24 mars 2024
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Mon cher Personne,
Ce soir, j'ai mangé des lasagnes froides, assis sur les plaques chaudes du plan de travail. Je venais de rédiger ma lettre amoureuse à J. J'aimerais avoir quelqu'un à qui déclamer le lyrisme de mes sentiments, mais la cuisine est vide et j'ai un mal de crâne pour seule compagnie. Pourquoi ne peut-on pas se contenter d'aimer un chien, un chat, des plantes, des amis ? Pourquoi a-t-on viscéralement besoin de ce type précis de relation, Personne ? Cela fait plus d'un an maintenant que je cherche ma tendresse perdue. Je m'étais résigné à ma silencieuse solitude, jusqu'à ce que J. fasse son entrée fracassante dans mon existence ; et depuis, je ne pense pratiquement plus qu'à cet océan duveteux que je languis.
Crois-tu qu'elle appréciera ma lettre ? Crois-tu qu'elle la gardera pour elle, et m'épargnera les regards amusés ou attendris, ou penses-tu qu'elle la leur fera lire ? Elle aime discuter de petites choses croustillantes. Sera-ce trop intime pour qu'elle le jette en chair à ragots ?
Comment répondra-t-elle, Personne ? M'écrira-t-elle, elle aussi ? Prendra-t-elle un beau papier coloré pour y tracer ses si jolies lettres ? Sera-t-elle douce ? Ou glaciale ? Restera-t-il à jamais un froid, une distance, un malaise entre nous ? Je ne sais que penser et mon cœur se serre, cerné d'incertitudes.
Je pourrais l'aimer à en mourir si seulement elle me le demandait.
Je te tiendrai au courant, Personne ; à moins que tu ne perçoives ma tristesse sans même que les mots ne soient nécessaires, une fois que tout sera retombé comme un soufflé.
À bientôt.
~ Arlo.
