18.

335 27 0
                                    

L'Empereur est entré dans l'appartement, après que ses sœurs soient partis. Je les apprécie, honnêtement. Je reste sur mes gardes, mais un peu de compagnie ne me ferait pas de mal. Et savoir que ses sœurs et moi puissions nous apprécier irrite l'Empereur, me donne d'autant plus envie de passer du temps avec elles.

- Étonnant. Vous ne semblez pas détester mes sœurs comme vous me détestez. Dit-il en riant ironiquement.

- Ont-elles tués mon père et ma sœur ?

Il ne nie pas et ne me contredit pas, ce qui ne veut dire qu'une chose ; j'ai raison.

- Vous n'êtes pas innocente non plus. Dit-il, les sourcils froncés.

- Je le suis. Rétorquais-je. Je ne vous ai rien fais.

- Oh ? Et la mort de mon père ? Me questionne-t-il. Il pouvait vivre encore des dizaines de milliers d'années, pourtant, votre père y a mis fin.

Je serre les poings. Cela me rappelle le jour où mon père est entré dans le palais, heureux et recouvert de sang, disant qu'il a vengé ma sœur jumelle. Cette sœur que je n'ai pas pu connaître. Cette sœur dont je ne me souviens pas.

- Car vous aviez commencés. Vous avez tués ma sœur alors qu'elle n'était qu'une enfant. Dis-je froidement. Jusqu'à ce jour, nous n'avons toujours pas eu son corps.

- Votre père parlait d'une sœur dont personne n'avait connaissance ! Dit-il. Mon père ne l'a certainement pas tué. Je suis certain que c'est votre père qui l'a tué, et pour se couvrir, il a accusé mon père. Car comme cela est facile d'accuser un ennemi !

Je m'approche de lui d'un pas menaçant, bien que cette tentative semble ridicule. Je n'ai pas l'air menaçante. Lui, sans aucun effort, l'est.

- Menteur ! Vous n'êtes qu'un menteur !

Ses yeux virent aux rouges alors qu'il me regarde sans parler.

- La semaine prochaine, nous sommes invités au palais de votre ancien amant. Dit-il froidement. Tentez quoi que ce soit, et je vous tuerais sur le champ.

Puis sur ces mots, il s'approche de la porte. Mais avant de sortir, il s'arrête et tourne légèrement sa tête vers le côté, tout en me donnant son dos.

- Et préparez une robe rouge. La plus rouge possible.

Et il s'en va. Tout simplement. Alors que je tente toujours d'assimiler la nouvelle. Je ne sais pas si je dois être en colère car il tente d'exempter son père du crime qu'il a commis ; du meurtre de ma sœur... ou bien, dois-je être confuse par rapport à cette invitation ?

Il ne m'a laissé aucun temps de réflexion.

L'invitation m'inquiète fortement. Si l'Empereur est invité avec moi, alors cela ne peut provenir que du roi des fées. Et... Edham sera présent. C'est ce qu'il m'inquiète le plus. J'ai peur qu'il dise un mot ou fasse une action déplacé.

L'Empereur connaît mon passé avec lui. Mais Edham, lui, n'accepte pas que je me sois mariée. Enfin, je ne m'attendais pas à ce qu'il l'accepte. Je le connais très bien pour savoir que cela ne lui passera peut-être jamais. Mais il le devra.

Je prie que lors de notre visite, il ne fasse rien de stupide. Le revoir me rendra heureuse. Pour lui aussi, j'espère. Mais que cette joie ne le pousse pas à nous mettre en danger.

REVAN

Cette invitation cache quelque chose de plus gros qu'un simple dîner. J'en suis certain. Mais ce n'est pas cela qui m'empêchera d'y aller. Je franchirais les frontières du royaume des fées, avec courtoisie, et au moindre faux pas de la famille royale, je ferais de ce royaume le mien, sans même lever le petit doigt.

- Azaël, aurais-tu par hasard eu connaissance de la sœur jumelle de mon épouse ? Lui demandais-je.

- Non, votre Majesté. Me répond-il. Je sais que le défunt roi des mortels accusait les vampires de sa mort, mais personne n'a entendu parler d'elle.

Je m'assois sur la chaise face à mon bureau, en m'allumant une cigarette. Je dois admettre que les mortels savent créer des choses addictives. Et ironiquement, des choses qui peuvent causer leur mort.

- J'ai plusieurs théories. Dis-je. Peut-être que ma chère épouse n'était pas sa fille favorite. Il aurait sûrement tenté de protéger l'autre soeur de nous, en mettant toute l'attention sur Venelia.

- Cela est très plausible. Affirme Azaël.

- Ou bien... elles ne viennent pas de la même mère. Spéculais-je. La deuxième sœur serait sûrement une enfant illégitime, d'où son absence dans la sphère médiatique.

Je claque mes doigts contre le bois de mon bureau, en tentant de réfléchir à la plus plausible des théories. Et même en trouvant qui elle est, cela ne me dira rien quant à la raison de sa mort. À moins qu'elle soit réellement une enfant illégitime et que le roi a tenté de s'en débarrasser.

Venelia n'admettra jamais une telle chose.

Ou bien... sa sœur est toujours en vie, et qu'elle a été cachée par le roi avant sa mort.

Il faut que j'approfondisse mes recherches, car si elle est en vie, elle prendre le trône du monde des mortels et lancera une guerre pour récupérer sa sœur. Et je refuse complètement. Venelia est devenue mon épouse jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que je la vois vieillir, que ses longs cheveux bruns deviennent blancs, que ses yeux se rétrécissent, que des rides lui apparaissent, que ses forces s'épuisent et qu'elle recrache son dernier souffle dans mes bras.

Et je dois avouer que c'est excitant de savoir que je jouerais des tours à ma chère épouse pour encore plusieurs années.

Elle a vingt-deux ans, si je ne me montre pas. Il devrait lui rester une cinquantaine d'années. Cinquante ans, c'est quoi, honnêtement ? Une si ridicule durée pour un immortel. Drôle de savoir que tous les cinquante ans, les anciens humains s'en vont pour laisser la place aux nouveaux.

Alors que dans mon Empire, il y a des vampires de plus de cinq cents ans. Ici, il est normal de connaître ses ancêtres de dix générations. Et ces mêmes ancêtres ont la même apparence qu'un adulte de vingt-cinq ans. Il n'y a aucun signe de vieillesse en eux.

Enfin, je retourne au travail. J'ai été distrait trop longtemps. J'ai tout mon temps pour réfléchir.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant