106.

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Après notre second mariage dans la fôret, Revan et moi sommes retournés au palais le lendemain matin. Nous avions voulus regarder le soleil se lever ensemble, avant de retourner à notre affaire du quotidien.

Revan m'a laissé me reposer dans la chambre, et il retourné dans son bureau, discutant d'affaires concernant l'empire et le nouveau système qui s'opérera. Nul besoin de dire que les ministres ne sont pas ravis de mon nouveau titre. Et ils n'ont pas tort. Une humaine, impératrice des vampires ? C'est du jamais vu.

Mais Revan sait ce qu'il fait. Je lui fais confiance.

Alors que j'étais perdue dans mes pensées, en me coiffant face au miroir, j'entends un énorme bruit. J'appelle Revan, mais il ne répond pas. Cela ne pouvait être que Revan. Personne n'oserait débarquer ainsi dans ma chambre.

Je tourne ma tête et je suis surprise de le voir ici. Dans mon balcon. Mon sang bout, ma patience terminée, je cherche mon poignard mais ne le trouve pas. Il est d'habitude attaché à mes vêtements, mais je viens de sortir de la douche avec ma robe de chambre. Et cette vue lui plaît. Edham est là, et je ne sais pas comment réagir.

Il sourit, en me relookant de bas en haut... ce qui m'énerve encore plus. Il n'y a que mon mari qui a le droit de me voir ainsi.

- Je t'ai assez prévenue. Dis-je d'un ton menaçant.

Il s'approche de plus en plus de moi, en souriant. Je recule, cherchant des yeux une arme que je pourrais utiliser contre lui. Je pourrais briser le miroir. Je cours en sa direction, mais Edham m'arrête. Il m'attrape fortement par le bras, puis me bloque contre le mur. Il me regarde avec des yeux que je n'ai jamais vu jusqu'ici.

- Tu es mienne, Venelia.

Il commence par m'embrasser le cou. Ses lèvres sur ma peau me provoque une envie de vider mes trippes. Il me dégoûte. Je tente de lui donner quelques coups pour l'éloigner et courir jusqu'au bureau de Revan, mais sa prise est bien trop forte.

- Mienne... Dit-il à nouveau en me regardant dans les yeux.

Et il pose ses lèvres sur les miennes. Je me débats encore plus fortement, tentant de faire apparaître mes pouvoirs, mais rien... ils semblent apparaître simplement quand je sens que Revan est en danger. Plus je me débats, plus Edham s'agrippe à moi.

Lorsqu'il me plaque contre le lit, je comprends son intention. Mais je refuse. Je refuse de subir ce que ma mère a subit. Je refuse de partager son destin. Je refuse.

- Non ! Pleuré-je. Ne me fais pas subir cette peine, je t'en supplie !

Et mes mots semblent l'atteindre puisqu'il se relève aussitôt, la réalisation le frappant en plein fouet. Il murmurait inlassablement "désolé", en s'asseyant sur le bord de lit et en posant ses mains sur son visage.

Je me lève à mon tour, doutant de lui. Il pourrait le refaire. Il pourrait.

Alors sans perdre plus d'une seconde, je m'approche du miroir et le frappe avec mon coude et sans sourciller, je prends le plus grand bout de verre. Edham ouvre soudainement ses yeux à l'entente de ce bruit. Il se lève du lit, me regarde avec un sentiment de trahison.

Sans lui laisser la chance de dire quoi que ce soit, je le plaque contre le sol. Je ne sais d'où me vient cette force, mais je sais que je ne laisserais pas Edham sortir de cette chambre en vie. Ou peut-être s'est-il laissé faire ? Mon coude me brûle, le sang coule à flot partout, et ma main se met à saigner également avec des picotements, à cause de la force duquel je tiens le bout de verre contre la gorge d'Edham.

- Je te déteste tellement. Soufflé-je. J'ai perdu mon père à cause de toi, veux-tu me faire perdre mon mari ? Créature maléfique.

- Venelia... ne fais pas quelque chose que tu regretteras. Me chuchote-t-il. Tu as un bon cœur. Tu ne me feras pas de mal. Je regrettes... je-je me suis perdu. Pardonne-moi.

Je serre le bout de verre contre sa gorge, le faisant légèrement saigner. L'once de sympathie que je ressentais s'est évaporée.

- Ne vois-tu pas que Revan m'a amené avec lui dans les ténèbres ? J'ai accepté la noirceur de son âme comme la mienne. J'ai perdue mon chemin, perdue ma lumière.

Il avale difficilement sa salive et ses yeux se remplissent de larmes. C'est donc sa dernière tentative pour que je le relâche. Mais ma haine est bien trop grande. Je le vois assassiner mon père, je le vois prendre la place de Revan dans mes souvenirs, je le vois m'embrasser de force ce soir et vouloir aller loin. Aussi loin, pour me détruire comme ma mère.

- Je t'ai réellement aimé, Venelia... je t'ai tellement aimé, et c'est peut-être mon seul péché. Aurais-je fait tout cela, si je ne t'ai-

- Revan était prêt à me laisser partir si mon bonheur résidait autre part qu'avec lui. Dis-je, la voix tremblante de rage. Je suis devenue la couronne qu'il porte sur sa tête, il a fait de moi la femme la plus puissante au monde bien que mon espèce soit la plus faible. C'est comme cela qu'un homme aime.

- Venelia, pardonne-moi. Je... je suis désolé, je sais que ma présence ruine ta vie mais je suis sincère. Cet homme t'a détruite. Cet homme ne t'aime. Il ne peut pas t'aimer. Pas comme moi je t'ai aimé. Il n'a pas remarqué la noirceur dans tes yeux. Il n'a pas vu à quel point ton amour pour lui te détruit. Je voulais te sauver. Je voulais t'aimer. Je te voulais. Pardonne-moi. Pardonne-moi de t'avoir énormément aimé. Et si mon amour pour toi est un crime, alors condamne-moi. Je te donne mon accord.

Une larme. Je n'ai laissé qu'une larme couler, faisant le deuil de notre amitié passé. Mais cette larme laisse place à des sentiments plus négatifs...

Malgré moi, son visage m'exaspère et m'irrite, alors je lui tranche la gorge en un seul mouvement. Le sang est propulsé partout. Je me lève pour éviter d'avoir le sang sur moi, et au même moment, Revan entre dans la chambre en courant.

- Venelia... ?

Je regarde Edham s'étouffer dans son propre sang, alors qu'il me regarde avec désespoir. Je ne détourne pas le regard, je veux le voir mourir. Je cache mes mains tremblantes derrière mon dos, ne voulant pas qu'il voit à quel point j'ai été effrayée. Effrayée de devoir vivre pour toujours ce qu'il comptait commettre...

À la place, je le regarde dans les yeux, le sourire aux coins des lèvres. Aucun regret ne s'affiche sur mon visage et c'est ainsi qu'il doit me voir, c'est la dernière image que je veux qu'il voit de moi avant sa mort. Même si dans mon cœur, une bataille se joue...

Puis enfin vidé de son sang, sa tête se tourne vers le côté, il lâche son dernier souffle en gardant les yeux ouverts... c'est finis. Je l'ai fais.

Edham est mort.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant