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L'Empereur est partit ce matin faire quelque chose en dehors du palais. À son retour, nous allons partir voir mon père. Je stresse. Je ne sais pas à quoi m'attendre. Je ne sais même pas si je pourrais entendre sa voix ou le revoir et le serrer dans mes bras.

Mais le plus étrange n'est pas cela. Le plus étrange est cet homme venant de la part d'Edham dans le palais d'Emmaline. Il m'a demandé de trouver des pilules que l'Empereur prend, contre ses illusions. Et je dois les remplacer par d'autres pilules qui lui feront perdre encore plus le contrôle. Il oubliera que ce sont des illusions. Tout sera réel pour lui.

Et je crois que je les ai trouvés dans son bureau. Je vide les pilules dans le feu, puis les remplace par d'autres pilules identiques. Ce que je fais est dangereux mais peu importe. Je remarque que je me suis trop adoucis envers l'Empereur, alors qu'il me reste une vengeance à accomplir. Il doit payer pour tous les maux qu'il m'a causé.

Une fois fait, je retourne dans l'appartement. Tout ce qu'il me reste à faire est de faire en sorte qu'il créé des illusions. Et petit à petit, je le forcerais à voir des illusions qui lui brûleront l'âme, qui le mettront à genoux, criant et pleurant. Comme ce qu'il m'avait fait.

- Ah, vous voilà.

Je lève la tête. L'Empereur vient de rentrer.

- Je vois que vous êtes prêtes, alors allons-y. Ne perdons pas plus de temps. Me dit-il.

Je hoche la tête puis me lève. Ce plan attendra ce soir. Et je vais éviter d'y penser, puisqu'il peut lire dans mes pensées. À la place, toutes mes pensées se dirigent vers mon père. Je vais bientôt lui parler. Je n'ai jamais pensé que c'était une chose possible.

L'Empereur me tient par la taille, et court. Prendre une calèche ou un cheval aurait pris plus de temps. Au bout de quelques minutes, nous arrivons enfin au cimetière familial.

- Êtes-vous prête ? Me demande-t-il.

Je prends un grand souffle puis acquiesce. Il se concentre alors, prononçant des mots dans une langue étrangère et je vois que ses yeux changent de couleur. Un œil devient rouge, l'autre devient noir. Vraiment noir. Les veines de son visage sont beaucoup plus visible aussi.

Le temps autour de nous change. J'ai l'impression que tout est devenu sombre. Le soleil s'en va, et le ciel est rempli d'éclairs. Le vent devient de plus en plus fort. Je n'ai jamais vu l'Empereur ainsi... il est puissant. Mon Dieu...

Et... il vient d'ouvrir le portail entre les morts et les vivants.

- Entre à l'intérieur. Me commande-t-il.

Même sa voix a changé. Elle est plus grave... plus sombre. Je fais ce qu'il me dit et rentre à l'intérieur. Et ce que je vois fait battre mon cœur. Une ombre est au-dessus d'une tombe. Celle de mon père. Lorsqu'il me regarde, il m'encercle.

- Papa...

Les larmes me montent aux yeux, alors qu'il prend forme face à moi. Je ne peux m'empêcher de le serrer dans mes bras, même si je ne le ressens pas totalement.

Tue-le.

Je recule, en sursautant, après avoir entendu la voix de mon père dans ma tête. Je comprends que c'est ainsi qu'il communique.

- Papa, je suis venue pour te poser des questions sur ma sœur. Lui dis-je doucement. Je t'en supplie, dis moi où je peux la trouver. J'ai besoin de la voir.

Tue-le.

Cette fois, sa voix est plus menaçante, plus insistante.

- Je vais mourir, papa. Dis-je faiblement. Si je le tue, je meurs avec lui.

Tue-le. Tue-le. Tue-le. Tue-le. Je t'attends.

Je tourne ma tête vers l'extérieur. L'Empereur m'attend. Et mon père veut que je sorte et prenne sa vie.

Venge-moi, ma fille. Tue-le.

Et là, des centaines d'images se matérialisent dans mon esprit. Je vois. Je sens. J'entends. Mon père se bat. Il est blessé mais garde l'épée dans sa main. Son épée et celle de l'Empereur s'entrechoque. Mon père est fatigué. Il continue. Il se bat.

L'Empereur le prend par surprise et plante ses canines dans son cou. Je sens le sang quitter mon corps en même temps que mon père. Je sens la douleur qu'a ressenti mon père. Je sens mon souffle se couper et mon âme quitter mon corps.

Je ne contrôle plus mon corps. Il se dirige vers l'empereur. Je sors du cimetière et prends mon poignard. Mes yeux se sont assombris, je ne vois plus rien autour de moi, si ce n'est lui, le meutrier de mon père, et les images de la mort de mon père.

- Je vais vivre ! S'écrie mon père. Je me suis promis de vivre pour ma fille !

Une force invisible retient l'Empereur, qui me regarde confus. Il n'arrive visiblement plus à bouger.

- Venelia, qu'est-ce qu'il vous arrive ?

- C'est l'heure. Dis-je en souriant. Je vais enfin me venger pour tout ce que vous m'avez faits.

Je serre le poignard en main.

- Vous allez mourir. Dit-il avec un semblant d'inquiétude. Ne le faites pas. Bon sang, Venelia ! Vous allez mourir avec moi !

Tu vivras avec moi pour l'éternité, ma fille.

- Je vais vous envoyer en enfer. Là où se trouve votre place. Dis-je froidement.

Il se débat mais rien n'y fait. Il ne peut rien faire. Je prends le poignard, le lève vers le haut, puis l'abaisse d'un coup. Le poignard transperce le torse de l'Empereur et son cœur. Rapidement, ses yeux deviennent entièrement noirs. Il n'y a plus de blancs du tout. Ses yeux ressemblent à de l'encre.

Sa peau devient grisâtre, et ses lèvres perdent de leurs couleurs. Ses cris de douleurs peuvent s'entendre à des kilomètres. Il hurle comme s'il brûlait vif, comme si ses membres se faisaient arracher.

Je retire le poignard de son cœur, et directement, la présence de mon père s'efface. L'Empereur tombe au sol, les yeux gros, mais sa tête finit par tomber sur le côté.

Mon cœur bat rapidement. Je l'ai tué. J'ai tué l'Empereur.

Et je suis toujours en vie.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant