Deux enfants couraient ensemble dans la neige. Ils semblaient si heureux, si détachés de la réalité.
Ces enfants ont grandis. Ils sont devenus des adolescents. Les deux ne se voyaient plus, ils étaient noyés dans la tristesse et les problèmes familiaux.
Puis ses adolescents ont grandis. Ils sont devenus des adultes. Des adultes qui n'ont plus rien de similaire à des enfants. Ils ont enterrés toutes leurs joies, acceptant cette défaite contre eux-mêmes, acceptant qu'ils n'arrivaient jamais à être pleinement heureux.
Puis enfin, une adulte a grandie. Elle est devenue âgée. Sur son lit de mort. Elle se ressasse ses souvenirs passés, la larme à l'œil.
Et moi ?
Moi, je regarde cette femme lâcher son dernier souffle, alors que je la suppliais de me laisser la transformer en un être immortel. Mais elle refuse. Encore et encore. Elle refuse jusqu'à ce que son regard se fige et qu'elle rende son dernier souffle.
Et je pleure. Encore et encore. Comme une boucle sans fin. Je pleure, jusqu'à ce que le visage de cette femme âgée devient nette...
Venelia.
Je me réveille en sursaut, regardant autour de moi, cherchant Venelia du regard. Lorsque je la vois endormis sur le sofa, je relâche tous mes muscles et soupire de soulagement. Elle est en vie.
Je l'ai vu, âgée et mourante. Et Dieu, cette vue m'était terrible.
Je me relève du lit et m'approche d'elle. Elle dort si paisiblement... je me penche vers elle, et la porte dans mes bras. Elle doit avoir tellement mal au dos à force de dormir sur ce sofa inconfortable. Et sa fierté la pousse à me rejeter constamment. À rejeter le confort, pour éviter d'être à mes côtés.
Je la pose délicatement sur le lit, mais en voulant me relever, je remarque qu'elle a sa main attaché sur mon haut. Ce geste m'arrache un sourire, alors que son visage était proche du mien.
- Tu me veux, mais tu me rejettes... Murmurais-je.
Mes yeux descendent sur ses lèvres. Je déteste le fait que je ressentes toujours les sensations de ses lèvres sur les siennes. De cette tendresse, cette douceur... et de l'urgente envie de faire d'elle la mienne. De faire d'elle ma véritable femme.
Je m'éloigne d'elle, en enlevant sa main de moi, puis pose la couverture sur elle. Une fois fait, je me tourne pour aller sur le sofa, mais quelque chose dans le ciel m'empêche de bouger.
Une étoile filante.
C'est idiot, je sais. Et je ne crois pas en cela. Mais j'ai envie de ressentir un certain espoir que quelqu'un puisse entendre mon souhait, et qu'il le réalise. Alors je ferme les yeux, et fais un souhait. Celui qui est que je ne témoigne jamais de la mort de Venelia. Qu'elle devienne, par miracle, immortelle elle aussi.
Peu m'importe la façon, tant qu'elle ne connaisse jamais la mort.
Puis je m'allonge ensuite sur le sofa. Je la vois s'endormir plus confortablement sur le lit, alors je souris, avant de m'endormir à mon tour.
- Fais de beaux rêves, mon ennemie favorite.
VENELIA
Le lendemain, je me réveille, sentant une sensation de douceur et de quiétude. Je tapote autour de moi, avant de comprendre que je ne suis plus sur le sofa. Je me lève en sursaut, je suis sur le lit.
Mon regard tombe alors sur l'Empereur, il dormait sur le sofa. Je ressens alors la boule au ventre. Pourquoi a-t-il fait cela ? Cela fait des mois que je dors sur le sofa, ce n'était pas aujourd'hui que cela allait me déranger.
Je me lève du lit en lançant quelques fois un regard vers l'Empereur. Petit à petit, mes pensées sur lui s'effacent et je me rappelle de notre conversation de la veille. Sur Edham. Le même sentiment d'avoir été trahis me revient.
J'aurais dû m'en douter. Les fées, comme les sirènes, sont tous les deux semblables. Les deux semblent être des créatures magnifiques, inoffensives, mais la réalité est tout autre. Les fées sont bien plus discrètes sur leur cruauté, les sirènes ne s'en cachent pas. J'aurais dû le comprendre plutôt. J'allais bêtement me mettre en danger.
J'allais finir ma vie en tant qu'esclave.
- Bonjour, ma chère femme. Entendis-je. Bien dormis, j'espère ?
Je tourne ma tête pour faire face à l'Empereur. Il me souriait - comme d'habitude -.
- Vous n'étiez pas obligés... Dis-je, gênée.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Dit-il, d'un air faussement innocent.
Il se lève ensuite du sofa pour s'approcher de moi.
- Pourquoi ne veux-tu pas que l'on dort ensemble ? Me demande-t-il à nouveau. Tu me fais confiance, désormais. Tu sais que je ne te ferais aucun mal.
- Je ne vous fais pas confiance. Rétorquais-je.
- C'est donc pour cela que tu m'as cru hier, lorsque je t'ai parlé de ton prince, ou bien lorsque je t'ai dis qu'il était celui qui t'as tiré dessus. Me rappelle-t-il. Tu m'as cru, sans te poser de questions. Si ce n'est pas de la confiance, qu'est-ce que c'est ?
Je détourne le regard, prise à mon propre piège. Est-ce possible d'avoir confiance en son ennemi ? N'est-ce pas une contradiction évidente ? Cela me semble improbable.
Et au vu de son regard, il allait continuer à me taquiner sur ce sujet, alors pour le faire taire, je me devais de dire une vérité.
- ... Je n'ai jamais dormis avec un autre homme. Finis-je par dire. Et cela me paraît intimidant de le faire pour la première fois.
Il a l'air déconcerté face à ma réponse, je ne saurais dire à quoi il pense mais il semble bien surpris.
- Jamais ? Répète-t-il plus doucement. Mais... Le prince ?
- Nous nous sommes simplement embrassés. Il n'y a jamais eu rien de plus. Lui avouais-je. Je n'ai jamais dormis avec lui dans la même pièce. Ni dans le même palais, d'ailleurs.
Et je ne sais pas pourquoi, mais mes paroles agrandissent le sourire de l'Empereur. Il est ravi. Terriblement. Je ne saurais dire si cela est une bonne ou mauvaise nouvelle.
- Bien. Répond-il. Tout ce que tu n'as jamais fais, tu le feras avec moi, alors. Et je ne parle pas que de dormir... mais aussi des petites choses du quotidien, des choses dont tu as rêvée et que tu n'as jamais pu réaliser.
Il m'a prise de court. Je pensais qu'il allait mentionner les relations intimes. Étonnement, il ne l'a pas fait. Ce n'est pas ce qu'il veut de moi.
- Je pense qu'il est temps de réellement agir comme de vrais époux.
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Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...