mamie angèle

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9 avril 2023
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Elle aimait écrire, rire et cuisiner.
Elle m'envoyait des lettres et des cartes avec des poèmes au dos, elle ne savait pas écrire une simple prose, ce n'était pas assez pour elle. Son écriture était élancée et régulière, elle écrivait au stylo plume et arrivait à faire des vers droits sur un papier vierge de lignes.
Elle plaisantait souvent, elle avait les rides du rire très marquées au coin de ses yeux et encadrant sa bouche. Elle aimait son gendre car il sert de clown, à chercher le comique dans tout. Elle avait cette étincelle dans le regard, qui reflétait son soleil intérieur.
Elle cuisinait, pâtissait, elle adorait se servir de ses mains et faire de bonnes choses. Je me souviens de ses plats qui se raréfiaient à la table de mes grands-parents, jusqu'à ce qu'elle ne vienne plus déjeuner et qu'on aille la voir chez elle à la place.

Elle aimait le théâtre, sa famille et la vie.
Elle avait été costumière pour un théâtre, et elle avait joué elle-même aussi bien sûr ; elle avait adoré tout ça. C'était une vraie artiste, elle avait cette flamme en elle et ce besoin d'user de ses mains pour créer, fabriquer, servir.
Elle aimait ses enfants, toutes et tous, elle aimait ses petits-enfants, elles et eux, et ses arrières-petits-enfants, nous. Elle aimait nous voir et nous parler, nous apprendre deux ou trois choses, apprendre à nous connaître, et je crois bien que son amour est le plus sincère qui m'ait été adressé. C'était si simple de s'aimer mutuellement.
Elle aimait les petites choses qui font une vie, elle aimait le soleil et les oiseaux, le chocolat et les pommes de terre, les souvenirs et la famille. Elle était fatiguée, pourtant, elle le disait. Elle aimait la vie mais en avait vu assez, la fatigue était trop grande, elle préférait partir avec cette vie ensoleillée à l'esprit plutôt que de s'enfoncer dans une vieillesse douloureuse et insurmontable.

Ces messages de PA on été violents. Fidèle à lui-même, il assène les faits sans douceur, sans préparer le terrain, comme pour Aline. Je n'ai pas pleuré. Je suis resté figé un instant, me demandant si je voulais aller à son enterrement ; non, ça ne me serait pas utile et la difficulté de voir cette famille était une montagne que je ne voulais pas gravir. Puis j'ai pensé à elle, tout simplement, et j'ai fait cette liste. Je la connaissais si peu, pourtant c'était assez. Elle aurait pu m'apprendre une foule d'autres choses, pourtant ce savoir ne me manque pas.
Elle m'a montré, prouvé l'essentiel : on peut vivre une vie mouvementée et en être heureuse, on peut vivre des atrocités et en revenir plus forte, plus heureuse, plus épanouie. Et puis on peut aussi aimer la vie et vouloir lui dire adieu, on peut rayonner et vouloir s'éteindre.

Angèle Maltaverne, je te remercie de ta présence dans ma vie, je te remercie des bons souvenirs que tu m'as offerts. Je t'aime.

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