4 et 5 septembre 2023
__________J'ai travaillé sur un festival pendant trois jours : je faisais les lumières avec Pichenette et Fuchsia. Sur ce festival, j'ai rencontré Basile et ses beaux yeux verts. J'avais envie d'un peu d'adrénaline alors je me suis amusé. Premier jour, un milliard d'eye contacts. Deuxième jour, on a marché et bavardé ensemble, histoire d'apprendre à se connaître un minimum. Troisième jour, câlin-bisous dans les buissons.
Le soir-même, j'ai pris ma décision : les mecs cis et moi, c'est terminé, ça ne fonctionnera pas, même juste pour rigoler comme avec Basile. Ils ont tous une attitude en commun, les mecs cis. Une espèce de confiance en eux ou d'égo mal placé, une sale manie de systématiquement prendre le lead, des certitudes et des schémas prédéfinis. Et ça, ça ne va pas. C'est moi qui ai fait tous les premiers pas avec Basile, moi qui accrochais son regard, moi qui allais lui parler, moi qui l'emmenais plus loin pour être tranquilles ; pourtant une fois passés aux contacts, c'était lui qui initiait tout, il ne me laissait même pas l'espace d'alterner un peu le lead. Ce n'était pas comme ça avec Epinard, ce n'était très certainement pas comme ça avec Neon ni avec Elise. Par contre avec tous les mecs cis que j'ai connus, si. Alors merci mais non merci, c'est terminado.
C'est pénible parce qu'il y en a des sacrément attirants, des gars. Dommage que Jean-Michel Patriarcat pourrisse tout...
Un autre aspect de ma rencontre avec Basile, c'est le moment où je l'ai senti trembler contre moi. Il tremblait, il tremblait. De désir, d'excitation, de stress, de bonheur ? Qui sait ? Toujours est-il que sentir ces tremblements et savoir que j'en étais la cause, ça m'a donné une étonnante sensation de pouvoir. Cet adolescent à l'allure de frite pas encore tout à fait épaissie, je pouvais le faire trembler de la tête aux pieds, juste en existant.
Epinard aussi, je le faisais trembler, par moments. Je n'avais pas ce sentiment de puissance par contre ; au contraire, j'étais bouleversé moi aussi. Peut-être parce qu'on était amoureux, et pas avec Basile. Peut-être parce qu'Epinard est tout simplement une autre personne, qui n'a rien à voir avec Basile, donc mon rapport à lui est radicalement différent. Je n'en sais rien.
Basile qui tremblait, ça m'a fait plaisir, ça a conforté mon égo, ça m'a fait me sentir puissant. Je n'ai pas aimé ce qui se passait en moi suite à ses tremblements, je ne voulais pas être ce genre de personne. Tant pis, je l'ai ressenti quand même.
Je n'ai pas aimé non plus le peu d'importance que j'ai accordé à Basile. C'était pareil avec plein d'autres, au fond, tous ceux et toutes celles dont je savais que je n'allais jamais les croiser à nouveau. Quand je savais qu'il n'y aurait pas de suite. Dans ces cas-là ça me stimule d'observer comment je peux m'y prendre, de m'étonner à chaque fois d'à quel point c'est facile, d'en venir à embrasser quelqu'un. La plupart des adolescents (les adolescentes, un peu moins) accepteraient n'importe qui, pourvu qu'ils n'aient pas à faire les efforts pour. Ils acceptent tous ceux qui se présentent à eux d'eux-mêmes, ainsi ils n'ont pas à sortir de leur zone de confort. C'est facile.
Basile, Elise, les autres aussi, je les ai traités comme des générateurs d'adrénaline. Même pas de plaisir, parce qu'au final je n'en ai pas ressenti, mais d'adrénaline, oui, c'est sûr. C'est un peu dommage, encore une fois, de me rendre compte que je suis devenu, ou suis en train de devenir ce genre de personnes. Qui prennent, survolent, profitent, négligent. Qui ne font pas gaffe aux sentiments, qui appliquent le schéma presqu'universel des relations d'un jour ou deux.
Je n'aime pas beaucoup la personne que je suis devenue, je crois bien.