Je marche seul dans ces rues qui ne sont plus les miennes. Il fait beau ; chez moi, il y aurait du givre dans l'herbe. La ville est déjà réveillée et vomit ses habitants dans les rues. C'est l'heure de la promenade des tout petits chiens qui font le tour de leur pâté de maison deux fois par jour et passent le reste du temps enfermés à compter les poils de leurs pattes. Les enfants sont partout (horreur enfer damnation abomination de la désolation) et les parents avec eux parfois ; d'autres fois ce sont les adultes seuls qui marchent d'un pas pressé - on les attend quelque part.
Je songe à mes matins tranquilles où je sors dans le silence avec ma chienne, où elle observe la campagne les oreilles dressées et vérifie tous les dix pas que je suis bien là. Il n'y a pas toute cette tension de retard et d'anxiété mêlés, on prend notre temps. Personne ne compte les minutes que l'on passe ainsi, et la charge mentale est infiniment plus légère.