Mi-figue...

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3 juillet 2022 | TW/propos violents et haineux, mention de suicide
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Ça crie dans ma tête, ça fuse dans tous les sens et les mêmes phrases reviennent encore et encore, celles qui blessent le plus. À force, la voix sait lesquelles il faut envoyer pour faire mouche.

J'ai l'impression de me battre contre un écran de fumée, je n'ai de prise sur rien, je ne sais pas comment l'atteindre, l'anéantir, le réduire au silence. Ou plutôt, je lutte contre ma propre ombre, ma marée noire qui fait parfois partie de moi mais prend un malin plaisir à s'en échapper et retourner sa veste d'autres fois.

Je suis fatigué de ça, je suis fatigué de ne pas savoir quoi faire, comment m'en libérer. Et cette fatigue me met en colère. Tellement, tellement en colère. Être incapable de m'aider moi-même, c'est si pathétique. Comment tu peux prétendre être là pour ceux que tu aimes si tu ne peux pas être là pour toi, mmh ? Tu ne crois pas que tu risques de les détruire comme tu t'autodétruis ?

Oh, c'est sûr que ça fait mal de faire face à la réalité. Ne ferme pas les yeux, cette fois. Souffre encore une fois, de toutes manières tu le mérites et tu le sais. Je te proposerais bien d'apprendre de tes erreurs et de devenir une meilleure personne... force est de constater que tu n'es pas capable de ça non plus. Meurs.

Mais non enfin, chut, ça va pas la tête ?

C'est égoïste de rester en vie.

Tout est égoïste dans ce monde, ce mot ne veut plus rien dire.

Tu pompes l'énergie de tout le monde sans rien donner en retour.

C'est pas vrai...

Donne-moi un exemple de quelque chose que tu as fait pour quelqu'un ?

Chut, chut, tais-toi. On fait tous des erreurs.

Oui, sauf qu'on ne doit pas les reproduire un milliard de fois. On ne doit pas les refaire encore et encore puis se plaindre de ne pas s'en sortir avec la vie.

S'il te plaît, chut, tu me fais mal.

Tu te fais mal à toi-même, Arlo. Sauf que ce n'est plus avec des cicatrices que tu fais ça. Au moins tu as appris à éviter les questions, wouhou ! Super amélioration.
Oh, je sens ton orgueil qui me dit que tu savais comment éviter les questions même en ce temps-là... Mets ton égo de côté, d'accord ?

Ça ne te mènera nulle part de me descendre comme ça.

Vraiment ? C'est ce que tu crois ? Je me nourris de ta douleur, gamin...
Oh tes yeux coulent, c'est laid. Tu penses apitoyer ton monde avec ces larmes de crocodile ? Tu es comme lui, tu te fais passer pour la victime, tu ne ressens rien, tu profites des autres.

Je ne suis pas comme lui !

Oh, si, au fond de toi tu le sais aussi bien que moi. Ça te révulse de voir la vérité, n'est-ce pas ? Tu es comme lui, son portrait craché. Tu y avais déjà réfléchi, tu as le physique de ta mère et le mental de ton père. Le mental, tu ne crois pas que ça enveloppe aussi l'absence d'empathie, et cet effet sangsue sur tes proches ?

Je ne suis pas...

Tu t'en fiches, de ce que les autres ressentent, tout ce qui compte c'est que tu ne deviennes pas fou toi-même, c'est ça ? Alors tu rends les autres dingues à ta place. Tu les mets sens dessus-dessous pour mieux les dévorer de l'intérieur.

Je...

Qu'est-ce qu'il y a, « je, je » ? Tu as perdu ta langue ? Le poids de la vérité l'empêche de bouger ? Va crever, gamin, tu ne vaux rien.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Va crever.
Meurs.



















Tu m'avais un peu manqué, quand même.

Ah oui ? Moi aussi, ça m'a fait bizarre que tu parviennes à te couper de moi aussi longtemps.

Je me sens plus humain avec toi dans les parages. Je... Tu sais... Merci... d'être là, de me rappeler que j'existe. Que j'existe dans le bon sens du terme.

Merci à toi de me laisser te bouffer, gamin.

À propos de ça, je me disais... que tu pourrais peut-être arrêter de me briser ? À la place, on pourrait discuter de musique, non ? C'est gentil la musique.

Je ne pense pas que ça soit possible. Si tu voyais tout ce que je suis prêt à dire à propos de tes goûts musicaux...

Oh, okay.

Un jour, peut-être. Le jour où tu m'accepteras comme un morceau de toi à part entière, alors peut-être que je m'adoucirai. Plus tu me repousses et plus j'ai envie de me venger, tu en es conscient.

Oui, bien sûr. Je ne suis pas encore prêt à t'accepter complètement, par contre. Le lâcher prise et moi, ça fait toujours deux.

J'attendrai le temps qu'il faudra. En attendant, ne baisse pas trop ta garde non plus, je reste la voix.

randomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant