Blood's Crown

27.

Je rentre dans la silencieuse et sombre prison, logée près du palais. Bien-sûr, je n'ai pas pu sortir seule. Des gardes m'ont accompagnés jusqu'à la porte. J'ai alors fermée la porte derrière moi puis je me rends à la cellule d'Edham. Cela me paraît si étrange de le voir ainsi.

- Edham. Dis-je doucement.

À l'entente de ma voix, il se lève, les yeux déjà brûlants. Je sais que cest risqué, que l'Empereur pourrait me punir pour cela, mais j'ouvre sa cellule. Je rentre à l'intérieur et m'enferme avec lui.

- Tu es venue, Venelia... Souffle-t-il.

Je hoche la tête, l'air neutre. Je ne veux ni sourire, ni paraître chaleureuse, plus je le rejette dans mes actions, plus il réussira à se détacher de moi facilement.

Alors que j'étais perdue dans mes pensées, je ne l'ai pas sentis s'approcher de moi et poser ses lèvres sur les miennes. Je suis tentée de répondre à son baiser, mais ma raison est plus forte, alors j'arrive à le repousser sèchement.

- Je suis mariée, Edham ! M'exclamais-je.

- Je te l'ai dis, Venelia... ton futur mari ne pourra jamais m'éloigner de toi. Me rappelle-t-il. Et je compte tenir cette promesse.

- T'es-tu demandée ce que je voulais, Edham ? Dis-je en fronçant les sourcils. Je ne te veux pas, je ne veux plus rien de toi. Je suis mariée, et... j'appartiens à l'Empereur. Je suis sa femme et il est mon seul amant. Il est le seul qui a le droit de me toucher... de m'aimer. S'il te plaît, ne complique pas les choses.

Il secoue sa tête, refusant de m'écouter.

- C'est lui qui t'as demandé de dire tout cela, hein ? Dit-il d'un ton énervé. La Venelia que je connais ne parlait pas d'elle-même de cette façon. Ce n'est pas toi.

Il me connaît trop bien. Trop bien pour que je lui fasse croire n'importe quoi. Honteusement, je n'ai plus quun seul moyen pour le repousser.

- Je me suis donné à l'Empereur l'autre soir. Dis-je doucement. Une chose que je n'ai pas faite avec toi, alors que nous nous connaissons depuis des années. Tu comprends, n'est-ce pas ? Ma place est à ses côtés.

Ses yeux s'assombrissent de colère, et il passe ses mains sur sa tête.

- Nous nous étions dits que je serais ton premier ! S'écrie-t-il. Marié ou pas, j'aurais dû être ton premier ! Aucun autre homme n'a le droit de te toucher.

- Trop tard. Soufflais-je. C'est trop tard, Edham. Je voulais me marier avec un homme puissant, et voilà que je suis mariée avec l'être le plus puissant au monde.

Il respire de plus en plus rapidement.

- Oublie toutes les promesses que je t'ai faites, car je n'en tiendrais aucune. Lui dis-je d'un ton ferme. L'Empereur va te relâcher, alors tu t'en iras et tu ne reviendras plus. Tu m'oublieras. Même s'il le faut, demande à ton père d'effacer ta mémoire mais ne me reviens plus. Plus jamais.

Il n'est désormais plus en colère, il est blessé, déçu. Déçu de moi, de mes paroles, de ce que je suis devenue. Mes paroles sont bien loin de la réalité, mais si c'est ce qu'il fallait pour qu'il ne revienne plus jamais.

- C'est ce que tu veux vraiment, ma Venelia ? Dit-il doucement.

- Oui. C'est ce que je veux.

Il soupire et à contrecœur, il acquiesce. Puisque j'ai eu la réponse que je voulais, je sors de sa cellule et l'enferme à nouveau. Si seulement je pouvais partir loin d'ici. Pas avec l'Empereur, pas avec Edham, juste moi. Je ne veux plus être reine, ni épouse, ni mortelle, je veux simplement m'éloigner de tout ce monde, et vider mes poumons en criant de toutes mes forces dans le vide.

Que ce serait beau d'être libre.

Mais ce n'est pas possible. Malheureusement.

Je sors de la prison. N'ayant rien d'autre à faire, je retourne dans mon appartement. J'aimerais parfois que l'Empereur me donne du travail à faire, le travail que fait généralement la reine de cet Empire. Ou tout simplement, que je continue le travail que je faisais dans mon royaume. Cela me permettrait au moins de penser à autre chose.

Une fois à l'intérieur de l'appartement, je n'ai eu le temps que de fermer la porte avant de me faire plaquer contre le mur. Et sans surprise, je vois l'Empereur face à moi. Il avait un sourire narquois, presque moqueur.

- Vous allez bientôt devenir menteuse professionnelle. Dit-il en riant. Même moi j'ai faillis croire à vos mensonges.

- Je me devais de le faire. Dis-je froidement. Sinon, vous l'auriez emprisonné, torturé et tué.

Il lâche un petit "mmh", signe d'acquiescement, tout en gardant ses yeux se balader sur mon visage et m'étudier minutieusement. Je ne sais pas ce qu'il lui prend.

- Vous l'aimez ?

Sa question m'a prise de court et je ne sais pas quoi y répondre. Oui ? Non ? Je ne sais pas ? Peut-être ? Lui dire la vérité ? Mentir ?

- Non, vous ne l'aimez pas. Dit-il dans un murmure. Non, sinon vous ne m'aurez pas épousés.

J'allais lui répondre mais ses doigts sur mes lèvres m'ont stoppés. Il trace le contour de mes lèvres avec son index, tout en les fixant. J'ai envie de le repousser. Mais son torse me paraît comme un gros bloc de pierre impossible à bouger. Même d'un seul millimètre.

- Je me demande quels goûts elles ont, souffle-t-il, pour que vous rendiez cet homme fou de vous. Pour qu'il soit aussi obsédé par vous. Y avez-vous mis un sort ?

- N'osez pas y toucher. Parvenais-je à dire.

- Pourtant, elles me tentent. Dit-il en faisant un sourire en coin. Elles m'appellent presque. Elles ne demandent que moi. Et je suis certaine que vous aussi.

La panique me gagne comme à chaque fois qu'il s'approche. Jusqu'à ce jour, seul Edham a touché mes lèvres et... et je ne veux pas qu'un autre les touche. Surtout pas mon ennemi.

- Vous aimez tant vous approcher de moi. Lui dis-je espérant le repousser. Êtes-vous amoureux de moi ?

Il se met à rire, en jetant sa tête en arrière.

- Ne vous méprenez pas, très chère. Dit-il en riant. Je désire ma femme comme un époux le ferait, mais je ne suis pas aussi faible que vous, les mortels.

Et il recule enfin.

- J'ai été proche de tant de femmes, et je n'en suis tombé amoureux d'aucune. Dit-il. Je suis maître de mes émotions. Pas vous.

Et il s'en va. Ce que je viens de comprendre de ce qu'il a dit, c'est qu'il n'aime pas parler de ses sentiments... noté.