Coincé

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16 août 2023
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Je suis fatigué, Epinard. Tu es là, si proche et si loin à la fois. Tu rayonnes, tu gambades joyeusement dans l'après, et je suis coincé sur la frontière avec les souvenirs et les espoirs crevés, à plat comme des pneus pathétiques.

Ça fait six mois maintenant, six mois à distance, six mois sans toi. Je ne sais plus si c'est toi qui me manques ou simplement une présence, peu importe laquelle. How can I do? J'ai l'impression de m'être amputé de la moitié de mon futur. Je nous voyais nettement à Bordeaux, un appart ensemble, « je rentre un peu plus tard ce soir, tu sortiras le chien ? », « j'ai acheté des chouquettes ! ». Je suis coincé avec la tristesse poisseuse de ces rêves devenus souvenirs.

Tous ces gens me donnent la nausée, maintenant. La douceur maladroite de Clément, la timidité brûlante d'Elise, l'espoir guilleret de Litchi... Je n'en peux plus, de ces pansements qui refusent de coller. J'ai vécu de jolies choses distrayantes, mais jamais rien ne m'a touché profondément comme tu l'as fait. Toi, tu es capable de me toucher au fin fond de mon âme et de mon cœur, tu me mets à nu, tu retournes tout en moi. Les autres ne font qu'effleurer la surface. Je suis devenu allergique à l'amour amoureux s'il ne vient pas de toi.

Le pire c'est la vitesse à laquelle tu es passé à autre chose. Même avant la fin tu n'étais plus avec moi. Tu étais dans le monde plus proche, les relations sans distance, la nouveauté de ta relation avec l'Autre Lou, ton crush sur celle dont j'ai oublié le prénom. J'étais déjà spectateur de mon absence dans ta vie. Au final pas grand chose n'a changé pour toi une fois que je t'ai quitté. Un filet de sécurité en moins ? Étais-tu amoureux ? Moi oui, Eli. Je crevais d'amour, ça dégoulinait de fromage.

Dans ta lettre il y a trois mois tu sonnais impatient, condescendant un peu ? Un peu dans le style « je te réponds parce que je fais les choses correctement mais j'ai l'impression de perdre mon temps et puis t'es relou à exister encore et me demander encore du temps et de l'attention et des mots ». C'est peut-être plutôt mon insécurité qui sert de filtre et rend tout amer. Il n'empêche que le « tu comprends ? » me donne la gerbe, même après tout ce temps.

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