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Arrivé au palais, je vois les jumelles dans le jardin, à rire et discuter ensemble. Je décide de ne pas les déranger et monte dans mon appartement. L'Empereur, lui, est partit. Il n'a pas précisé où, et je n'ai pas envie de le savoir.

Étrangement, depuis que j'ai quitté le cimetière familial, il fait beau. Les nuages et le brouillard ont laissés place à un magnifique soleil. J'essaie de me dire que c'est une coïncidence, que le temps ne peut pas changer selon l'humeur des morts mais... mais d'un autre côté, je vois cela comme une possibilité de réponses à mes précédentes questions.

Ma mère est-elle plus heureuse sans moi ? Oui. Absolument. Elle l'est. Et elle doit sûrement prier pour que je ne meurs pas bientôt. Pas parce qu'elle m'aime, mais parce qu'elle ne veut pas me voir avec elle dans l'au-delà. Elle doit peut-être également espérer que mon époux me transforme en vampire.

- Votre Majesté... Entendis-je.

Je lève la tête, surprise de voir Azaël. Depuis que je suis sortis de prison, il tente de m'éviter puisque je lui montre une attitude hostile. 

- Que veux-tu ? Lui demandais-je.

- Vous avez reçu une lettre. Me prévient-il. 

Il me la tend et je la prends. Je l'ouvre sans dire un mot et déplie la lettre pour la lire. Directement, je reconnais son écriture...

"Venelia, 

Je n'ai pas eu de réponse de ta part. Je suppose que tu as refusé de rompre tes liens avec l'Empereur... Te menace-t-il, mon amour ? Ou a-t-il trouvé la fiole avec le poison ? J'aimerais une réponse. Dis-moi que tu vas bien. Dis-moi que tu ne veux pas de lui. Dis-moi que tu me veux.

Les jours deviennent de plus en plus long sans toi... Dis-moi, ma reine, je ne te manque pas ? Ne serait-ce qu'un peu ?

Avec tout mon amour, 

Edham."

Je froisse le papier dans ma main et le jette dans le feu. Je commence peu à peu à perdre espoir de m'en sortir, mais Edham y croit toujours. Un jour, je vais entièrement accepter ma situation, ce n'est plus qu'une question de temps. Cela sera lorsque je serais fatiguée de me battre. Mais Edham souffrira. Il ne semble pas vouloir lâcher l'affaire, et je crains que pour le restant de ses jours, il ne m'abandonnera pas.

- Tout va bien, votre Majesté ? Me demande Azaël.

Je lève le regard sur lui.

- Azaël... Peut-on pardonner à quelqu'un qui a commis un crime irréparable ? Peut-on se forcer à le pardonner ? Lui demandais-je.

- Je suppose, votre Majesté. Me répond-il. Cela dépend du crime, mais également de votre volonté et de l'importance de cette personne. Tout le monde commet des erreurs, tout le monde peut avoir une possibilité de rédemption.

Je détourne le regard en soupirant. C'était une question idiote, de toute façon. Tout le monde ne peut pas avoir une rédemption. Ce n'est pas possible.

- Votre Majesté, je... Je voulais m'excuser. Me dit Azaël. Mais je ne pouvais pas désobéir à l'Empereur. Malgré tout, son autorité l'emporte.

- Je comprends. Lui dis-je. Ne t'en fais pas, je ne t'en veux plus. C'est passé.

- Merci. Me dit-il en souriant légèrement.

Je lui rends son sourire, et n'ayant plus rien d'autre à faire, il s'en va. Je me retrouve à nouveau seule dans la chambre, à repenser à la lettre d'Edham. Je ne sais pas si je dois lui écrire une réponse. Je ne sais même pas si l'Empereur l'autorisera...

Et je ne sais pas non plus si lui répondre est une bonne idée. Peut-être que l'ignorer sera un meilleur moyen que de lui demander de s'éloigner de moi. Peut-être...

EDHAM

Après m'être assuré que Venelia a bien reçue ma lettre, je retourne dans ma chambre. C'est affreux. Cette attente, son manque, c'est affreux. À tout moment, Venelia peut perdre la vie. Et cela m'angoisse tellement. Elle peut perdre la vie sans que l'on se soit vu une dernière fois.

Ce sont les conséquences d'être une mortelle...

- Que fais-tu dans ma chambre ?

Devant moi se trouve Emmaline. Elle est assise sur mon lit, semblant m'attendre.

- Ta reine est partit visiter la tombe de ses parents. L'Empereur était avec elle. Me dit-elle.

- Tu dois te tromper. Elle n'amènerait pas le meurtrier de son père devant la tombe de son père ! M'exclamais-je. C'est absurde.

- C'est pour cela qu'il a attendu à l'extérieur, je suppose. Me répond-elle.

Je soupire puis m'assois sur le lit. Je la perds de plus en plus. Je le vois. Plus elle restera avec ce vampire, plus sa faiblesse humaine entrera en jeu et la fera tomber pour lui. Je deviendrais son ennemi...

- Je vais sûrement regretter d'avoir demandé, mais sais-tu faire des illusions ? Lui demandais-je.

- Oui. Me répond-elle. Tu veux la voir à ma place, c'est cela ?

Je hoche la tête.

- J'accepte, à une condition. Dit-elle.

- Laquelle ?

- Que je puisse mettre l'Empereur à ta place. Comme cela, on voit dans l'autre la personne que l'on aime réellement.

J'acquiesce. Je donnerais n'importe quoi pour voir Venelia une dernière fois. Cette illusion ne sera jamais comme elle, mais je pourrais la voir, au moins.

En un instant, Emmaline disparaît, laissant place à Venelia. Mon sourire s'agrandit. C'est elle. Je pose ma main sur sa joue, et j'en oublie que la réelle personne derrière cette illusion est Emmaline. Elle me regarde amoureusement, elle aussi, car elle voit en moi l'Empereur.

Elle me regarde comme la vraie Venelia ne m'a jamais regardé.

Elle se lève et se met devant moi. Je déglutis, intimidé par sa beauté. Elle me pousse sur le lit afin que je m'allonge, puis se met au-dessus de moi.

- Que fais-tu ?

- Je réalise ce dont nous avons envie. Dit-elle en souriant. Je suis Venelia.

Je souris puis hoche la tête. Elle pose ses lèvres sur les miennes. Ses lèvres ont le même goût que la véritable Venelia. Ce baiser s'approfondit, jusqu'à ce que je sente la chaleur monter.

- Venelia... Murmurais-je.

N'en pouvant plus, je balade mes mains, et l'attire de plus en plus à moi. Finalement, nous nous adonnons à nos désirs, tout en conservant cette part d'illusion qui nous donne envie de continuer, jusqu'à commettre l'irréparable.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant