Avec l'Empereur, je redescends. Il n'a toujours pas lâché ma main. En fait, il la serre fort. S'il y ajoute un peu plus de pression, il me brisera les os. Mais je me tiens à mon mal, préférant cela plutôt que de voir Edham mort.
- Tout va bien ? S'enquit le roi.
- Oui. Répond l'Empereur. Ma femme a un peu duré, et je me suis simplement inquiété.
Le roi lui sourit, en hochant la tête. Ce n'est que des sourires forcés, aucun sourire sincère. Après tout, tout le monde déteste l'Empereur ici, dont sa femme.
- Vous êtes un très bon époux. Dit-il en riant.
L'Empereur s'installe et me force à m'asseoir à côté de lui.
- Revenons-en à notre sujet. Dit l'Empereur. Qu'attendez-vous de moi ?
Au même moment où l'Empereur a posé sa question, Edham est entré dans la salle, puis s'est assis à côté de son frère Gavril, qui n'a d'ailleurs rien dit depuis le début.
- La paix. Répond le roi. Et pour cela, je voudrais avoir la moitié du royaume des mortels, et vous aurez l'autre moitié.
L'Empereur rit sarcastiquement et moi, je lève le regard sur le roi, me sentant trahie. Il veut mon royaume. Tout ce qu'il me reste de mon père. Ce royaume que j'ai régnée, la tête haute, durant plusieurs années, depuis mes dix-sept ans.
Je tourne le regard sur Edham, qui avait la tête baissée. Il ne me regarde pas. Il le savait. Pourtant, il n'a rien dit. Ils prendront mon royaume, et en échange, ils ne seront plus ennemis avec l'Empereur.
C'est compréhensible. Qui voudrait se mettre l'Empereur des vampires, l'Empereur des morts, à dos ? Surtout pour une faible et pauvre humaine qui mourra dans quelques années, de toute façon.
- Vous voulez la moitié du royaume des mortels, hein ? Dit l'Empereur.
Le roi réaffirme ses propos.
- Père serait terriblement déçu de vous. Crachais-je sans pouvoir me contrôler.
Tous me regardent, surpris de mon intervention.
- Venelia, ma fille, laisse-moi en parler avec ton époux. Dit le roi, doucement. Ses affaires ne te concernent plus, désormais.
Je serre fortement les poings sous la table.
- Ce royaume m'appartient, j'en suis toujours la reine ! M'exclamais-je. Les mortels sont mes sujets ! Et c'est ce que vous êtes en train de réclamer...
Le roi allait répondre mais l'Empereur se racle la gorge, l'interrompant dans son élan.
- Le royaume de mon épouse fait partie de mon Empire, certes, mais elle a toujours des droits dessus. Dit-il. Je ne vous le donnerais certainement pas.
Je reste bouche-bé, ne m'attendant pas à ce que l'Empereur prenne ma défense. Il ne le fait pas pour moi, je le sais, seulement pour les apparences.
- Et je ne peux certainement pas vous faire confiance une seconde fois. Conclut-il. Mes ancêtres ont reçus trop de trahisons de votre part.
Puis il se lève, m'entraînant avec lui.
- Je pense qu'on en restera ici. Dit-il.
Nous allions tous les deux partir, mais le roi nous arrête à l'aide de ses gardes. Edham est aussi surpris que moi, face à l'action que vient de faire son père.
- À quoi jouez-vous ? Dit l'Empereur en grinçant des dents.
- Laissez-moi parler à votre épouse, et je vous laisserais partir sain et sauf.
Je fronce les sourcils. De quoi veut-il parler plus que ce qu'il a déjà dit ?
L'Empereur ne répond pas. Il lève ses yeux rouges en direction des gardes, et sans que je ne puisse comprendre, des ailes noires sortent de son dos et projettent les gardes contre le sol. Tous.
- Allons-y, Venelia.
Je reste toujours surprise par ce qu'il vient de faire. Un vampire avec des ailes... c'est la première fois que je vois une telle chose. Il est... il est bien plus puissant que ce que je pensais. Beaucoup plus puissant.
- Venelia. Me dit le roi. Viens ici.
Je fronce les sourcils, un rire s'échappe de ma gorge.
- Si tu choisis Edham, j'enfermerais l'Empereur et tu te marieras avec mon fils. Continue-t-il. Comme tu l'as toujours voulu.
Je lève la tête vers l'Empereur. C'est tentant. Je veux vivre loin de lui, je veux me marier avec un homme dont je fais confiance. Et cet homme n'est autre qu'Edham. Mais le roi vit dans une illusion.
Comment peut-il voir ce vampire aux yeux rouges, aux canines apparentes et la carrure imposante, et qui vient tout juste de sortir deux grandes ailes noires de son dos et se dire qu'il peut réussir à l'emprisonner ?
C'est tout simplement impossible, et tout le monde le sait. Il vient littéralement de projecter tous les gardes au sol rien qu'avec le vent qu'il a créé avec ses ailes.
Et l'Empereur ne dit rien, et au vu de son sourire il sait quelle sera ma décision.
- Je suis déjà mariée. Dis-je doucement.
Le roi semble contrarié par ma réponse. Je suis devenue son ennemi, désormais. L'ennemi du père de mon ami d'enfance, le père de mon premier amour.
- C'est pour cela que ta mère ne te voulait pas, dit-il avec colère, parce que tu es une lâche, Venelia.
- Père ! S'exclame Edham.
Blessée. Il m'a blessée. Et dans un excès de rage, je prends le couteau sur la table du dîner, et la pose sur sa gorge. Je ne le tuerais pas, mais je veux qu'il voit à quel point ses mots m'ont blessés.
- Ne parlez pas de ma mère. Dis-je froidement. Et n'essayez plus jamais de me contacter. Considérez-moi comme morte.
Je relâche le couteau et sors en furie du palais, suivis de l'Empereur et ses gardes.
- Venelia, tenez-vous à moi. Me dit l'Empereur.
Mais je ne fais rien. Trop en colère et déçue, je ne le sens pas poser sa main sur ma taille et s'envoler. Ce n'est que lorsque nous sommes dans les airs, que je lève le regard sur lui.
- Je ne savais pas que vous aviez des ailes.
- Ce n'est pas pour rien que la lignée du vampire originel règne. Me répond-il. Nous sommes les êtres les plus puissants, et nous ne pouvons être puissants si nous avons les mêmes pouvoirs que les vampires normaux.
Je hoche la tête. Il a sûrement d'autres pouvoirs dont je n'ai aucune connaissance. Et de jour en jour, je me dis que j'aurais du mal à me débarrasser de lui...
Un jour, je vais accepter ma totale défaite. Et j'ai peur que ce jour arrive bientôt.
VOUS LISEZ
Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...