24 septembre 2022
__________D'où vient ce besoin de me cacher ? Ce besoin d'être seul pour faire certaines choses, refuser d'être pleinement moi lorsqu'il y a des gens autour. Ma mère me reproche de me limiter en sa présence sans savoir qu'elle est à l'origine de ces limites.
« Qu'est-ce que tu chantes faux ! Il va se mettre à pleuvoir ! »
D'accord, je ne chanterai plus pour ne pas déranger tes oreilles.« Tu dessines quoi ? – Je ne veux pas que tu le regardes. – Oh allez, c'est juste un dessin ! »
D'accord, je ne dessinerai plus pour conserver l'intimité de mon art.« C'est vraiment nul ta musique, on va mettre ma playlist à la place. »
D'accord, je ne te partagerai plus mes goûts musicaux pour, encore une fois, ne pas déranger tes oreilles.« Tu es encore réveillé à cette heure-là ? »
D'accord, je serai plus discret, je réduirai la lumière dont j'ai besoin pour que tu ne t'aperçoives pas que je ne dors pas.« Tu ne vas pas manger tout ça ?! »
D'accord, je mangerai moins les prochaines fois, tant pis si ce n'est pas assez pour moi.Et ainsi de suite.
Je suis peut-être juste trop préoccupé par ce que les gens pensent de moi. Mais quand « les gens » signifie ma mère, je pense que c'est normal de vouloir lui plaire. Elle m'a mis au monde, elle m'a tout appris, je lui obéis par défaut parce que je sais qu'elle veut mon bien.Sauf que voilà où j'en suis. Au moindre mouvement, je me demande comment elle me voit, si ça la dérange, si je prends trop de place, si je la déçois. Et je généralise ce comportement avec toutes mes connaissances.
Au moment où j'écris ça, j'ai peur qu'elle entre dans ma chambre et me reproche d'être sur mon téléphone.
Je suis toujours sur mes gardes, prêt à encaisser une remarque désobligeante, prêt à arrêter de faire ce que j'aime ou ce dont j'ai besoin si elle invalide ce comportement.Ça doit être difficile pour elle de savoir que j'utilise un autre prénom, que je suis un garçon, parce que ce n'est pas elle qui en a décidé.
En ce moment viennent des remontrances contradictoires. Elle me reproche de m'adapter aux contraintes que je rencontre plutôt que d'affirmer mes besoins. Elle ne se rend pas compte que c'est elle qui m'a programmé comme ça.
Je me place comme victime alors que je ne devrais pas. Je travaille là-dessus, je le sais, ça ne sert à rien de nier ma part de responsabilité dans cette histoire. Bien sûr que j'aurais pu, j'aurais dû, me « rebeller » plus tôt, pour que ça ne soit pas si dur de le faire aujourd'hui. En même temps, comment reprocher à un enfant de faire ce que sa maman lui dit...?
Un ami m'a demandé si j'aimais ma mère. Je n'y avais pas tant réfléchi avant mais un « non » est sorti tout seul de ma bouche. C'est vrai, je n'aime pas ma mère. Disons que mes sentiments sont neutres à son égard, je n'ai ni amour ni animosité pour elle. Je lui suis reconnaissant de tout ce qu'elle a fait pour moi, bien sûr ; comment ne pas l'être ? Tout ce qu'elle a dû traverser concernant mon père, c'est à cause de mon existence et de celle de mon frère. Sinon le divorce aurait duré six semaines au lieu de six ans et ils ne se seraient pas reparlé depuis.
Bon, ceci est un autre sujet.Je crois que je devrais finir par un remerciement pour mes amis :)
Avec vous je n'ai (presque) pas peur de faire toutes ces choses que je m'interdis en famille. Je ne les fais pas souvent à cause de cette habitude, mais j'ose de plus en plus et je me sens en sécurité avec vous, je vous fais confiance, je n'ai pas peur du ridicule.
Merci d'être là pour moi, de m'offrir un endroit sûr où prendre confiance en ces parties enfouies de moi.
Je vous aime <3
