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Je m'assois sur le sofa avec l'Empereur, il ouvre la bouche et hésite légèrement à parler, mais d'une voix faible, il me demande :

- Tu lui as demandé en mariage avant moi ?

Cela ne sert à rien de lui mentir, alors je hoche la tête.

- Je suppose qu'il t'a prévenu comment se déroule le mariage chez eux. Dit-il en souriant. Tu devais beaucoup l'aimer pour l'accepter tout de même.

- Ils n'ont pas de cérémonie particulière. Dis-je en haussant des épaules. Leur mariage est normal.

Il paraît surpris, comme si je venais de dire une absurdité.

- Rien n'est normal dans leur mariage. Dit-il en haussant la voix. Bon sang, il ne t'a rien dit ! Dieu merci le mariage n'a pas eu lieu alors !

- Qu'était-il censé me dire ?

Il passe ses mains sur son visage, en soupirant.

- Leur mariage est littéralement un piège pour les mortels. Me dit-il enfin. Vous devenez leurs choses. Pas leurs femmes, pas leurs maris, mais leurs choses. Un objet. Et une fois que le contrat est signé, il n'y a aucun retour en arrière... Le mortel est coincé à jamais dans cette union, et si par malheur la fée meurt avant eux, le mortel est enterré vivant à ses côtés.

Je fais les gros yeux. Je n'ai jamais rien entendu de tel. Jamais. Mon cœur se met à battre rapidement, rien qu'à l'idée que cela soit vrai.

- C'est pour cela que très peu de mortels se marient avec les fées. Continue-t-il. Et les fées très amoureuses de leurs partenaires mortels ne se marient jamais. Ils vivent ensemble sans mariage.

- C'est impossible. C'est cruel. Et les fées ne sont pas des êtres cruels.

- Oh, Venelia. Ces créatures vous bernent avec leurs airs chaleureux, et leurs couleurs vives... Dit-il en secouant sa tête. Mais sache que les fées sont plus cruelles que les vampires. Ils n'ont aucune pitié. Nous, les vampires avons la capacité d'aimer, de détester, d'être bon ou mauvais, mais eux... eux vous veulent en tant qu'esclaves.

Je me relève, ayant entendu assez.

- Vous mentez ! M'écriais-je. Cela se serait fait savoir !

Il se lève à son tour et s'approche de moi.

- Tu sais autant que moi que les fées sont loyales entre elles. Me dit-il. Ils gardent tous leurs sombres secrets et ne les dévoileraient jamais, au risque de faire fuir leurs futurs et potentiels esclaves.

Je me sens trahie. Je n'avais plus l'intention de marier Edham depuis mon mariage avec l'Empereur, et je ne comptais plus non plus reprendre contact avec lui, mais apprendre qu'il savait dans quoi je m'embarquais sans rien dire... me brise le cœur. Le pire, c'est qu'il était insistant.

Comme s'il avait hâte de faire de moi son esclave, et que je me fasse enterrer vivante à ses côtés. Je pensais qu'il n'y aurait rien de pire que mon mariage avec l'Empereur, mais je me suis bien trompé.

- Toutes les espèces que vous nommez surnaturels sont mauvaises, Venelia. Ou en tout cas, envers les mortels. Dit l'Empereur doucement. Nous, les vampires, avons appris à être bon... grâce à vous, même si je déteste le dire.

Je lève le regard sur lui. Et je regrette tellement, tellement le fait qu'il ait tué mon père. C'est notre seule barrière. Notre seul obstacle... maintenant que je vois qu'il y a pire que lui, je ressens une certaine sympathie envers lui. Mon cœur s'incline un peu plus vers lui, bien que je tente toujours de le tirer en arrière.

- Vous m'avez sauvés, sans le vouloir. Dis-je d'une petite voix.

- Notre mariage se révèle chaque jour comme une bénédiction. Dit-il en me regardant dans les yeux.

Je finis par m'asseoir. Et dire que j'étais tellement déçue que je n'arrivais pas à aimer Edham. Il s'avère que mon cœur savait ce que je ne savais pas. Il me protégeait inconsciemment. Edham n'est pas la personne que je pensais. Il n'a jamais réellement été mon ami, il ne m'a jamais réellement aimé. Il voulait simplement me posséder.

- Ne sois pas aussi déçue, Venelia. Il va payer, je peux te l'assurer. Me dit-il.

- Non, non... c'est à moi de le faire payer. Lui dis-je. Si vous lui faites quoi que ce soit, je ne vous le pardonnerais jamais.

Il pose alors sa main sur ma joue.

- Très bien, ne t'énerve pas, chérie. Répond-il. Je te regarderais avec plaisir et fierté, le faisant regretter.

- Et si je lui fais quelque chose d'horrible... ne seriez-vous pas déçue de moi ? Dégoûté ?

- Non. M'assure-t-il. Je serais terriblement fier de toi. Je te regarderais devenir la reine des ténèbres avec joie.

Je secoue la tête, exaspérée, mais néanmoins, avec un léger sourire. J'avais besoin de l'entendre. Même si je ne me vois pas devenir une personne cruelle, je sais qu'au bout d'un moment, l'Empereur m'amenera avec lui dans les abysses des ténèbres. Il est le diable, et je suis l'ange qu'il entraîne avec lui en enfer.

Si je reste plus longtemps avec l'Empereur, son influence sur moi commencera à se faire remarquer...

Il fera de moi un ange déchu, et la reine de l'enfer.

Et le pire c'est que cela ne me dérange pas plus que cela.

- Il se fait tard. Me dit-il. Tu devrais te changer et aller te coucher.

Je hoche la tête. J'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil, rien que pour tout oublier pour quelques heures. Je rentre dans la salle de bain, et me prépare pour dormir.

Après un moment, je sors et m'approche du sofa. L'Empereur est déjà couché sur le lit.

- Tu ne veux toujours pas dormir dans le lit ? Me demande-t-il. C'est plus confortable.

- Je me suis habituée. Lui répondis-je. Le sofa me convient.

- Je comprends. Tu as sûrement peur d'être obsédée par moi, après que l'on ait dormi ensemble.

Je roule des yeux, puis m'allonge sur le sofa en mettant la couverture sur moi. Je lui donne mon dos, afin de lui faire comprendre que je ne veux plus parler. Je l'entends alors soupirer fortement, avant qu'il n'éteigne la lumière.

- Bonne nuit, ma femme.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant