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Revan est absent depuis ce matin. Il a beaucoup de travail. Il doit rattraper tout ce qu'il a mis de côté pour rester avec moi... Même si je m'en veux légèrement, il m'a été d'une grande aide. Apprendre que toute sa vie est un mensonge peut faire questionner n'importe qui sur sa propre raison... Ou bien faire douter sur notre propre existence.

Et je sais que cette situation est autant compliqué pour lui que pour moi, mais il ne dit rien. Il reste silencieux, et prend soin de moi. Revan est devenu un tout autre homme. Mais je ne veux pas qu'il sacrifie sa santé mentale pour moi. Alors je tente de lui montrer que je me soucie de lui, à ma façon. Que je suis à ses côtés, pour toujours.

- Votre Majesté, dit une servante, l'Empereur vous demande de le joindre dans la salle du trône.

Je fronce les sourcils. Dans la salle du trône ? C'est étrange. Nous ne nous voyons jamais là-bas. Mais je me lève, et sors de mon appartement. Je m'inquiète qu'il y ait quelque chose de grave, alors j'accélère le pas. Et voir qu'il n'y a aucun gardes m'inquiète encore plus. Ils sont d'habitude postés devant chaque salle, chaque chambre.

J'arrive alors devant la salle du trône. J'ouvre la porte de moi-même, et y pénètre. Je vois Revan, assis sur le trône, d'un air calme. Et face à lui, il y a un homme, habillé de l'uniforme des gardes royaux. Cet homme tient dans sa main une épée, et la pointe sur Revan.

- Que se passe-t-il ici ?! M'écrié-je.

Revan lève la tête vers moi, un léger sourire aux coins des lèvres. L'homme, lui, tourne légèrement sa tête vers moi, en gardant toujours un œil sur Revan.

- Votre Majesté, enfin vous voici. Dit-il en souriant. Le temps est venu pour vous de retourner dans votre palais, auprès de votre peuple. Je suis venu vous sauver.

- Je n'ai nul besoin d'être sauvé. Dis-je en fronçant les sourcils. Lâchez cette épée immédiatement.

L'homme secoue la tête. 

- Vous parlez sous la contrainte. Fuyez, votre Majesté. Fuyez, je vais m'occuper de l'Empereur. Je le tuerais, et vous serez enfin libre !

- Mais ne comprends-tu pas ?! M'exclamé-je. Je ne quitterais pas l'Empereur ! Relâche cette arme tout de suite. Si tu tues l'Empereur, je mourrais avec lui.

- Non, le lien de sang a été brisé. M'informe l'homme. Hier soir, la pleine lune n'était pas rouge.

J'écarquille des yeux. Il doit y avoir une erreur quelque part. Mon sang est bien lié à celui de Revan... Je lui lance un regard, et il ne m'a fallu que de voir son air calme et rassuré pour comprendre. Il a brisé nos liens.

Je savais qu'il était impossible pour cet homme de tuer Revan. Une armée entière n'en serait même pas capable. Mais malgré cela, mon esprit n'est pas calme. Je sens en moi comme un pulsion pour le sauver, le protéger du danger. Même sans le lien de sang, je sens mon âme connecté à la sienne, et pour cette raison, je perds le peu de calme que j'avais :

- Je te commande, crié-je, relâche cette arme ! Je te l'ordonne !

- Pardonnez ma désobéissance. Dit l'homme en tenant l'épée plus fermement. Nous avons une occasion qui ne se représentera sûrement jamais. Tant que ce lien est défait, je vais vous sortir de là. Je vais mettre fin à notre cauchemar. A vous. A tous les mortels.

- Désobéis-tu à ta reine ?! Dis-je, ahurie, avec les yeux gros. 

Je balaye la salle du regard, et je tombe sur l'épée du vampire originel, cette épée qui nous a marié, Revan et moi. Je la prends entre les mains, prête à protéger mon mari. Je ressens une légère douleur à la main. Et cette douleur confirme les dires de l'homme. Lorsqu'une mortelle qui n'a pas le sang lié à un vampire de la lignée du vampire originel touche l'épée, l'épée se protège elle-même.

- Tu ne tueras pas mon mari, et je ne partirais pas de ce palais. Dis-je, d'un ton autoritaire. J'aime l'Empereur, alors je ne laisserais personne le toucher, pas même un de mes sujets !

L'homme est abasourdi. Il baisse l'épée, en se tournant vers moi.

- Vous... Hésite-t-il, vous nous avez trahis ?

Revan se lève enfin du trône, et s'approche lentement de nous. Et la première chose qu'il ait dite depuis tout à l'heure : 

- Aimer est-ce trahir ?

L'homme se tourne vivement vers Revan, il dégaine à nouveau son épée. Sans plus attendre, je pointe à mon tour l'épée.

- Oui ! Rétorque l'homme. Lorsque notre reine se tourne contre nous pour notre ennemi, c'est de la traîtrise.

- Alors... 

Je donne un coup à l'épée de l'homme qui tombe au sol, et Revan en profite pour attraper ses bras. Je m'approche du visage de l'homme, et lui chuchote le reste de ma phrase :

- Je me proclame avec fierté la reine des traîtresses, et je me sentence à une vie entière avec mon époux.

Je me recule ensuite lorsque les gardes ouvrent la porte et entrent dans la salle à plusieurs. Revan leur donne l'homme, puis leur ordonne de le jeter dans le donjon. Et rapidement, ils s'en vont tous. Je ne comprends rien. Où étaient-ils jusqu'à maintenant ?

Soudain, je sens Revan m'attraper par la taille par derrière, et il niche son visage dans mon cou.

- Et je me sentence à une vie entière avec toi. Me murmure-t-il.

Ma respiration s'accélère lorsque je le sens si proche. Cet homme réussit à avoir tant d'effets sur moi, et même avec l'habitude, je ressens toujours autant de chaleur à son touché.

- Pourquoi... as-tu fais cela ? Lui dis-je doucement. J'étais inquiète.

- Doutes-tu des capacités de ton mari ?

Je me tourne pour lui faire face, son regard me dévore déjà, et je tente le tout pour garder ma concentration.

- Non, mais...

- Il s'est cru intelligent de voler l'uniforme de mes gardes. M'explique-t-il. Je voulais lui donner son heure de gloire avant sa fin. Mais te voir être aussi protectrice envers moi, aussi autoritaire, et dominante me... me plaît vraiment.

Je sens des papillons dans le ventre. Littéralement. 

Mais il y a une chose que je dois faire avant de résister à la tentation. Je prends l'épée, et fais une légère coupure sur son cou, avant qu'il ne puisse m'en empêcher, j'amène ma bouche sur son cou et bois quelques gouttes de sang. 

- Non, Venelia... se plaint-il, je ne veux pas te mettre en danger avec moi. Je veux que tu vives, même si moi je suis mort... que ma mort ne soit jamais la tienne.

- Ssh. Murmuré-je, tout en embrassant son cou. Tu es autant le mien que je suis la tienne... ta vie est la mienne, ton sang est le mien. Je suis toi, et tu es moi.

Je l'entends avaler difficilement sa salive. Enfin, il me porte et j'enroule mes jambes autour de sa taille. Il m'amène jusqu'au trône, en m'embrassant langoureusement, avec passion. 

- Bien, ma reine, je vais te montrer à quel point je suis le tien...

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant