J'ai décidé que pour le moment, ne plus mentionner mon père était une meilleure idée. Je suis restée à admirer les étoiles, sans dire un mot. Elles me rappellent ma mère. Son seul moment de paix était lorsqu'elle regardait les étoiles.
Comme si elles les supliaient silencieusement d'être l'une des leurs.
Et elle a fini par l'être.
- Parle-moi de ta relation avec Edham, Venelia. Dit-il, brisant le paisible silence. Pourquoi est-il si attaché à toi ?
Je soupire. Je ne peux pas lui parler de mes parents, alors autant lui donner quelques bouts de mon passé qui ne les concerne pas.
- ... Edham et moi, nous nous connaissons depuis petit. Lui dis-je. Et nous sommes tombés amoureux. J'avais un peu peur car il est une fée et je suis humaine. Nos pères, quand ils l'ont su, ont tentés de nous séparer. Je pense que mon père connaissait le secret du mariage des fées, alors il tentait de me protéger sans que je ne le sache.
Je l'entends respirer plus fortement, mais je n'ose pas le regarder.
- Mais cela ne nous as pas arrêté. Continué-je. Nous avons continués à nous voir, jusqu'à ce que je perde soudainement mes sentiments pour lui. Du jour au lendemain. Alors nous avons arrêtés de nous voir pendant des années... jusqu'à ce qu'il me revienne.
- Tu as complètement perdue tes sentiments pour lui ? Sans raison ?
- Sans raison. Répété-je. Mais ce n'est pas plus mal... sinon, je n'aurais pas survécu ce mariage.
Et j'ose enfin tourner ma tête vers lui. Il a l'air pensif.
- Peut-être que tu as perdue ta capacité d'aimer. Dit-il doucement. C'est rare, mais cela arrive chez les mortels.
- Sûrement. Dis-je en haussant des épaules. Cela ne change rien pour moi, de toute façon. Je n'ai personne à aimer.
- Si, moi.
Je fronce les sourcils. Lui ? Je ris légèrement face au ridicule de sa phrase. Je n'ai jamais réussis à aimer Edham, alors qu'il était un ange avec moi. Est-ce le buveur de sang, le meurtrier de mon père, que j'aimerais ?
- Ne soyez pas ridicule. Dis-je. Je ne vous aimerez jamais.
Il secoue sa tête avant de s'approcher de moi.
- J'aime les défis, Venelia. Me chuchote-t-il. Tu es mon défi. Une fois que tu deviendras la mienne, tu m'aimeras.
- N'en soyez pas si certain. Dis-je en croisant mes bras contre ma poitrine.
Il ne rétorque rien. Il prend les quelques mèches rebelles qui se sont posés devant mes yeux, puis il les place derrière mon oreille. Mon visage dégagé, il me fixe longuement dans les yeux.
Cette fois, s'il tente de m'embrasser, je leur repousserais. Cette fois, je ne me laisserais pas aller.
Je répète ceci sans cesse dans ma tête, pour ne pas oublier.
- Tu ne sais pas à quel point je rêve de faire de toi la mienne... de pouvoir t'embrasser quand j'en ai envie, de pouvoir te prendre dans mes bras quand j'en ai envie... me dit-il doucement. Je veux devenir ton véritable mari, Venelia.
Il semble si sincère mais je sais qu'il tente simplement de me séduire, car je ne suis qu'un défi. Une fois qu'il m'aura, il aura gagné. Puis il se lassera. Comme un enfant qui désire un jouet jusqu'à l'avoir, puis une fois obtenu, l'enfant s'en lasse rapidement.
Alors, je n'ai pu que former ces mots :
- Et je vous haïs, votre Majesté.
Je le haïs profondément, car je ne vois plus que lui quand je ferme les yeux.
Je le haïs car comme je n'ai plus le contrôle sur mon royaume, je n'ai plus le contrôle non plus sur mon propre corps.
Je le haïs, car je le désire autant que je le déteste.- Vraiment ? Dit-il d'un ton amusé.
Il pose sa main sur ma joue et penche sa tête, l'approchant de la mienne.
Pas cette fois, Venelia.
Je me lève brusquement, en le poussant. Il me regarde toujours d'un air amusé, confirmant mes doutes. Il joue. Il joue avec moi.
- Vous ne serez jamais mon mari. Lui dis-je, la voix tremblante de rage. Je ne serais jamais la vôtre ! Reprenez-vous vite, sinon je n'aurais d'autres choix que de vous blesser à nouveau !
- Avec mes illusions, ou un poignard, cette fois ? Dit-il en souriant. Si tu me le permets, je te suggère le feu. C'est douloureux et ce sera nouveau pour toi.
- Vous riez trop pour quelqu'un qui s'est fait tuer par moi. Rétorqué-je. Vous l'oubliez.
Il continue de sourire puis se lève, en s'approchant de moi.
- Et tu te rebelles trop pour quelqu'un qui m'a vu littéralement revenir d'entre les morts.
Je me tais. J'ai tendance à l'oublier, mais je ne veux pas m'empêcher de me révolter contre lui. Je suis mariée à l'être le plus puissant sur terre, et n'importe qui a ma place aurait été terrifié. Je suppose que ma haine ne laisse aucune place à la peur.
Puis... je dois l'admettre que depuis peu, il ne m'a plus donné aucune raison de le craindre.
- Plus sérieusement, Venelia, je sais que j'ai fait des erreurs, de grosses erreurs, dit-il en soupirant, mais je crois aussi aux deuxièmes chances. Je pense qu'il existe une rédemption pour moi.
- ... Est-ce que si... si vous pouviez revivre ce moment... je veux dire, avec mon père, l'auriez-vous tout de même tué ?
Et j'ai peur de sa réponse. Des deux réponses possibles. Oui, alors je ne pourrais jamais le pardonner. Non, je ne le croirais pas. Ou je me forcerais à ne pas le croire, car s'il dit non pour de vrai, cela en dit beaucoup sur ses sentiments pour moi. Cela voudra dire qu'il commence à m'apprécier. Et j'ai terriblement peur que cela arrive.
Car jusqu'à maintenant, je sais que ses sentiments pour moi ne sont que de la haine et de la luxure mélangée. Rien de plus.
- Je ne veux pas mourir. Comme toi tu ne veux pas mourir. Me répond-il. Alors oui. Oui, je le referais.
Réponse obtenue, je hoche la tête. Même si je le voulais, je ne peux pas lui donner ce qu'il veut. Un véritable mariage. Mon père est entre nous et il est un obstacle trop gros pour pouvoir le passer.
- Bonne nuit, votre Majesté. Dis-je froidement avant de rentrer dans le palais.
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Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...