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- Vous ne dormez pas, je le sais.

J'ouvre lentement les yeux, ne voulant pas lui faire face. Il vient d'arriver. Même si je ne voulais pas le voir, je me force à me lever. Je ne pensais pas qu'il allait rentrer alors je me suis endormie sur le lit.

- Vous pouvez rester. Me dit-il. Je ne vais pas vous manger.

Je ne réponds pas et me dirige vers le sofa. Je pose correctement le coussin puis la couverture.

- Pourquoi ne parlez-vous pas ? Me demande-t-il.

Je me mets sous la couverture, lui lançant un regard ennuyé.

- Parce que je ne veux pas. Dis-je sèchement.

Il secoue sa tête en souriant, puis il s'assoit sur le lit. Je vois que son visage se décompose légèrement, et quand il sent mon regard sur lui, il se racle la gorge. Je ne le comprends pas. Je n'ai pas envie de le comprendre.

Je lui tourne mon dos, puis ferme les yeux pour m'endormir.

- Quelque chose s'est passé en mon absence ? Me demande-t-il.

Je ne réponds toujours pas. Sa voix m'insupporte tellement. Voyant mon manque de réponse, je sens une sorte de présence dans mon esprit et je comprends qu'il essaie d'entrer dans ma tête. Le sort d'Edham commence à faiblir...

- Inutile de lire dans mon esprit. Dis-je doucement.

- Alors dites-moi. Que s'est-il passé ? Insiste-t-il. Est-ce mes sœurs ?

J'en ai assez. Je me retourne violemment pour lui faire face, la colère dans les yeux.

- Vous êtes partis au palais de votre ex-amante ! M'exclamais-je.

Inattendu, il se met à rire. Beaucoup.

- Êtes-vous jalouse ?

- Non ! M'écriais-je. C'est simplement que... vous m'interdisez de voir Edham, mais vous faites ce que vous m'interdisez !

- N'ayez crainte, chère épouse. Dit-il en riant. Vous êtes la seule que je toucherais. Mon ex a des informations concernant l'empire. C'est tout.

Je me sens ridiculement honteuse mais je ne lui fais pas voir.

- Je l'espère bien, sinon j'irais voir Edham sans vous prévenir. Lui dis-je.

- Je ne vous donnerais jamais une raison pour le voir. Me répond-il. Donc à votre place, je commencerais à l'oublier.

Oublier Edham ? Cela me semble impossible. Il m'a fait ressentir des sensations que personne d'autre ne m'a jamais fait ressentir.

- Vous devez passer à autre chose. Pas que pour vous, mais pour lui. Me dit-il. Si vous ne cessez de faire des aller-retours vers lui, comment voulez-vous qu'il passe à autre chose également ? Vous allez le forcer à courir après une femme mariée.

Il a raison. Je le sais. Mais dans mon esprit, je ne resterais pas mariée avec lui pour longtemps. J'espère toujours m'en sortir de cette situation. Et si je m'en sors, je n'aurais personne d'autre qu'Edham.

À cause de ma mère, j'ai peur d'être seule. Terriblement. Et je sais que c'est égoïste de penser ainsi mais après mon père, je n'avais qu'Edham... et sans lui, je ne sais pas quoi faire. Je n'ai jamais été totalement seule. 

- Enfin, faites ce que vous voulez. Tant que vous ne vous approchez plus de lui. Me dit-il en haussant des épaules. C'est lui qui souffrira, pas moi.

Edham est mon ami. Je ne veux pas qu'il souffre. Quel genre d'ami suis-je si je le laisse souffrir ? Bien qu'il ne me voit pas comme son ami... je déteste cela. Je déteste qu'il ait raison. Mais pour le bien d'Edham, je vais l'oublier. Je vais cesser de courir vers lui dès que je suis seule.

Je trouverais sûrement quelqu'un que j'aimerais et qui m'aimera. Mon âme sœur... mais pour cela, je dois me débarrasser de l'Empereur.

- Vous savez... Dit-il en s'installant sur le lit. Si vous m'en avez laissé la chance, je vous aurais rendue très heureuse.

- Ah bon ? Et comment ? Lui demandais-je. Vous m'auriez aimés ? J'ai du mal à y croire.

- Non, je ne vous aurais pas aimé. Je n'en ai pas cette capacité. Mais je suis certain que vous serez heureuse avec moi. Dit-il en souriant. Les femmes sont souvent heureuses avec moi, même sans que je leur donne de l'amour.

Je secoue ma tête.

- Vous me rendez malheureuse. Dis-je sèchement. Avant même que l'on se rencontre, vous m'avez rendue malheureuse. Très malheureuse.

- Par rapport à votre père, je suppose ?

- Effectivement. Vous avez tués mon père. Je ne peux pas vous pardonner, je ne peux pas oublier. Dis-je doucement. Je pense à lui chaque fois que je vois votre visage.

Il ne dit rien un moment, puis soupire longuement.

- Vous savez, je n'avais pas d'autre choix. Dit-il. C'était soit lui, soit moi. Je ne pouvais pas fuir le combat, Venelia. C'est malheureusement des choses qui arrive en pleine guerre.

- Ce n'est pas une excuse. Vous aviez initié cette guerre. Dis-je avec reproche. Vous pouviez arrêter cette guerre. Vous ne l'avez pas fait. Vous-

- Mon père a été tué, Venelia. Me coupe-t-il. Si une personne est à blâmer, c'est votre père. Qu'étais-je censé faire, dites-moi ?

Mais mon père était l'innocent. Il a tué un tyrant. Un homme qui ne faisait que tuer des mortels à droite, à gauche. Mon père a fait justice à toutes ces âmes innocentes. Pour cette raison, il aurait dû pardonner.

- Personne n'est innocent dans une guerre. Dit-il, comme s'il avait lu dans mes pensées. Et ne me parlez pas de pardon. Vous même n'arrivez pas à me pardonner.

En fait, ce n'est pas comme si. Il a réellement lu dans mes pensées.

- Si c'était moi qui avez tués votre père... m'auriez-vous épousés ? Lui demandais-je.

- Sûrement... mais je n'aurais pas été clément. Je vous aurez fais la misère. Répond-il.

Sa voix est calme, posée, mais terrifiante.

- Pourtant... vous attendez de moi de faire comme si de rien n'était. Dis-je en fronçant les sourcils.

Il ouvre la bouche pour parler mais se ravise, comprenant que je venais de le mettre en piège. Si les rôles étaient inversés, il m'aurait torturé, voire tué à mon tour.

- Dormez. Me commande-t-il. Nous en reparlerons une autre fois.

Et il éteint la lumière. Je sais que nous n'allons pas en reparler. C'est certain. Il évitera le sujet, à présent. Mais pour moi, ce sujet n'est pas encore clos. Tant que nous resterons mariés, ce sujet ne sera pas clos.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant