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Père commence à faire des plans avec ses ministres pour prendre sa revanche contre l'Empereur. Et il ne pense pas à Venelia. Je pense être le seul à penser à elle. J'ai peur de la perdre, tellement peur. Et si père en sera le responsable, je ne sais pas comment je pourrais lui pardonner.

- Prince Edham, la révolte continue. Me dit le chef de la révolte des humains.

- Bien. Divertissez l'Empereur avec cette révolte afin qu'il ne voit pas réellement ce que l'on fait. Lui ordonnais-je.

Il hoche la tête. Quelques hommes vont s'introduire dans l'empire et se faire passer pour des serviteurs de l'Empereur. D'autres iront convaincre des vampires de se mettre de notre côté. Et lorsque l'on aura un pas d'avance sur l'Empereur, je kidnapperais Venelia.

Je la sauverais de ce cauchemar.

- Vous pouvez disposer. Lui dis-je. Faites attention à ne pas vous faire tuer.

Il hoche la tête puis s'en va. Je retourne dans ma chambre, le cœur lourd. Je m'assois dans mon balcon, levant la tête vers le ciel.

Nous sommes présents sous le même ciel, mon amour. Mais tu es si loin de moi. Notre union est impossible, pourtant j'espère toujours. Ai-je tort ?

Si seulement je pouvais te toucher encore une dernière fois, te voir et entendre ta voix.

Mais dans mon fort intérieur, je me dis que peut-être ma tristesse s'éteindra après un temps, comme lorsqu'elle s'était éteinte quand elle m'a avouée de ne plus m'aimer.

Ce jour, je m'en rappelle comme hier...

Je me penche pour l'embrasser mais elle m'arrête en reculant.

- Tu ne devrais pas, Edham. Dit-elle doucement.

- Pourquoi ? Demandais-je. Parce que l'on est très jeune ? Parce que l'on a douze ans ?

- Non. Non, cela n'a rien à voir avec l'âge. Dit-elle en fronçant les sourcils. Ce n'est tout simplement pas correct.

Je fronce les sourcils. Que veut-elle dire ? Ma première pensée est que son père refuse que l'on se voit puisque nous sommes deux espèces différentes.

- Je ne t'aime pas, Edham. Dit-elle doucement. Tous mes sentiments pour toi sont... partis. Ils se sont évaporés.

- Mais... comment ? Dis-je faiblement. Rien qu'hier tu me disais à quel point tu m'aimais.

- Ce n'est plus le cas ! Dit-elle d'un ton énervé. Moi non plus je ne comprends pas mais c'est comme ça ! Je ne t'aime pas, je ne te veux pas ! C'est... c'est partis !

J'étais dévasté. Mais j'ai tenu. Car je l'aimais. Je ne l'ai pas abandonné. Et elle est finalement restée avec moi. Mais elle se forçait, elle espérait que ses sentiments allaient revenir si elle passait plus de temps avec moi. Mais ces sentiments ne sont jamais revenus.

Et j'ai bien peur que cette fois, je l'ai complètement perdue.

VENELIA

Comme à chaque dîner, l'Empereur commence par boire un verre de sang. Et mon dégoût en est toujours plus fort. Mais je ne peux rien dire.

- D'ailleurs, nous n'avons pas parlés des conditions que j'ai signé après notre mariage. Dit-il, brisant le silence.

Je lève la tête, attendant qu'il développe.

- Les vampires et les humains n'ont plus le droit de s'entretuer. Ils ont le droit de se marier et d'avoir des enfants. Et votre royaume fait partie de mon empire.

J'acquiesce. À part pour le dernier point, je suis plutôt heureuse pour le reste. Mon sacrifice n'a pas servi à rien. Je sais que beaucoup de personnes de mon peuple détesteront à jamais les vampires, comme moi je détesterais à jamais leur Empereur, mais s'ils ne s'attaquent pas, c'est suffisant.

- Et j'ai également stipulé que nos descendants régneront sur les deux, l'empire et le royaume. Dit-il calmement.

J'ai faillis m'étouffer en l'entendant. Descendant ?

- Nous n'aurons jamais de descendants. Dis-je froidement.

- Croyez-moi, l'idée me repulse également mais à un moment donné, nous y serons obligés. Me répond-il.

- Vous vivrez à jamais. Lorsque je rencontrerais ma mort comme tout mortel, épousez une autre femme et ayez vos descendants avec elle. Lui dis-je. Parce que jamais je ne serais proche de vous à ce point. C'est hors de question.

Il rit en secouant sa tête avant de continuer à manger sa viande saignante. Je pousse mon assiette, ayant perdue mon appétit. Je ne suis même plus au contrôle de mon propre corps... j'ai peur qu'à n'importe quel moment, il me force à être avec lui pour porter son enfant. Après tout, les humaines sont plus fertiles que les vampires.

Si je savais que même ce moment n'aurait pas été fait avec amour, je me serais donné à Edham. Si un homme doit me toucher, j'aurais aimé que ce soit un homme que je connaisse, un homme auquel je fais confiance et dont ‏je ressens un minimum d'attraction.

- N'y pensez pas trop. Dit finalement l'Empereur. Je ne vous forcerais pas. Nous n'avons encore plusieurs années devant nous. Qui sait, peut-être vous donnerez-vous à moi de votre plein gré.

- Jamais. Crachais-je.

Il hausse des épaules. Ses paroles m'ont légèrement rassuré, même si je reste sur mes gardes. Je ne peux pas faire confiance à un vampire.

Mais je comprends que la situation est de plus en plus dangereuse. Je dois réussir à m'en sortir le plus rapidement possible. Car je finirais par perdre la vie avant même que je n'atteigne trente ans. Je ne veux pas mourir à vingt-deux ans. En fait, je ne veux pas mourir tout court.

Comme la malédiction des vampires étaient de ne pas pouvoir sortir au soleil, notre malédiction est de voir nos forces s'épuiser et notre vie prendre fin. Triste.

Ironiquement, les immortels sont également mortels. Ils peuvent mourir s'ils sont frappés sur leur point faible. Leur cœur non-battant. C'est peut-être aussi pour cette raison qu'ils sont de nature cruelle.

Tout d'un coup, je sens une brûlure en moi. Comme si mon corps entier brûlait. J'en ressens la douleur. Je serre  les poings et en regardant le visage souriant de l'Empereur, je comprends que cela vient de lui.

Il attend que je le supplie d'arrêter.

Mais je ne le ferais pas. Je supporterais la douleur de cette illusion jusqu'à qu'il se lasse.

- Vous pensiez à la mort. Dit-il en continuant son repas. Alors je vous donne un avant goût. Est-ce aussi douloureux de mourir brûlé ?

Je ne réponds pas, trop occupé à me concentrer sur ma respiration. Cette douleur n'est pas réelle. Je dois le garder en tête...

Et finalement, tout s'arrête lorsqu'il se lève de table et je peux enfin respirer correctement.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant