À fleur de chair

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TW/dysphorie de genre
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Les filles sont jolies. Parfois, j'essaie de leur ressembler. Je me dis que si j'arrive à imiter cette beauté que j'admire, peut-être que si j'arrive à avoir cette confiance, cet élan du corps, cette force, peut-être qu'alors j'accepterais le truc qui me sert d'enveloppe corporelle.

Ça ne fonctionne pas. Rentrer le pull dans le pantalon pour marquer la taille, mettre des robes, des bijoux, tous ces petits détails qui transforment les « bonjour jeune homme » en « bonjour mademoiselle » : ça ne fonctionne pas. Ça sonne faux, ça me fait froncer le nez et me sentir décalé, mal à l'aise, ça me donne une conscience désagréablement accrue de mes formes.

J'aime mon corps quand je ne le vois pas comme le mien. Quand je le dissocie de moi, j'arrive à me dire que oui, il y a une certaine harmonie dans ces courbes, que j'éprouverais peut-être du désir pour ce corps si je connaissais cette personne.

Mais ensuite je réalise que c'est mon corps, cette chose. Sauf qu'il ne me convient pas. Je ne me reconnais pas dedans. Ce n'est pas moi. Peut-on vivre une vie entière dans un corps qu'on a l'impression d'avoir emprunté ?

Peut-être que quand je n'aurai plus de seins ça ira mieux. Ce n'est pas une question de la manière dont les autres me perçoivent. C'est une envie de se sentir chez soi dans son corps. De se sentir bien, à l'aise, confortable. De pouvoir faire confiance à ses os, sa chair, ses muscles. De sourire, peut-être, en se voyant dans le miroir, d'être fier de vivre, si c'est possible. Est-ce que c'est possible ?

randomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant