Pruneau desséché

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Il y a ces jours où tu viens me parler de toi et de tes soucis amoureux. Tu ne sais pas, bien sûr. Alors tu me parles comme à un ami, et j'essaie de te donner des conseils d'ami, de te consoler quand ils te brisent, quand ils se comportent comme des connards finis et que tu continues de vouloir arranger les choses.

J'aimerais avoir le courage de te l'avouer, de te le dire enfin. Te promettre que je te connais mieux que personne et que grâce à ce savoir, je ne te blesserai jamais. Que je jetterais mon cœur à tes pieds si seulement tu en voulais, que jamais je ne te poserais de lapins, contrairement aux autres, que jamais je ne te laisserais seule des jours durant, que jamais je ne te parlerais d'amour avant de laisser tomber un silence d'une semaine.

Te jurer que jamais je ne briserais tes rêves, que jamais mes idées noires ne t'affecteraient parce que je t'en protégerais, et que, par contre, je serais toujours là pour t'aider à gérer les tiennes, du mieux que je peux. Que tu ne serais jamais seule, que je serais là, toujours, toujours, que je te ferais des visites surprises aussi souvent que possible parce que je sais à quel point tu aimerais ça, et que même avec la distance, je serais là, au téléphone tous les soirs pour entendre ta voix et ton rire, par messages pour les parsemer de cœurs multicolores.

Que je sacrifierais la moitié de mes nuits pour te parler jusqu'à ce que tu tombes de sommeil, puis t'écrire un message plein d'amour que tu verrais le lendemain et qui te ferait sourire et démarrer la journée avec bonne humeur.

Que je retiendrais la date de ton anniversaire, même si les dates sont un cauchemar pour moi.

Que je t'aimerais plus que mon chat, plus que les levers de soleil, plus que les glaces au chocolat et que la quiche froide, plus que Loki et Awsten, plus que les brises de soir d'été, plus que moi-même.

Oh, si tu savais ce que je serais capable de faire, N.

Et comment peux-tu ne pas avoir remarqué ?

Les messages pleins d'amertume lorsque tu m'as parlé pour la première fois d'A. Les surnoms qui m'échappent, mon ange, petit amour, choupi, ça dégouline pas d'amour, ça ? Je me rattrape chaque fois d'une pirouette, j'appelle tout le monde comme ça, oh, c'est mon surnom du moment, je le colle à plein de gens. Ça n'a jamais été vrai, je ne suis pas du genre à appeler mes amis comme ça, haha, c'est juste que quand je te parle, c'est mon cœur qui discute et pas ma tête, et ça ne l'a jamais été.

Il y a eu A. et quand tu m'as annoncé que ça allait se terminer j'ai espéré, espéré que mon tour arriverait. Puis tu as embrayé sur C., mon cœur a fait un raté, j'ai voulu pleurer jusqu'à ressembler à un pruneau desséché, j'aurais voulu mourir de désespoir.

Et maintenant, maintenant quoi ? Je vais t'aider indéfiniment à essayer de recoller les morceaux avec C., alors que ça ne fonctionnera pas ? Je vais rester derrière mon téléphone, les yeux à marée haute, t'écoutant te lamenter sur ton triste sort amoureux...? T'écouter me raconter tes exploits quand ça fonctionne, et tes pleurs quand ça retombe.

Tes crises de panique quand il t'appelle après une dispute – oh, mon ange, c'est tout sauf normal de réagir comme ça à une discussion avec ton copain...

randomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant