21 avril 2023
__________Pétrole m'a dit : « Violaine, tu es une jeune fille fragile – c'est pas une mauvaise chose, ne le prends pas mal » et ça m'a donné envie de lui taper sur la tête en lui disant qu'être précis dans les mots employés est super important. (Pensez pas au prénom/pronoms, c'est pas le sujet.)
Si j'étais fragile, je serais mort suicidé en 2020. Or, je suis là, je vis et j'écris ces mots ce soir. Je suis extrêmement sensible, ça oui, je suis à fleur de peau, à fleur d'âme, à fleur de cœur, tout est extrême pour moi. Mais fragile ? Non. Je suis incroyablement costaud, incroyablement endurant et patient mentalement, et ce sont des qualités que personne ne m'enlèvera ni n'a le droit de questionner. Il en faut peu pour me faire réagir mais il faut plus d'une montagne pour ébranler mes fondations ; alors non, je ne suis pas fragile.
Pétrole a pris son pied en pensant discuter de manière intelligente et profonde avec moi, en se faufilant dans les failles de ce que je disais et en manipulant les mots et les choses d'une manière atrocement grossière. J'ai haï le fait qu'il se croyait futé, qu'il pensait avoir tout déchiré pendant ce rendez-vous. Il était si pataud et tellement à côté de la plaque. Il n'aurait pas dû se mettre au niveau de mon cerveau sous prétexte qu'il connaît des gens qui ont un cerveau comme le mien. J'ai haï sa stupide excitation quand il a pris tout ça comme un défi personnel, comme une nouvelle étape dans sa checklist « booster son égo ». J'ai haï le fait qu'il connaisse Epiphone et qu'il demande s'il y avait quelque chose entre nous (parce que vagin et pénis qui se connaissent ça fait des chocapics bien sûr), j'ai haï son impatience et sa frustration quand il s'est rendu compte à plusieurs reprises que j'allais plus loin que lui, j'ai haï le fait qu'il élude les sujets sur lesquels il ne pouvait pas gagner en me disant de rencontrer l'Ours.
J'ai haï Pétrole et d'un autre côté, il m'a amusé, peut-être même un peu réconforté. Il était intéressant à observer, et puis on ne peut pas nier qu'il a donné à manger à mon cerveau. Il était vraiment animé par le fait de me parler, ça lui plaisait lui aussi de se casser la tête et les dents face au mur de colère que j'ai mis entre nous à la première question. Il m'a donné envie d'en voir plus, et il a beau avoir été grossier dans sa manipulation, je me laisse convaincre, parce qu'il n'a pas été trop con non plus, il a tout de suite tiré le bon levier pour faire bouger les choses en moi. Dans un premier temps en tout cas, parce que les trois quarts d'heure suivants passés à chercher des preuves n'ont vraiment pas été utiles, et c'est dommage qu'il y ait mis tant d'énergie – là c'était pour son propre égo qu'il le faisait, plus pour me convaincre. Et puis, j'ai aimé faire plaisir à mon égo à moi en gagnant un contact visuel (l'énergie que ça m'a demandé oh mon dieu), c'était marrant et je sais qu'il l'a remarqué aussi.
En somme, dans le fond il est malin, mais dans la forme il a de gros progrès à faire. On a beaucoup en commun du côté égo + besoin de se sentir intelligent socialement, c'est peut-être ça qui m'a autant mis en colère et sur la défensive.Alors d'accord, voyons ce qui se passe si je reviens au lycée en septembre (criez pas je peux tout expliquer). Voyons si c'est vraiment différent, voyons si je décolle ou si je me noie.
Et si je me suicide l'année prochaine, vous saurez qui blâmer : Pétrole et son intelligence.