Blood's Crown

17.

Après que l'Empereur soit sortir de la chambre, je m'assois avec ses sœurs. Je garde ma main proche de ma jambe, là où est attaché ma dague, au cas où elles tenteraient quoi que ce soit.

- Cela ne te dérange pas si l'on se tutoie ? Me demandent-elles. Nous faisons partis de la même famille, désormais.

De la même famille... je ris intérieurement. Le pensent-elles réellement ?

- Cela ne me dérange pas. Répondis-je.

Elles hochent la tête. Mon Dieu, c'est tellement gênant. Je ne sais même pas pour quelles raisons veulent-elles me voir. Aux dernières nouvelles, nous ne sommes pas amies.

- Par contre, tu vouvoies mon frère. Dit l'une d'entre elles, Kayda. Et il te vouvoie également.

- Car nous ne sommes pas proches. Dis-je.

Et elles se mettent à rires.

- Vous êtes mariés et n'êtes pas proches ? Demandent-elles. Vos vies sont littéralement liés.

- Oui, mais cela ne veut rien dire ! Dis-je sur la défensive. Nous nous détestons.

Kayda lève ses mains en l'air, en gardant le sourire.

- Alors vous n'avez rien fait ? Vous n'avez jamais passé de nuit ensemble ?

Je me mets à rougir. Je ne m'attendais pas à cette question, je l'admets. Et je suis étonnée de la facilitée qu'elles ont pour demander.

- Non. Non, jamais. Répondis-je. Et je n'y compte pas.

- Oh... je vois. Dit la deuxième sœur, Illara. C'est indiscret mais puis-je savoir la raison de pourquoi tu le détestes ?

Elles devraient le savoir. Tout le monde sait ce qu'il s'est passé entre le royaume des humains et l'empire des vampires.

- Quelqu'un de votre famille a tué ma sœur jumelle alors que nous étions petites. Lui dis-je. Puis la guerre a recommencée. Puis mon père a tué le vôtre comme vengeance, et votre frère a tué mon père.

Mais je regrette instantanément d'avoir dis ces mots d'une manière si détachée, en voyant leur sourire diminuer.

- Nous ne savions pas. Disent-elles en grimaçant. Père nous gardait éloigné de la politique et de la guerre. Nous sommes vraiment désolé pour ta sœur et ton père.

À l'entente de leurs paroles, je ne peux m'empêcher de ressentir des remords. Elles ne savaient pas. Et au ton de ma voix, je suis certaine qu'elles pensaient que je les tenais responsable. Enfin, c'était le cas. Elles sont les sœurs de l'Empereur. Je ne pensais pas qu'elles n'étaient conscientes de rien.

- Enfin, parlons d'autres choses. Renchérit Illara. Avant mon frère, tu aimais quelqu'un ?

Son sourire est réapparu et elle fait comme si je ne les avais pas accusé de la mort de ma sœur et mon père. Je devrais accuser seulement leur frère. Personne d'autre. Mais je ne sais pas si je peux leur faire confiance.

- Non. Dis-je simplement.

- Tu mens... on peut le sentir lorsque les humains mentent. Me disent-elles.

Oh. En voilà une chose que je ne savais pas. Je me dois d'être honnête, alors...

- Bien... Alors, oui, j'aimais quelqu'un. Mais c'était il y a très longtemps.

Elles semblent soudainement très intéressés.

- Qui est-ce ?

- Le prince Edham. Leur répondis-je. Le prince héritier des fées.

Et inconsciemment, un léger sourire se dessine en me souvenant de lui. Je me demande bien ce qu'il fait, s'il va bien et s'il pense à moi, quelques fois. Peut-être qu'il s'est finalement trouvé quelqu'un.

- Comment était-il avec toi ?

- Honnêtement ? Il était merveilleux. Il faisait toujours attention à moi, il faisait tout pour voir un sourire sur mon visage. Il m'aimait beaucoup. Il est resté à mes côtés, même lorsque je lui disais sans cesse que je ne l'aimais pas de la façon dont il m'aime.

- Tu ne l'aimais pas ? Me demande Kayda.

Je secoue ma tête.

- Lorsque j'étais petite, oui. Mais j'ai perdue mes sentiments envers lui du jour au lendemain. Dis-je en haussant des épaules. J'ai essayé de les faire revenir mais je n'y arrivais pas. On a arrêté de se voir pendant plusieurs années, d'ailleurs, mais ses sentiments n'ont jamais changés pour moi.

- Waw. Souffle Illara. Je ne sais pas comment tu as fais pour ne pas tomber amoureuse de lui. Il est tout simplement incroyable.

- Moi non plus je ne sais pas. Dis-je en soupirant.

Parce qu'il faut l'admettre, Edham est l'homme dont rêve toutes les femmes. Il était prêt à tout pour moi, même si je ne pouvais rien lui donner en retour.

- Ce n'est plus grave, désormais. Mon frère réussira à te faire tomber amoureuse de lui. Rétorque Illara.

- J'en doute. Répondis-je. Ses actes sont impardonnables.

Et je baisse le regard sur ma main que j'ai cachée à l'aide de gants. Cette cicatrice qui ne représente que le début de sa cruauté, cette cicatrice qui n'est que la première sur une longue liste.

- L'Empereur et moi mourrons ennemis. Continuais-je. Enfin, je mourrais. Lui, vivra.

- ... Tu ne considères pas devenir vampire ? C'est risqué, certes, mais être immortelle est un cadeau. Me dit Kayda.

- Un cadeau que je refuse. Dis-je en haussant des épaules. Ma mère, mon père et ma sœur sont partis. À quoi me servira de rester ? Et puis... je ne veux pas briser le court des choses. Chaque chose a un début et une fin.

Je ne veux pas leur dire car elles semblent être de bonnes personnes mais... je vois les vampires comme des créatures démoniaques, des créatures du mal, remplis de cruauté, et je ne souhaite pas leur être associé.

Et disons que j'accepte, l'Empereur refusera certainement. Puis... je peux mourir durant le processus. Car je dois mourir avant de revenir à la vie, en tant que vampire. Sauf que cela dépend de la chance. Soit je reviens à la vie, soit je meurs lors du processus. C'est un risque que je ne souhaite pas prendre.

Je ne veux pas continuer à vivre alors que mon cœur a cessé de battre.

- Si c'est ce que tu souhaites... me dit Illara. Mais sache que ma sœur et moi sommes là pour toi désormais. Je sais que ce n'est pas évident de rester dans ce palais sans connaître personne.

- Et... nous ne sommes pas comme notre frère. Dit Kayda. Nous avons déjà aimé des humains dans le passé, nous pouvons te comprendre.

Je leur souris. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de leur faire confiance, mais elles ne semblent pas mauvaises. Et... je pense que j'ai réellement besoin d'un peu de compagnie. La solitude n'a jamais de bien à personne.