Blood's Crown

23.

Je sors de notre appartement, alors que Venelia dormait toujours. La nuit dernière, j'ai dû utiliser mes pouvoirs trop fort à cause de la colère, ce qui fait qu'elle n'a pas pu se réveiller plus tôt que prévu.

Elle utilise sa relation avec le prince Edham contre moi. Et cela me rend fou de rage, je l'admets. Mon honneur est en jeu. Quel genre d'homme fais-je si mon épouse pense à un autre homme en ma présence ?

C'est humiliant.

- Azaël, te voilà. Dis-je.

- Oui, votre Majesté ?

- Tes recherches sur la princesse perdue avancent ? Lui demandais-je.

Il secoue sa tête.

- À vrai dire, non. Répond-il en grimaçant. Soit le roi l'a très bien caché, soit elle est réellement décédée. Et dans le dernier cas, ce sera quasiment impossible de la retrouver. Depuis, son corps doit être en décomposition.

Je hoche la tête. Je ne m'attendais pas à grande chose, je savais déjà tout cela, mais je préfère prendre mes précautions. Par mégarde, nous pouvons trouver une trace. Si elle est en vie, elle risque d'être un vrai problème et je n'aurais d'autres choix que de la tuer.

Venelia pleurera sa mort une seconde fois.

- Très bien. Je continuerais les recherches moi-même. Lui dis-je. Aujourd'hui, occupe-toi de la reine.

Il hoche la tête. Je m'apprêtais à partir, avant qu'Azaël m'interpelle à nouveau.

- Votre Majesté... je, uhm,... j'ai entendu ce qui est arrivé au dîner du roi des fées. Me dit-il avec hésitation. Vos ailes... vous savez ce que cela signifie, n'est-ce pas ?

- Je ne suis pas ignorant, Azaël ! Dis-je en fronçant les sourcils, en colère. Je le sais. Mais cela n'a rien à voir. J'ai sortis mes ailes car... je voulais montrer ma puissance. Rien de plus.

Il me regarde longuement. Nous savons tous les deux que c'est faux. Je n'ai rien contrôlé. Si je me contrôlait, je ne serais pas aussi idiot pour exposer un de mes pouvoirs secrets.

- N'en reparlons plus. Dis-je. Et j'espère que tu n'en parleras pas non plus à Venelia.

- Non, votre Majesté. N'ayez crainte, je ne dirais rien.

Je hoche la tête avant de m'en aller réellement, cette fois. Je descends dans le jardin du palais, là où réside toute la beauté de la nature. Je prends le temps de respirer, et de me calmer. Mes nerfs sont à vifs depuis quelques temps.

À cause de Venelia.

Et son ancien amant.

Rien que de penser à lui m'énerve.

- Venez. Dis-je sans me retourner.

Mes sœurs sont là, mais ne bouge pas, hésitants à m'approcher. Après que je leur ai demandés de s'approcher, elles ont bougés à pas lent.

- Vous n'avez pas à me craindre. Leur dis-je.

- Nous ne te craignons pas, Revan. Me dit Illara.

Je me tourne pour leur faire face et les regarde dans les yeux. Elles me craignent. Elles m'aiment, certes, mais elles me craignent. Elles pensent que je suis l'exact copie de mon père.

Comment mon épouse me fera confiance si mes propres sœurs me craignent ?

- Je ne suis pas père. Dis-je d'un ton plus posé. Je ne serais jamais lui. Je ne commettrais pas ses erreurs.

- ... Promis ?

- Promis.

Père avait ses qualités mais aussi ses défauts. Il ne s'empêchait pas de faire ressortir le plus pire de lui-même dans le palais. Avec ses propres enfants. Avec sa propre femme. D'un côté, je suis soulagé qu'il ne soit plus de ce monde.

J'ignore où il est en ce moment même, mais une chose est sûre, c'est qu'il n'est pas fier de moi.

Il me donnerait même quelques coups de fouets s'il était en vie.

Et cette promesse ? Il m'aurait forcé à la briser. Il m'aurait enfermé dans une chambre avec mes sœurs, ne nous autorisant qu'après avoir battus mes sœurs jusqu'à ce que leur dos devienne rouge. Et qu'à chaque fois que leur blessure guérissent, je leur en inflige des nouvelles en continue.

Pourquoi ?

Car je ne peux pas être différent de lui.

Revan doit être l'exact copie de son père.

En tout point.

Je dois même hériter de sa cruauté.

Mais j'aime mon père... et je n'arrive pas à le détester.

Je prends alors mes sœurs dans mes bras. Malgré les années vécues ensemble, je dois retravailler sur ma relation avec elles. Pas seulement avec les paroles, je dois également leur prouver que je ne suis pas comme mon père avec mes actes. Je ne suis pas père.

Je ne le suis pas. Le répéter le rendra-t-il vrai ? Si c'est le cas, alors je le répéterais : 

Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas mon père.

Je suis Revan. Simplement Revan.

- Revan ?

La voix de Kayda me coupe de mes pensées.

- Tout va bien ? Me demande Illara. Tu es devenu silencieux, d'un coup. 

- Tout va bien. Lui assurais-je. 

Elle me regarde longuement, ne me croyant sûrement pas. Mais je ne peux pas leur parler de mes craintes. Non. Mes soeurs et moi devons apprendre à nous connaître à nouveau. Et puisque nous avons des milliers d'années devant nous, je veux que durant ces années je sois la meilleure chose qui leur soit arrivé.

Je veux que moi, leur seule famille, soit un soutien et non un fardeau.

Je lève ensuite le regard vers le haut, sentant la présence de mon épouse. Elle est là, dans notre balcon, habillée et le regard baissé sur nous.

- Venelia s'est réveillée, je remonte la voir. Dis-je à mes soeurs. Mais je vous attends à notre table ce soir, au dîner. 

Je ne les laisse pas répondre et je m'en vais. Elles auraient refusées, sinon, craignant de briser "l'intimité" entre mon épouse et moi.

Je rentre dans l'appartement, et avec grande surprise, je vois que Venelia m'attend. Réellement. Elle ne tente pas de me fuir, de m'éviter. Non, elle m'attend.

- J'en ai rêvée, ce soir... Dit-elle doucement.

Je fronce les sourcils. Ce dont elle a pu rêver semble bien la déranger. 

- Mon père... Commence-t-elle doucement. Comment était-il lors de ses derniers instants ?

Et je n'aurais jamais pu penser qu'elle me demanderait une chose pareille.