Revan est partit avant que je ne me réveille, et personne ne sait où il est allé. Mais je ne m'inquiète pas. Je sais qu'il va bien, je le sens au fond de moi. C'est ce qui est bien avec le lien de sang. Même sans être là, je peux le ressentir... en y repensant, c'est très étrange.
- Votre Majesté, l'Empereur vient d'arriver. Me prévient Azaël.
Je hoche la tête, en souriant. Illara et Kayda se lèvent alors en s'excusant puis quittent l'appartement au même moment où Revan y entre. Je me lève également pour l'accueillir.
- Ma Venelia, je t'ai ramené quelqu'un. Me prévient-il. Il veut te voir.
Je fronce les sourcils. Qui cela peut être ? Je m'approche de Revan, m'attendant à voir quelqu'un entrer par la porte. Mais je n'avais pas prévu de voir une ombre apparaître face à moi. Et je n'avais prévu encore moins que cette ombre soit mon père.
Je me fige, alors qu'il me souriait. J'ai soudainement oubliée comment parler. Ma bouche s'ouvre et se ferme, sans qu'aucuns sons n'en sortent.
- Je vais vous laisser parler. Dit Revan en sortant un sablier. Mais lorsque ce sablier se videra, il faudra que vous partiez sinon vous resterez coincé entre les deux mondes pour toujours.
L'ombre de mon père hoche simplement la tête. Je n'ai toujours rien dis, je n'ai toujours pas bougé. Je ressens une boule dans la gorge, et l'envie de pleurer en même temps que de vomir me vient.
- Venelia, ma fille... Dit-il doucement.
- Tu... tu n'es pas réel. Soufflé-je. Tu es une illusion.
- Non, non. Ton mari a ouvert le portail des morts, pour que je puisse te parler. Me dit-il d'une petite voix.
Je m'approche lentement, prudemment, et touche son bras. Ma main ne passe pas entre lui. J'ai l'impression de toucher de la chair gelée. Un cadavre.
- Et c'est grâce aux pouvoirs de ton mari que tu peux me toucher.
Les larmes me montent aux yeux. Mon père. Mon père est là. Alors je ne me retiens plus. Je le prends dans mes bras, en pleurant. Et il me caresse les cheveux. Comme lorsque j'étais petite. Mon papa. Mon papa m'est revenu.
- Papa. Dis-je en pleurant.
Sa prise se sert contre moi. Je sens mon cœur se briser. Malgré sa présence, je sens un fin mur nous séparant. Je vais devoir vivre avec ce mur jusqu'à la fin. Et si jamais un jour je traverse ce mur, il me restera tout de même quelqu'un de l'autre côté...
- Tu m'as tellement manqué. Dis-je d'une voix faible. Je suis tellement désolée de t'avoir déçue...
- Je ne suis pas déçu. Me murmure-t-il.
Il se sépare de moi, puis sèche mes larmes.
- J'ai eu beaucoup de temps pour réfléchir. Dit-il doucement. Et je te voyais. Ma belle petite fille... ma belle princesse... je vois ton sourire, Venelia. Il te rend heureuse. C'est lui qui a guérit la blessure que ta mère t'a infligée. Pas moi. Il te rend heureuse, et malgré ma haine pour lui, je ne peux pas arracher ton bonheur.
Il ne l'a pas vu de son vivant, et c'est ce qui me brise. S'il avait accepté Revan, peut-être qu'il n'aurait jamais perdu la vie. Peut-être...
- Je te donne ma bénédiction, Venelia. Souffle-t-il. Un peu trop tard... mais je voulais apaiser ton cœur. Pardonne-moi de t'avoir fait souffrir, d'avoir poussé Edham à remplacer celui qui a véritablement ton cœur, d'avoir été un mauvais père.
Sans rien dire, je le prends dans mes bras et je le serre fort.
- Si tu étais un mauvais père, les horreurs de ma mère m'auraient achevés. Dis-je tristement. J'aurais sûrement mis fin à ma vie. J'allais sombrer... et ta main a tenu la mienne, jusqu'à ce que je me sente prête à remonter à la surface. Je t'aime, papa. Je t'aime tellement.
- ... Je t'aime aussi, ma fille. Je ne te mérite pas. Dit-il. Et pourtant, le bon Dieu a fait de toi ma bénédiction.
Je jette un coup d'œil au sablier. Il va bientôt se vider. Mais je ne le veux pas. Je veux mon père. À jamais.
- Tu es forte, Venelia. D'accord ? Dit mon père en souriant. Tu es ma fille, et peu importe les difficultés, n'abandonne pas. Jamais.
Ses mots qui semblaient comme un adieu brisaient mon cœur, il va bientôt s'en aller.
- Papa... je... j'essaie de trouver une solution pour devenir immortelle. Dis-je doucement.
- Je le sais, m'assure-t-il, deviens ce que tu désires si tu es certaine. Même si l'on ne se revoit pas, je serais toujours là. Tu ne seras jamais seule, ma fille.
Mes lèvres se mettent à trembler. Je suis terrible pour les adieux. Je les déteste. Mais je n'ai pas fais mes adieux à mon père correctement, avant sa mort, et maintenant j'ai une nouvelle chance.
- Je t'aime, papa. Dis-je, retenant un sanglot.
Il m'embrasse le front, puis je continue à regarder son visage. Bientôt, je ne le verrais plus. Et je le prends dans mes bras à nouveau. Bientôt, je ne pourrais plus.
- Dis à maman que je l'aime aussi, dis-je d'une voix faible, malgré tout le mal qu'elle m'a fait, je n'ai jamais réussis à la détester. Et elle peut être certaine que je traiterais mes enfants avec beaucoup d'amour...
- Je lui dirais. Murmure-t-il.
Le sablier est presque vide. À chaque grain de sable qui coule, il emporte mon cœur avec lui.
- Je t'aime, Venelia. Et je suis certain que tu seras une excellente mère. Ton mari a beaucoup de chance de t'avoir. Me souffle-t-il. Dis-lui de s'assurer que tu ne viens jamais de l'autre côté pour les prochaines années, que tu vives une vie incroyable, qu'elle soit éternelle ou limitée.
Je hoche la tête sans le lâcher de mes bras.
- C'est bientôt l'heure. Me prévient-il. Tu dois me laisser partir, désormais...
- Je... je te laisse partir.
Et aussitôt que ses mots soient sortis de ma bouche, je perds l'équilibre et je faillis trébucher en avant. Le sablier s'est complément vidé. Et je n'ai plus que mes yeux pour pleurer. Je reste debout, fixant l'endroit où se trouvait mon père, et je laisse un torrent de larmes couler en silence.
Il est partit.
Et malgré que mon cœur soit entièrement détruit, je ressens un certain apaisement. J'avais besoin de cela pour avancer. J'avais besoin de le voir, lui dire adieu une dernière fois. Car bien que j'étais convaincu de l'avoir laissé partir, je le retenais avec moi.
Et aujourd'hui... aujourd'hui, je l'ai laissé partir.
VOUS LISEZ
Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...