24 janvier 2022 | TW/crise d'angoisse, panique, mention de scarification
__________Un jour ma psy m'a posé une question qui a refusé de s'effacer de mon esprit. Elle m'a demandé si j'étais un bon ami envers moi-même, et j'ai fondu en larmes. Je ne suis pas vraiment (ou plutôt : vraiment pas) un bon ami avec moi-même. Je me rabaisse en permanence, ne m'écoute jamais, je me fais du mal tout le temps. Je manque de compassion envers moi-même, alors je joue les éponges avec les autres. J'ai peut-être même un peu trop d'empathie parfois.
Êtes-vous un·e bon·ne ami·e envers vous-mêmes ?
Du coup, j'essaie d'être plus gentil dans ma tête. J'essaie de laisser plus de place à la gentille voix en moi pour qu'elle s'exprime. J'essaie de raisonner celle qui est moins gentille. Mais parfois, la méchante crie vraiment très fort, et je ne peux rien faire d'autre que l'écouter, quand elle me hurle que je suis une merde, que je mérite que de crever, et que ces ciseaux seront peut-être suffisamment aiguisés pour trancher ma peau.
Ce matin j'ai eu une crise vachement intéressante (et éprouvante). Je m'étais engueulé avec des gens et je suis parti prendre une douche dans l'optique de remettre mes idées en place. Je me suis vu nu dans le miroir et je me suis mis à pleurer. Je me suis fait un film dans ma tête : moi qui descends à la cuisine chercher le plus gros couteau que je puisse trouver, découper ces seins moches qui poussent là, on dirait que même eux ils ne savent pas ce qu'ils foutent sur mon corps. Peut-être que je me viderais suffisamment de mon sang pour mourir. Ou alors pas assez, et les gens à l'hôpital diraient « roh il a fait ça comme un sauvage, son torse sera encore plus moche qu'avant avec ses cicatrices dans tous les sens ».
La voix parlait, parlait, parlait, ça serait tellement mieux pour tout le monde si tu crevais Arlo, et j'avais envie de lui dire tais-toi, tais-toi, ne m'appelle pas Arlo, tu n'as pas le droit, je te refuse le privilège de m'appeler par mon nom. J'ai mordu très fort ma serviette, rageusement, en étouffant un hurlement, et je me criais dessus dans ma tête, NE FAIS PAS ÇA, ne rechute pas aussi bas, Arlo, Arlo, du calme, tu vas respirer un coup, t'excuser devant les gens et disparaître le temps que ton cerveau cesse de te faire mal comme ça.
Je suis retourné dans ma chambre, j'ai allumé une bougie et j'ai crié NE TE BRÛLE PAS. INTERDICTION DE TE BRÛLER. Et je ne me suis pas brûlé, je me suis pas coupé, je me suis enroulé dans ma couette et un exo de physique a mangé mon âme.
Et je chantais du Adam et je pleurais et ma voix faisait des tremolos involontaires et je rigolais en même temps parce que ptdr j'étais sans doute en train de déranger mon frère dans la pièce d'à côté.
Hm. Je me sentais très flop à ce moment-là.