Encore toi purin

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18 décembre 2023
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Ça va faire quoi, neuf ou dix mois ? Peut-être même onze. Et je n'ai toujours pas complètement tourné la page. C'est dingue comme l'esprit humain aime rester coincé sur quelque chose. Nous ne sommes pas faits pour passer à autre chose.

Je pense toujours à toi, ton sourire, ta peau, ton rire, ta douceur, l'univers en toi. Quand on m'a parlé de "beauté infinie", c'est à toi que j'ai pensé. J'ai dit à ma prof d'art : « je peux vous ramener quelqu'un ? ».

Je réfléchis à notre deuxième chapitre et à ce qu'il m'a fait ; je pense à la certitude que j'avais que ça durerait pour la vie, cette fois, qu'on ne se lâcherait plus. Je pense aux jolies choses qu'on s'est dites et qu'on a démenties. Je pense à la confiance aveugle que j'avais en nous, qui m'a empêché de voir l'évidence avant qu'il ne soit trop tard. Loin des yeux, loin du cœur, pas vrai ?

Ça me fait marrer quand tu parles de tes nouveaux crushs, des gens dans ta vie. J'ai une curiosité acide qui me pousse à vouloir en savoir toujours plus sur eux, sur tes sentiments, sur tes relations avec eux. Je veux savoir, savoir vraiment s'ils sont aussi bien que moi. Parce que j'étais bien pour toi, même juste un petit peu, non ? J'espère que ça, au moins, ce n'était pas un mensonge. J'ai été très heureux d'apprendre que N. n'est pas une personne si saine que ça, que ça s'est mal passé avec L., que celle dont j'oublie toujours le prénom est finalement restée une amie. Je sais que le jour où tu auras une magnifique relation stable et durable, je serai jaloux. Que même si je serai passé à autre chose, il y aura toujours une part de moi qui murmurera « il y a un univers où cette personne, c'est toi ».

Mais j'aime le privilège d'avoir été le premier. Le premier à rester longtemps. Le premier à te faire sautiller de joie en sortant d'un bar à chats, le premier à parler d'un futur commun avec toi. J'aime cette sensation d'avoir laissé mon empreinte dans de la neige fraîche. Que tu m'aies offert quelques-unes de tes premières fois les plus innocentes.

« You're gonna live forever in me », chantonne John Mayer. Et il a tellement raison. C'est ça qui me bloque. Je te porterai toujours en moi, je n'ai pas le choix ; sauf que j'ai du mal à te porter comme un doux souvenir heureux, un autre de ces films ensoleillés, sans avoir envie d'y retourner, de replonger dans notre nous. Alors je rumine et je me nourris de tout ce qui se rapporte à toi, comme si je t'aimais de loin. Je ne suis plus amoureux de toi, et ce depuis longtemps ; ça, je le sais. Il y a trop de parties de toi qui me rebutent maintenant pour que tu puisses être plus qu'un ami que je tiens un peu à distance.

Ce qui me noue l'estomac, c'est qu'on s'était fait plein de promesses, on avait plein de projets à court terme qu'on aurait pu accomplir si ce n'était pas parti en sucette. Et au final, tu n'es jamais venu chez moi. Tu n'as jamais vu mon chien. On n'a jamais passé une vraie nuit ensemble, on n'a jamais fait notre première fois ensemble. J'aurais vraiment aimé faire ma première fois avec toi, Eli. J'aurais adoré. Ça aurait peut-être été encore plus dur de passer à autre chose. Ou plus simple, qui sait ? J'aurais peut-être plus eu l'impression d'avoir achevé quelque chose.

Je t'aime, Eli, bordel.
Et tu vivras à l'infini en moi.

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