procède au nettoyage de sa plaie. Peu après, la porte s'ouvre à nouveau. Je me tourne, prêt à hurler à la personne qui vient d'entrer de s'en aller mais je m'arrête en voyant mes sœurs.

Elles courent vers moi, puis me prennent dans leurs bras.

- Mon Dieu, Revan ! Tu es en vie ! Disent-elles, avec joie. Tu es là !

Je les prends dans mes bras à mon tour.

- Nous ferons nos retrouvailles plus tard... Dis-je doucement. Mais je dois m'occuper de Venelia d'abord...

- Venelia ? Dit Illara en regardant le lit. Que lui est-il arrivé ?

- Quelqu'un lui a tiré une flèche dans le dos. Dis-je, la voix tremblante de colère.

Et je sais qui c'est. Le blondinet. Je savais qu'il était là. Qu'il nous regardait. Je pouvais sentir sa rage et sa jalousie dans l'air alors que j'embrassais sous ses yeux la femme qu'il aime. Cette femme qu'il a perdu. Et je sais que cette flèche m'était destinée, mais la colère a assombrie sa vue et il lui a accidentellement tiré dessus.

Mais accident ou pas, je n'ai pas l'intention de laisser cela passer. Qu'il attend seulement jusqu'à que Venelia reprenne conscience.

- Grand frère... comment cela fait-il que tu sois en vie ? Dit Kayda faiblement. Nous étions en train de faire ton deuil...

Je soupire, sans jamais quitter Venelia du regard.

- J'ai fais un tour dans le royaume des morts. Dis-je doucement. Je suis partis, avant que le portail ne se referme.

De la chance, sûrement. Mais moi, je pense que c'est le destin. Si j'ai survécu, cela n'est que pour une raison précise ; revenir pour ma femme. Je suis destiné à toujours rester à ses côtés, je suis destiné à ne jamais la quitter. Ou en tout cas, à ne pas être celui qui la quittera.

Même si j'ai pu quitter le royaume des morts, Venelia ne pourra pas. Même si j'ouvre le portail et la fait sortir, elle deviendra une âme errante. Elle ne pourra ni rejoindre sa famille dans l'autre monde, ni interagir avec les autres espèces dans ce monde. Je ne lui permettrais jamais de souffrir ainsi.

- Je n'ai plus la force de parler. Dis-je faiblement. Nous en reparlerons quand Venelia ira mieux.

Elles hochent la tête tristement. Le médecin et ses apprentis entouraient tous le corps de Venelia, lui faisant toutes sortes de choses dont je n'ai aucune idée. Pour nous, c'est si simple, la plaie se serait déjà refermée. Mais elle... je peux encore sentir son sang quitter son corps.

Mes pensées ne font que ressasser mes derniers instants avec elle. Ses lèvres, dont j'ai tant rêvé, étaient sur les miennes il y a peu. Je l'avais dans mes bras. Je la serrais contre moi. Je l'embrassais de toute mes forces. Et j'aurais voulu que le temps s'arrête, que je puisse rejouer cette scène à chaque instant sans arrêt.

Et elle m'appelait son ennemi favori.

Étrange est notre relation, mais je l'aimais. Nous n'étions ni des amis, ni un réel couplé marié, ni des amants. Nous sommes des ennemis, qui aiment passer du temps ensemble. Qui se font du mal, mais le regrettent. Qui se détestent à quelques occasions, qui se haïssent à d'autres. C'est ainsi que je le vois. Enfin, pour moi. Et cette relation me convient.

Mais rapidement, la réalité me frappe. Ces moments sont peut-être les derniers que j'ai de nous. Il n'y en aura pas d'autres. Le temps s'est arrêté là. À cet instant. Dans ce cimetière. Elle va peut-être partir, laissant encore un grand vide, un point d'interrogation sur la suite de notre histoire. Elle et moi savons que cette histoire n'était pas vouée à finir ainsi. Cette histoire était vouée à continuer, à progresser, jusqu'à son paroxysme.

Cette histoire ne peut pas finir. Tu ne peux pas me laisser ainsi, Venelia. Pas maintenant. Je ne suis pas revenue pour que tu t'en ailles. La terre est vaste, il y a de la place pour nous deux. L'un n'a pas à mourir pour que l'autre vive.

Tu n'as pas d'amour à mon égard dans ton cœur, alors je te demanderais de te battre pour survivre, au nom de la haine que tu me portes.

Tu dois encore vivre plusieurs années, à me dire à quel point je suis un être ignoble, à quel point tu as hâte de te débarrasser de moi, à quel point tu as envie de détruire ma vie, à quel point passer ta vie avec un vampire.

Tu dois vivre.

La seule chose qui me fait garder espoir est que j'entends encore son cœur battre. Mon ventre se noue rien qu'à l'idée que je ne puisse plus entendre ses battements de cœur.

Comme avec cette femme dans la rue, l'autre fois.

J'aimerais te dire que comme je serais ton seul mari dans cette vie, tu seras ma seule femme. Même après ta mort, je n'aurais personne d'autre...

Car je sais que je ne trouverais jamais une autre femme assez bien pour moi, comme toi tu l'as été...

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant