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Le lendemain, Revan et moi prenons notre petit-déjeuner dans un silence assez plaisant. De temps à autre, il me lance des regards avec un sourire en coin. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive, mais je n'arrive plus à m'éloigner. Je n'arrive plus à l'éloigner.

Et hier, mon plan de lui faire boire la potion s'est retourné contre moi. Durant toute la nuit, il n'a fait que de murmurer qu'il me voulait que pour lui à jamais, qu'il ne se lasse jamais de me regarder et qu'il sent son cœur battre alors que les cœurs des vampires ne battent pas.

Après quelques minutes, une servante arrive et me prévient qu'Illara nous attend dans le salon. Je prends une grande inspiration. C'est donc maintenant qu'elle va lui avouer... je me lève de table avec Revan et nous nous dirigeons vers le salon.

Dès que la porte s'est ouverte, je pouvais voir Illara stressée, faisant les cents pas. Revan s'approche d'elle, et je le suis prudemment. C'est si stressant comme situation. Il est si imprévisible, il peut avoir plusieurs réactions possible.

- Revan... commence Illara d'une petite voix. Je dois t'avouer quelque chose.

Revan la regarde, les sourcils froncés, essayant de deviner ce qui peut perturber autant sa sœur.

- Avant cela, je dois te dire que... tu es vraiment un grand frère incroyable. Je suis heureuse que tu nous ai sauvés, avec Kayda. Dit-elle doucement. Je te vois comme mon père, mon meilleur ami, mon tout... et te décevoir est bien la dernière chose que je souhaite.

- ... Illara, parle. Lui dit Revan. Je commence à m'inquiéter.

Elle ravale difficilement sa salive puis dans un murmure, elle l'avoue enfin :

- J'aime Azaël. Je l'aime, il m'aime aussi, et avec ta permission, je veux être avec lui.

L'expression sur le visage de Revan passe de l'inquiétude à de la surprise. Il regarde longuement sa sœur, sans dire un mot. Je baisse le regard sur sa main, qui se crispe en un poing. Instinctivement, je pose une main sur la sienne pour le calmer.

- C'est donc cela que fait Azaël ? Siffle-t-il entre ses dents, la voix tremblante de colère. Séduire et jouer avec mes sœurs derrière mon dos ?

- Revan, non, tu-

- Il va me le payer. Dit-il, le regard sombre.

Illara me regarde désespérée. Je me mets face à lui, puisqu'il ne prend pas la peine de se tourner vers moi.

- Azaël ne joue pas avec elle. Lui dis-je. Il l'aime sincèrement.

- Ah, et tu le savais toi aussi ? Me demande-t-il.

Je le regarde longuement, avant d'acquiescer.

- Oui. Oui, je le savais. Lui dis-je fermement.

Après ma réponse, il s'approche de la porte, voulant sortir pour rejoindre Azaël, je présume. Mais je l'arrête. Je l'attrape par le bras. Il ne peut pas aller le voir dans cet état.

- Venelia, je ne veux pas te faire de mal alors lâche-moi.

- Non ! Tu vas rester et m'écouter ! M'écriais-je. Tu ne vois pas à quel point ta sœur est effrayée ?

Revan prend conscience et tourne sa tête vers Illara, confirmant mes dires. Il se calme légèrement, mais pas assez. Pas assez pour réfléchir correctement à la situation.

- Elle n'a rien à craindre. Je ne dirais rien à Illara. Me dit-il. Je ne lui en veux pas. J'en veux à Azaël. Il est mon bras droit, bon sang !

- Et alors ? Tu sais que c'est un homme honnête et de confiance.

- ... Son métier est de faire ce que je lui commande, pas de jouer au Prince charmant avec ma sœur. Me répond-il.

Mais maintenant c'est à mon tour de me mettre en colère.

- Nous sommes ennemis, c'est-à-dire que nous sommes censés nous détester, nous haïr et rien que l'idée d'être ensemble doit nous répugner... pourtant, toi aussi tu joues au Prince charmant avec moi. Rétorqué-je.

Il me regarde en fronçant les sourcils, mécontent.

- Au moins eux, ils s'aiment. Dis-je. Ils savent qu'ils s'aiment. Alors que nous ? Nous ne savons même pas si ce que nous ressentons n'est que de la luxure, de la haine, de la folie... Eux ne se feront jamais de mal. Eux n'ont aucun grand obstacle entre eux. Eux ne tentent pas de se détruire. Eux vont s'aimer, et tu vas les laisser se réunir, Revan.

- Mais...

- Il n'y a pas de "mais". Que l'un d'entre vous soit heureux, au moins ! Que l'un d'entre vous soit avec quelqu'un qu'il aime ! Cela te semblera étrange au départ, mais tu t'y feras. Lui dis-je en croisant mes bras. Si tu ne veux pas perdre ta sœur, alors sois à ses côtés. Soutiens-la.

Il tourne sa tête vers Illara, puis soupire. Il s'approche ensuite lentement d'elle, et pose ses mains sur ses joues en la regardant dans les yeux.

- Tu l'aimes vraiment, Illara ?

Illara confirme, en hochant la tête. Revan sèche tendrement ses larmes, avant d'amener sa tête contre son torse et la serrer dans ses bras, puis lui embrasser le haut de la tête. Toujours en enlaçant sa sœur, il lève le regard sur moi. Je lui fais un petit sourire qu'il me rend.

Je les observe avec émotion, me demandant un instant quelle aurait été ma relation avec ma sœur. Je me demande si elle va bien. Peut-être. Pense-t-elle à moi ? M'en veut-elle d'avoir abandonné sa recherche ?

Si elle est toujours en vie, j'espère et je prie que le destin l'amène à moi.

En attendant, je reste là à regarder Revan et Illara en souriant doucement alors que je me perds dans mes pensées. Le temps passe, mais le sentiment de manque reste toujours présent. Peut-être un jour aurai-je des réponses, peut-être un jour retrouverai-je ma sœur perdue ?

Ou peut-être que notre réunion ne sera que dans l'au-delà. Lorsque notre famille sera au complet. Ma mère et mon père, ma sœur et moi...

En attendant, je savoure l'instant présent et la beauté de cette relation fraternelle qui me rappelle tant de souvenirs et de sentiments que je croyais perdus à jamais.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant