6 août 2023
__________Il m'a manqué, aujourd'hui. C'était la toute première fois en deux ans, et je n'ai pas aimé voir cette sensation en moi, au premier abord. Cela dit, je me suis autorisé à la ressentir, la développer, l'explorer.
Son humour me manque ; ses regards, son amour, son attention, notre complicité, ses goûts musicaux, ses plats toujours à demi ratés, ses idées, son intelligence pointue, son univers. Si seulement tout ça était dissociable du reste.
Ses bons côtés me manquent, c'est tellement vrai. Il reste l'homme qui m'a élevé, c'est mon papa, c'est auprès de lui que j'ai grandi.
Le déclic à ce manque, c'est Les Furtifs d'Alain Damasio, un livre que Fuchsia m'a passé. Il me touche en plein cœur, ce roman, il me met à nu, tellement la plume de Damasio est parfaite pour exprimer les émotions qui ravagent tout. Je doute que vous connaissiez ce livre, alors je vous donne juste un petit aperçu : un père a perdu sa fille, pense qu'elle a été enlevée par des furtifs (animaux incroyables) et tente de la retrouver. Il y a des descriptions terribles de moments de complicité entre père et fille, et des émotions monstrueuses que ressent le père, sa douleur, son amour.
Il y a aussi eu un passage sur le mot « papa », sur la sensation qu'il procure au père – elle est magnifique, cette description, elle remue au plus profond de l'âme, elle touche à ce qui est tendre, chaud, sensible.
Je pense beaucoup à mon père quand je lis ce livre, du coup, et je crois qu'il m'aide un peu, il me fait comprendre ce que ressent peut-être PA. Il me rend triste aussi, parce que j'aurais aimé que tout se passe bien et que je puisse appeler mon père pour lui demander ce qu'il ressentait quand on l'appelait papa. J'aurais aimé qu'il reste mon papa plein d'amour et de blagues, qu'il prenne soin de moi encore, qu'il m'accompagne dans la vie, qu'il m'apprenne encore des choses. Qu'il soit là, qu'il ne me casse pas comme il le fait maintenant. Que je le voie encore comme je le voyais avant, avant qu'il soit un inconnu dangereux. Je voudrais pouvoir l'aimer à nouveau.
Papa, tu m'as un peu foutu en l'air, mais qu'est-ce que tu m'as fait du bien aussi, avant toute cette merde... J'aurais tellement aimé que tout se passe différemment... Je voudrais pouvoir t'exprimer tout ça mais tu ne comprendrais pas, tu te braquerais, tu serais acide ou insensible, tu te blinderais pour ne rien ressentir, et je ne peux pas risquer de me heurter à ton mur encore une fois. C'est terminé, mais... putain, papa.