29 juillet 2024
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Bottle for two - KoKoMo
J'ai mal au cul sur le sol dur de ce train. Elle est blottie contre moi, presque paisible (victoire !). J'ai hâte de la lâcher dans l'herbe, qu'elle puisse courir. J'ai hâte de la voir trottiner joyeusement dans le jardin de Nico.
Ses yeux sont magnifiques au soleil, et je sens son souffle sur ma jambe. Je suis tellement fier d'elle ! Elle est si courageuse. Ça fait peur un train, c'est vrai, ça fait des bruits très étranges, tout vibre et bringuebale, et puis les tunnels nous bouchent les oreilles. C'est long, aussi. Encore une heure. Ça va le faire ! Elle regarde les gens passer. Tout à l'heure, un tout petit enfant s'est posé en face de nous avec son papa. Il disait « le chieeeen ! » et il souriait beaucoup. C'est mignon, les tout-petits.
Je suis très content de faire ces dix-sept jours de vacances avec elle, avant que je ne déménage et que je ne la voie (presque) plus. Ça va être chouette.
4 août 2024
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J'ai passé le week-end ailleurs, et retrouver Nico m'a procuré beaucoup de joie ; plus que je n'en attendais. Nico, c'est mon oncle côté maternel. C'est le vilain petit canard de la famille, qui se trouve être le plus heureux de sa fratrie, avec ses fringues trouées, ses pétards, la terre ingrate, le soleil qui tabasse. Il vit à droite à gauche, il vit d'amitié et de petits boulots, il est l'homme le plus aimable du monde, au sens premier du terme. Il est très grand, très voûté (même si on essaie ensemble de se tenir droits) ; sa peau est brune de soleil, ses yeux sont ronds et pétillants ; il a des mimiques, expressions et habitudes qui trahissent son appartenance à notre famille ; son sourire est immense.
Il y a aussi Quentin, qui taffe avec nous sur la ferme. Il est né dans le coin, mais il a vadrouillé un peu comme Nico avant de revenir ici. Il a de grand yeux bleus de bébé et un nez rigolo de dessin animé. Sa voix est douce avec un léger accent du sud qu'il a refilé à Nico, et il ferme fort les yeux en souriant quand il a un moment de complicité avec un de nous. Il est très fort à Barricade, le merveilleux jeu de société qu'ils m'ont fait découvrir (les Gens, il faudra absolument que j'en fabrique un pour nous).
Tous les deux, ils ont spontanément aimé fort ma Delva. « Elle est belle ta chienne. » « Elle est vachement sage. » « C'est super, elle va faire fuir les sangliers ! » Et puis ils lui donnent plein de gratouilles en lui souriant très fort.
Tous les deux, ils s'écoutent quand ils discutent. Ils ont beaucoup de désaccords mais parviennent toujours à un consensus, sans guerre d'égo, sans mauvaise foi, sans prise de haut. Ils s'aiment d'une magnifique amitié et ça transparaît tout le temps.
Tous les deux, ils me redonnent espoir en les hommes adultes. Comme Pierre-Marie, comme Rudy. Ils me montrent qu'un homme peut échapper aux trop fréquents défauts qu'ils ont. Un homme peut communiquer, un homme peut être d'une douceur folle, un homme peut rire et plaisanter sans être lourd, un homme peut être plus qu'une personne décente. Et c'est terrible que j'en arrive à devoir trouver des contre-exemples comme eux face à l'écrasante majorité.
Alors cette grande émotion que je commence à avoir pour eux, je l'observe un peu circonspect, et je commence à la faire battre en retrait en creusant le cerveau de Nico, en rentrant dans sa tête comme je m'amuse souvent à le faire, comme je l'ai fait avec Rudy. Un défaut conséquent, c'est tout ce que je cherche. Quelque chose pour me mettre une barrière non négligeable, histoire que je ne me perde pas dans un attachement trop démesuré. Qu'il redevienne humain à mes yeux aussi. C'est important, pour se préserver et pouvoir anticiper...
5 août 2024
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Il s'ouvre facilement, c'est agréable. Quand ma question le met mal à l'aise, il a un franc mouvement de recul dans sa chaise, mais il sourit et répond quand même. Il prend le temps de réfléchir avant, souvent. Et quand il répond, il passe d'une chose à l'autre, il songe presque à voix haute, et je suis le tranquille fil de sa pensée. Il m'étonne, le fil de sa pensée, parce que je ne peux pas encore le prévoir, et parce qu'il est nettement différent du mien. Chacune de ses associations d'idées va à l'opposé des miennes : c'est dépaysant.
J'ai beaucoup aimé cette longue soirée et cette discussion. J'ai beaucoup aimé sa manière d'être et de raconter.
7 août 2024
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Il commence à vraiment bien m'aimer, le Nico. Ça se voit dans ses yeux et ses rires, et chaque fois qu'il n'en revient pas d'avoir des discussions pareilles avec son neveu. J'aime bien qu'il s'autorise quand même à me parler de tout ça, et qu'il me raconte un peu le côté obscur de la force. Qu'il prenne ce que je lui dis au sérieux, aussi. Que son regard pétille en coin quand je pose une nouvelle question intrusive. Tout s'enchaîne bien, dès que le soleil se couche. La discussion se déroule d'elle-même et quand il allume sa clope, tout son visage est joliment éclaboussé d'orange.
