46.

328 29 0
                                    

Le lendemain matin, Azaël m'a demandé de me préparer, j'allais sortir en ville avec l'Empereur. Hier soir, il est rentré dans notre chambre, pâle. Plus pâle qu'il ne l'était. Je l'ai suivi du regard, il n'a rien dit. Il s'est seulement posé sur le lit, et s'est rapidement endormi.

Alors nous voilà en ville, habillé comme les gens à l'extérieur pour ne pas nous faire reconnaître. Ce n'est pas une visite royale, mais une sortie personnelle dont je n'ai toujours pas compris le but.

- Allez-vous me dire la raison de notre venue ? Lui demandais-je.

Il baisse sa tête vers moi, ne disant rien. Il allait parler, avant de se faire interrompre par un bruit. Un cri désespérée. Le cri d'un homme. J'allais me diriger vers la source de ce cri, mais l'Empereur m'en empêche.

- Je ne pense pas que vous aimeriez voir cela. Me dit-il.

Je dégage sa main de mon bras et me dirige tout de même vers cet homme. Je vois une foule et passe entre eux. Un homme était à genoux au sol, avec une femme dans ces bras. Elle n'était pas très jeune, ni très âgée. Elle devait avoir la cinquantaine.

- Oh mon Dieu, vous...

L'homme s'approche de moi et s'agrippe au bas de ma robe.

- Vous êtes humaine. Dit-il en pleurant. Je vous en supplie, sauvez-la !

Je tourne la tête vers l'Empereur, qui me regardait longuement, sans rien dire, sans me montrer aucune indication à ce que je dois faire. Je décide de me mettre à genoux et vérifier le pouls de la femme. Il est faible. Très faible.

Je procède alors à un massage cardiaque. Je regarde la femme avec espoir qu'elle se réveiller. Tout le monde regardait, curieux de savoir la suite des événements. Je commence à stresser lorsque je vois que la femme ne répond pas.

- Allez, allez...

Je vérifie à nouveau son pouls, mais cette fois... cette fois, il n'y a plus rien. Je pose ma joue proche de sa bouche, espérant sentir un souffle. Rien. Je baisse ma tête vers son cœur, espérant entendre un battement. Toujours rien.

Et tout le monde est resté silencieux. Les vampires savent qu'elle est partit. Ils peuvent entendre les battements de cœur de loin. Cet homme que je présume être son mari, tombe au sol, le regard rempli de douleur.

- Je suis désolée... Dis-je tristement.

Il pleure encore plus. Je n'ai pas réussis à la sauver. Je n'ai pas été utile. Je ne pouvais rien faire. Son destin était déjà scellé.

- Elle était une mortelle... dit l'homme faiblement. Elle était vouée à mourir. Mais je n'y étais pas préparé.

Tristement, il la prend dans ses bras.

- Je la voyais vieillir, je la voyais perdre ses forces, mais je l'aimais ! Dit-il, la voix brisée. Dieu, que je l'aimais !

Personne n'osait dire quoi que ce soit. C'est la première fois que je vois ce genre de chose... un vampire aussi détruit après la mort d'une humaine. Et je n'ose imaginer leur douleur. Ils devront vivre une éternité avec cette peine, peut-être sans jamais pouvoir guérir.

Je finis par me lever, et le reste aide le vampire à se relever avec sa femme dans les bras. L'Empereur, lui, avait toujours le regard rivé sur moi. L'homme s'en va ensuite, la tête baissée. Malgré moi, je sens des larmes se former dans mes yeux. Peut-être est-ce notre punition pour s'être mélangé avec nos ennemis naturels ?

- Allons-y, Venelia. Me dit l'Empereur. Ils sont partis.

- Devrions-nous le suivre et l'aider ? Lui demandais-je. Il ne va pas bien.

- Venelia, nous avons la capacité de nous en remettre. Me répond-il doucement. Ce sont des choses qui arrive fréquemment...

Mais je n'arrive pas à retirer ce sentiment de culpabilité, de pitié. Ils peuvent éteindre leur sentiments, je le sais, mais ne ressentent-ils réellement rien à ce moment-là ? Cela peut-il vraiment soulager leur peine ? J'ai du mal à y croire.

- Allons-y, nous allons être en retard. Me dit l'Empereur.

Je soupire puis reprends mes esprits. J'ai de la pitié pour son peuple, mais je suis certaine que lui n'en aurait pas. Il m'attrape par le bras et me fait avancer, voyant que je ne bougeais pas.

- Comment pouvez-vous être aussi... peu sentimentale ? Lui demandais-je. Je veux dire, les cris et pleurs de cet homme ne sont pas une chose facilement oubliable. N'importe qui avec un cœur serait ému.

- Je vous l'ai dis, ce sont des choses qui arrivent. Tant que vous allez nous côtoyer, nous devrons côtoyer la mort également. Dit-il en haussant des épaules. Et... je vous l'ai dis, je ne possède pas de cœur.

Je secoue ma tête, exaspérée.

- Mais cet homme...

- Cet homme n'est pas comme moi, Venelia. Me coupe-t-il. Aucun vampire n'est comme moi.

Arrogant. Je roule des yeux. Je suis l'Empereur sans savoir où aller, je sais seulement que l'on commence à s'éloigner de ma ville et que l'on pénètre dans une forêt.

- Que faisons-nous ici ? Demandais-je.

- Suivez-moi, vous verrez. Me répond-il.

Je sais qu'il ne dira rien d'autre, alors je le suis en silence. Après quelques minutes de marche, je commence à voir un grand palais. Pas aussi grand que le sien, par contre.

Les gardes en voyant l'Empereur ouvre rapidement la grande porte. L'Empereur me prend par la main - que je ne serre pas en retour - puis m'emmène avec lui à l'intérieur du palais. Nous montons plusieurs escaliers jusqu'à arriver dans une salle, qui semble plus être une salle d'archives.

- Que faisons-nous ici ?

- Nous sommes venus faire des recherches sur votre soeur. Me répond-il.

- Ma sœur ?

Je regarde autour de moi. Il y a pleins de documents, dossiers et livres. Savoir qu'il y a peut-être une réponse sur ma sœur ici, fait battre mon cœur follement.

- Vous êtes enfin là.

Je tourne ma tête en entendant la voix d'une femme. Elle s'approche de nous, en souriant. Elle a un œil rouge, et l'autre violet. Je présume alors qu'elle est mi-vampire, mi-sorcière.

- Oh, dit-elle avant de faire une rapide révérence, ma reine. Je suis honorée de vous avoir dans mon palais... je me présente, je m'appelle Emmaline.

Emmaline... ?

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant