Je me sens idiote de lui avoir exposé mon plus grand secret. J'ai donné à mon ennemi le bâton pour me faire battre. Et à en juger par sa non réactivité, il ne le savait pas. Alors que s'il avait fait des recherches sur moi, il l'aurait su.
Mais je ne regrette pas autant que je le voudrais. S'il a un minimum de cœur, j'espère qu'il est en train de le regretter. J'espère qu'il s'en mord les doigts. Même si cela est bien peu probable...
Je soupire puis me prends un des livres sur l'empire que j'ai trouvé dans les archives. Pour mieux connaître l'ennemi, j'ai décidé de connaître leur histoire. Et avec leur propre sources. Je reconnais que les sources humaines ne sont pas toutes objectives.
Après avoir débuté ma lecture, la porte de mon appartement s'ouvre. Et je vois les jumelles entrer. Elles me sourient, attendant que je leur donne l'autorisation de s'approcher. Une autorisation que je leur accorde, évidemment. Je les invite ensuite à s'asseoir à mes côtés.
- On a entendu quelques cris, tout va bien ? Me demandent-elles.
- Oh, oui. Leur répondis-je. Nous nous sommes disputés avec votre frère... comme d'habitude.
Elles soupirent, autant fatiguées par cette situation que moi.
- Cela sera plus simple si tu acceptais enfin ce mariage, Venelia. Me dit Kadya en soupirant. Si tu t'en donnais la chance, tu pourrais être très heureuse.
Je lui fais un sourire poli avant de changer rapidement de sujet.
- Enfin, nous ne nous sommes pas vus depuis un moment... leur dis-je. Tout va bien de votre côté ?
- Oui. Me répondent-elles. Revan est de plus en plus proche de nous, maintenant.
Je hoche la tête.
- Qu'est-ce que tu lisais, d'ailleurs ? Me demandent-elles.
- Rien, je...
Mais elles ne me laissent pas continuer qu'elles regardent le nom du livre.
- Notre histoire ? Disent-elles. Tu pouvais nous demander si tu le veux. Nos arrières arrière-grand-parents ont vécus les débuts de l'empire. Leur témoignage est plus fiable qu'un livre.
- Vos... vos arrière-arrière-grand-parents ? Dis-je avec surprise. Ils... sont en vie ?
Elles hochent la tête.
- Ils fêtent bientôt leur mille ans. Me dit Illara. C'est assez commun, chez nous.
Je pense que je ne m'habituerais jamais... pour moi, tout a un début et une fin. Et savoir qu'ils n'ont pas de fin est assez perturbant.
- Alors... comment l'empire est-il né ? Leur demandais-je.
- Je pense que tu le sais, nous, les vampires n'étions pas beaucoup. Commence Illara. Donc c'était dur pour les mortels de croire en notre existence. Nous n'étions que des êtres fictifs. Alors que la vérité c'est que notre premier ancêtre, le vampire originel, a toujours existé. Il s'est construit une famille, puis ils ont transformés des humains en vampires, jusqu'à avoir un nombre conséquent de vampires.
Elle fait une pause puis reprend :
- Tu peux comprendre que tous les vampires ont donc des origines humaines. Sauf nous. Nous, nous avons toujours été vampires. C'est pour cela que nous sommes la famille régnante. Et mon frère... il est le premier de notre lignée a épousé une mortelle, et potentiellement avoir des enfants mi-humain et mi-vampire.
Je fronce les sourcils. Je ne le savais pas. Et cela attire encore plus ma curiosité. Pour quelles raisons a-t-il voulu "salir" sa lignée avec une humaine ? Je suis certaine que ces ancêtres ne seraient pas fiers de lui.
- Enfin, quand les humains ont découverts notre existence, ils ont enfermés quelques-uns d'entre nous, et en tuaient d'autres. Ils faisaient des expériences sur nous, pensant que nous étions des mortels avec une nouvelle maladie. Mais nous avons été reconnu comme tel ; des vampires, des êtres immortels se nourrissant de sang. Et pour mettre fin à ces expérimentations, mes ancêtres ont conquis vos terres et ont créés un refuge pour tous les vampires du monde, l'empire.
- Et... vos ancêtres, puisqu'ils sont immortels, sont-ils toujours en vie ? Lui demandais-je.
- Non. Me répond Kayda. Ils ont pensés avoir vécus trop longtemps, et ont décidés de mettre fin à leur vie. Et d'autres ont été tués par les mortels.
Je hoche la tête. C'est intéressant, intriguant. Savoir que ces deux jeunes filles face à moi vivront sûrement des milliards d'années, alors qu'il ne restera plus rien du tout de mon corps est terrifiant. Elles peuvent vivre autant de vie qu'elles veulent, faire tout ce qu'elles veulent, rien ne les en empêche.
- Venelia... tu ne veux pas être une vampire comme nous ? Une immortelle ? Me demandent-elles.
- Non. Leur répondis-je. Je préfère rester humaine, comme tous mes ancêtres, comme mes... mon père.
- Donc on va devoir se préparer de te perdre à tout moment, hein ?
Je souris tristement puis acquiesce.
- Je n'ai rien dans ce monde. Dis-je doucement. Je ne veux pas que ma souffrance soit éternelle.
- Tu peux toujours éteindre tes sentiments si cela devient trop dur pour toi. Me dit Kayda.
Éteindre ses sentiments ? Je ne savais pas que c'était possible. Et je me dis une chose... et si l'Empereur le faisait ? Et si chaque fois qu'il passait de "doux" à cruel, ce n'était que parce qu'il avait éteint ses sentiments ? Cela aurait du sens. Cela prouverait qu'il n'est pas si cruel que cela.
- Désolé, les filles. Leur dis-je. Mais ma décision est prise. Devenir vampire est une trop lourde décision... les humains me détesteront plus que maintenant, et je resterais malgré moi marié avec quelqu'un que je n'aime pas, car je n'aurais nul part d'autre où aller.
- Je comprends... dit Illara. J'espère tout de même que tu changeras d'avis, car on te considère comme notre sœur. On t'aime beaucoup, Venelia.
Je souris, leurs paroles me réchauffant le cœur. Elles sont les seules vampires que j'arrive à aimer. Elles ne sont pas comme tous les autres, je le vois. Mais je me demande si elles m'aimeraient pour toujours. Si jamais un jour, je réussis à défaire les liens avec leur frère et que je mette fin à sa vie, m'aimeront-elles toujours ?
VOUS LISEZ
Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...