114.

251 34 8
                                    

La flèche n'a pas pénétré ma chair. Je n'ai ressentis aucune douleur, aucun sentiment de quiétude. N'avaient-ils pas dis que la mort apportait la paix ? Pourtant, je ne la sens pas. J'ai l'impression que mon âme s'est détaché de mon corps.

Je ne me sens pas regarder le sol, et voir le corps de ma belle femme, je ne sens pas non plus le cri qui s'enfuit de ma gorge, ni les supplications qui quittent mes lèvres, ni même les larmes qui quittent mes yeux. Je ne me sens pas tomber à genoux, ni tenir son corps entre mes mains. Je ne sens pas non plus mon propre corps trembler de terreur, d'inquiétude.

- Venelia ?

Les mots sortent de ma bouche comme un murmure. Son nom résonne en moi comme un appel à l'aide.

- Venelia ? Réponds moi...

Ses yeux... ses beaux yeux ne s'ouvrent pas. La seule chaleur que je ressens est le sang qui quitte son corps à une vitesse fulgurante.

- Venelia, ma femme, mon Impératrice... Dis-je, la voix brisée. Ouvre les yeux, mon amour.

Mes pensées ne fonctionnent plus. Seul son nom résonne dans ma tête. Venelia. Venelia. Venelia. Venelia. J'entends ses rires. Je vois ses sourires. Il n'y a qu'elle...

Seulement elle.

Venelia.

...

L'Empereur avait le dos tourné à cette foule d'hommes, devenus silencieux. Seul les supplications du pauvre vampire se faisait entendre. Les gardes autour se regardaient entre eux, et c'est lorsque l'Empereur devient silencieux qu'ils ont baissés la tête.

L'homme qui aimait tant entendre les battements de cœur de sa femme, maudissait cette capacité. Ce qui était une bénédiction auparavant devint alors sa plus grande malédiction. Car sur ce sol froid, reposait le corps de l'impératrice des vampires. Son cœur venait de cesser de battre à l'instant.

Son front contre le sien, il se met à pleurer.

- Rendez-moi mon amour ! Sanglote-t-il. Je t'en supplie, Venelia, reviens !

Aucune âme sur terre ne pouvait entendre les sanglots de l'Empereur sans que son cœur ne se serre et se brise. Les gardes autour baissent leurs armes et s'agenouillent pour leur Impératrice. Ils savent. Tout le monde sait que désormais, l'Empereur se laissera mourir à petit feu.

Les grandes ailes noirs de l'Empereur sortent de son dos, et le couvre avec sa bien-aimé. Il lui donne un dernier baiser sur les lèvres dans cette intimité, mêlé à ses larmes, avant de la reposer au sol.

Bien qu'ils voient tous la peine de l'Empereur, aucun n'a vu sa colère survenir. Ses ailes étaient un clair avertissement, que quiconque craigne pour sa vie court. Qu'il s'enfuit loin. Très loin.

Sa rage montait. Montait, montait, demandait, criait d'être libérée et enfin, explosait.

Ses yeux rouges brillent dans la sombre nuit, et tous tremblent de peur. La lune aussi se cachait derrière les nuages par peur. Elle refusait d'illuminer la terre.

Puis, ses ailes lui permettent de voler. Ses longues et terrifiantes ailes. Coupant le souffle à la foule. Il était désormais au-dessus d'eux, au-dessus des gardes, au-dessus du palais et de l'empire. Sans bouger d'un cil, le regard toujours aussi froid et sombre, la terre se met à trembler. Les arbres dans la forêt tombent un par un, et le palais ne résiste pas non plus. Seul le corps de Venelia était protégé d'une barrière invisible.

La terre se fissure. Elle tremble. Encore et encore et encore. L'apocalypse, et le chaos, et les pleurs, et les cris, et les appels à l'aide, et les fuyards, et les lâches, et les adieux. Tous ces bruits résonnent dans la tête de Revan, et il n'était assoiffé que d'une chose ; le sang. Ils le voyaient tous comme un tyran. Et c'est ce qu'il allait devenir. Sans Venelia, il allait devenir un tyrant. Et il comptait ruiner le monde, le détruire, jusqu'à ce qu'il soit le seul survivant.

Les fées et les humains se font engouffrer par la terre. Certains sont déjà morts dû à la chute. D'autres utilisent les cadavres pour pouvoir sortir et fuir. Même s'ils survivent, ce traumatisme les hantera jusqu'à la fin. Certains l'ont compris, alors sans se débattre, ils ont acceptés leurs morts certaines.

En tuant la femme de l'Empereur, ils ont déchaînés un monstre. Ils l'ont cherchés, alors ils l'ont trouvés.

Et ce soir là, ce terrible soir marqué dans l'histoire, Revan met fin à la dynastie des fées. Edham est mort. Et son petit frère n'allait pas survivre. C'en était finis.

Revan sentait la chair, le sang, la terreur, la mort. Il voyait les âmes courir, fuir dans la peur, se réfugiant dans le royaume des morts. Là où les attendent leurs jugements. Là où les attendent le roi des mortels, leur faisant payer à son tour pour la mort de sa fille.

Lorsque Revan s'était assuré que tous étaient morts, il descend jusqu'à la terre et ses ailes disparaissent. Il s'approche du corps de sa bien-aimé, et la porte dans ses bras. Sa colère s'est dissipé et il ne ressentait plus que la tristesse dans le coeur.

Il ordonne alors à ses gardes, toujours en vie, de se débarrasser des corps. Le corps des meurtriers de sa femme. Et lui n'a pas pu la protéger. Cette pauvre mortelle, voulant l'immortelle, n'a pas pu survivre. Elle a enfin goûtée ce qu'elle craignait.

- Préparez mon cercueil. Ordonne l'Empereur à une servante.

Les yeux écarquillés, la servante rétorque :

- Mais, votre Majesté... Vo-Vous ne pouvez pas.

- Préparez mon cercueil, répète-t-il, sinon je n'hésiterais à détruire ce palais sur vos têtes.

Il n'avait aucune force de parler, pourtant il le devait. Il voulait que tous lui obéisse sans qu'il n'ait à se répéter, sans qu'il n'ait besoin d'user de sa force pour parler quand tout ce qu'il désire est de s'éteindre.

La servante acquiesce alors, tristement, comprenant la demande de l'Empereur. C'est sûrement la dernière fois qu'elle le verra, se dit la servante. Elle s'en va, laissant l'Empereur remonter dans sa chambre. La douleur est terrible, et le corps de sa femme bien que léger, lui semble tellement lourd à porter. Le poids de la mort est tellement, tellement lourd. 

Il s'enferme alors dans leur chambre, puis pose Venelia sur leur lit. S'il était mortel... s'il l'était, il aurait pleuré pendant des heures. Il n'aurait pas cru un instant que sa femme est décédée mais maintenant... il ne peut pas le nier, il n'a aucune raison de le nier. Quel mortel peut vivre sans son coeur ? 

Alors Revan retire ses chaussures, et s'allonge aux côtés de sa Venelia, sa reine, son Impératrice. Vingt-quatre ans, elle n'aura vécue que vingt-quatre ans. Et Revan n'aura rien pu faire pour l'en empêcher. Il se blâme même pour sa mort, c'est pour lui qu'elle s'est prise cette flèche qui lui a été fatal... C'est pour lui.

Et c'est pour elle qu'il abandonnera sa vie éternelle, et dormira à jamais dans ses bras. 

----

Ndt: La fin est très très proche, (plus que 4 chapitres) alors au lieu de publier les derniers chapitres tous les trois jours, je vais les publier tous les deux jours.

Et merci infiniment pour tous vos votes, commentaires et vues <3

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant