Aimer la vie

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20 janvier 2023
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Comment on fait pour expliquer aux autres notre chemin ? Comment pourrais-je raconter ces deux années qui sont passées, les évolutions vertigineuses dans ma tête, le point où j'en suis aujourd'hui ? Comment expliquer la haine de soi qui devient une raison de rester en vie ?

Parfois j'aimerais pouvoir montrer un film accéléré de tout mon cheminement, assembler mes souvenirs et les brandir sous le nez de mes ami·es. De celles et ceux qui comptent tellement pour moi et qui ne tiennent qu'à un fil. J'aimerais bien vous montrer.

J'aimerais vous prouver qu'il faut vivre pour changer qui on est, que c'est ça qui rend heureux, c'est de se dire « Ok, je déteste tout chez moi. Par quoi on commence pour faire le ménage ? » et puis bosser un peu (beaucoup) pour se modifier et grandir. Moins on est parfait, plus on a de raisons de rester en vie, c'est logique, non ? Et puis quand vous aurez accompli une micro-étape vers votre moi idéal, vous serez tellement heureux, heureuse, fier·e, que ça vous donnera l'énergie nécessaire à l'accomplissement de la seconde micro-étape, et ainsi de suite.

Bien sûr une fois qu'on met le nez dans sa propre merde, on n'en sort plus. Je suis content à chaque fois que je résous un souci mental que j'avais, mais c'est comme une hydre : quand tu conscientises/élimines un problème, deux nouveaux apparaissent !

Alors mes émotions démesurées pour Rudy se sont calmées, mais maintenant elles dévoilent mon instabilité au sein du groupe, je réalise le stress que je ressens chaque vendredi en me disant que je vais encore devoir batailler contre moi-même pour rester à ma place. C'est dur, maintenant que j'ai perdu l'habitude du masking. Avant, c'était facile, j'étais lisse et plat toute la journée au lycée, alors dans mes activités je masquais sans trop de souci : c'était presque une routine quotidienne. Maintenant, j'ai vraiment du mal à taper sur les bords de ma personnalité qui dépassent de la normalité pour rentrer dans la case « socialement acceptable ». Ça devient un combat à chaque fois, et puis j'ai si peur de perdre ce grand petit bonheur qu'est devenu le groupe pour moi... Tellement peur d'être rejeté, ou simplement pas inclus, de perdre ça. C'est si important pour moi maintenant. Alors je panique dès que mon masking se fissure, et plus je panique moins j'ai de contrôle sur moi, et puis ça part en cacahuète.

Oui, il y a des jours où c'est difficile.
Aujourd'hui, pour moi, c'est dur.
Mais quand je vois tout le chemin que j'ai parcouru sur d'autres sujets, je me dis que c'est à ma portée. Je me dis que je suis capable de tout, que je suis invincible, inarrêtable. Certes, dans ce que j'ai décrit, je m'empêche d'être moi : mais c'est ce que je veux, vraiment, j'y ai réfléchi et je préfère être qui je veux être plutôt que qui je suis "au naturel". Ce n'est pas le bon lieu pour être moi à 100%.

Enfin bref. Où est-ce que je voulais en venir ?
La vie c'est relou et il faut apprendre à aimer ça. Comme un ami pénible au possible mais qui devient essentiel justement parce qu'il est pénible, tu vois ? Oh, j'espère que c'est ok que je te tutoie de temps en temps. Vous êtes plusieurs mais vous ne faites qu'un.
Je m'éparpille...

randomOù les histoires vivent. Découvrez maintenant