PHYBRAZ II

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Elnath la secondait désormais et tous deux détruisaient de manière remarquable les défenses ennemies. Si bien qu'au bout d'un moment tous reculèrent d'effroi. Plus haut, devant la porte ronde majestueuse du Temple, Omi semblait réaliser une sorte de rituel. Comme une incantation. Qu'était-ce encore ? Autour de lui certain hommes mourraient. Les Chevaliers-Faucon n'étaient pas en reste et tailladaient à qui mieux mieux, menés par l'un des meilleurs hommes de Neil en la personne de Brent Boguard : « Ne laissez pas les Magistères et l'Ordre de l'Aurore nous voler notre gloire. Pour Victoria, pour l'Empire ! » Organisés au millimètre près les victoriens laissaient béantes de véritables poches parmi les rangs ennemis. Là encore, la supériorité de l'Empire venait de son organisation rigoureuse et disciplinée. Phybraz se surprit même à penser que ces militaires avaient tout de même de bons côtés dans leur rigidité martiale que pourtant, il avait souvent raillée naguère. Elle nous est terriblement précieuse aujourd'hui... Lui-même avait tiré sa propre épée, Scarletneedle, et brettait à mort avec un soldat du Pays de Rokku. Ce dernier maniait une faux longue et bizarre, pourvue d'une lame épaisse et grise. Il reculait. Celui-là semblait plus capables que les autres. A bien y regarder ses atours se révélaient de meilleure facture. Sans doute un noble. Il ressemblait assez à Log. Plutôt à Toji de par sa carrure. Ses tissus amples de couleur certes marron tiraient à certains endroits sur le bleu foncé. Il crut bon d'accompagner ses assauts de sordides insultes : « Chien de victoriens... Vous allez payer votre domination impérialiste. Nous allons vous montrer ce que nous valons, nous les fiers héritiers de l'âme des monts de Rokku. » Encore ce discours stupide. Quelle domination ? Tout pays essayait de s'étendre. Cela paressait logique. C'était en tous cas ce qui était enseigné à Victoria. Et c'était ce qu'il avait toujours pensé. Non... Ce que l'on m'a toujours apprit à penser. 

Il prenait conscience tout à coup que toutes ses actions depuis ces dernières années visaient à changer cette politique impérialiste. Et en dehors de ses frontières, par instinct protectionniste, il redevenait comme les autres. « Non je... Nous pouvons... » La faux s'abattait. Un coup de pied pulvérisa les flancs de son adversaire. Il l'échappait belle ! La mort venait de l'épargner. Ou plutôt ce féroce coup de pied. En reprenant ses esprits il s'étonna de découvrir une toge grise de Magistère, des bottes de cuir typiques du Pacifique surmontées de métal et une chevelure dorée lisse. Des yeux bons et moqueurs presque clos à l'abris d'une physionomie lunaire. Ses mains se dissimulaient sous les plis de la toge. « Cherchez-vous à trépasser ambassadeur ? Reprenez-vous enfin !» Il ne la remettait guère. Mais manifestement elle le connaissait. Ceci-dit en qualité d'ambassadeur son signalement devait être maîtrisé. Elle leva le poing et l'un des Magistères qui accompagnait Omi lui répondit. « Aidez-moi nous allons nous frayer un chemin tout en les bloquant ici ! » Quelle confiance en elle. Il aimait cela... Il ordonna aux Chevaliers-Faucon de les suivre. Avec cette Magistère aux commandes ils perforèrent littéralement les rangs à grandes ruades de pieds, rejoignant ainsi Sophia, Elnath et les leurs hommes pris en étau entre le Temple et les assaillants. « Qui êtes-vous ? » Phybraz ne contenait pas son admiration. « Plus tard. » Ces yeux presque invisibles y voyaient pourtant fort bien. « Rejoignez-nous ! Vite ! » Le cri venait de plus haut. Elle leur intima de monter. Brent aussi : « Partez Duc d'Arlénon. Je contiendrai leurs assauts ! » Phybraz le fit jurer de ne pas mourir et gravit les marches. Ils réussirent à gagner l'entrée du temple. En contre-bas la jeune Magistère se démenait pour qu'ils gagnent du temps. Sophia, Elnath, Phybraz et quatre Chevaliers-Faucon avaient rejoint Omi, Milo et leurs Magistères. Les apprentis s'agglutinaient, innombrables, contre et derrière eux. La porte du Temple s'ouvrait. Ronde elle semblait glisser comme un disque tourne sur lui-même. Omi se retourna bon et disponible. Une aura bienfaitrice émanait de lui, même en ces temps troubles : « Entrez mes enfants. Allez... Suivez le frère Milo. Il va vous accompagner et vous protéger. » 

Le Pacte du Roi Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant