21 octobre 2022
__________Comme tous les ans ou presque, j'étudie la révolution française en cours d'Histoire. Notez l'incroyable diversité des programmes de l'éducation nationale... Bref, là n'est pas le sujet.
Je vous fais un résumé de cette fameuse révolution telle qu'elle est présentée dans le chapitre :
Les parisiens pètent un câble et font abdiquer le roi. Ils écrivent la constitution et la DDHC, qui établit les droits fondamentaux des hommes – c'est d'ailleurs dans son nom : déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Les citoyens reprennent le pouvoir et ne dépendent plus uniquement du roi. Les paysans ont un poil plus de droits. La société est réorganisée par les hommes, et pour les hommes.
Bref. Vous avez compris : on ne mentionne pas une seule fois les femmes.
On ne mentionne pas celles qui sont allées mettre le roi au pied du mur quand il n'y avais plus rien à bouffer. On ne mentionne pas celles qui étaient dans les foules, on ne mentionne pas leur colère, leur présence, leur aide si précieuse. On ne mentionne pas celles qui ont été bien vite mises de côté une fois le trône renversé. On ne mentionne pas celles que cette DDHC soit-disant universelle a sciemment oubliées.
On ne mentionne pas toutes celles dont les droits, les libertés, ont été restreintes* avec cette maudite Déclaration.
Car oui, quand ils commencent à structurer en détails, à l'écrit, la société, ils établissent clairement que le gouvernement censé représenter le peuple ne sera constitué que d'hommes, ils sous-entendent que les femmes pourront oublier les métiers qu'elles exerçaient librement jusqu'ici. Des peintresses, des chevaleresses, des poétesses, des enlumineuresses, des artisanes, des maréchales-ferrants, des orfaveresses, des chirurgiennes, des mairesses ! Tous ce métiers, tous ces mots pour les désigner qui existaient avant cette révolution, où sont-ils passés ? À la trappe, bien sûr. En ayant l'opportunité de réécrire la société, les hommes ont décidé d'en rayer les femmes. Elles étaient partout avant, au même titre que les hommes ou presque. Mais ils ont choisi de les enfermer à la maison, avec les enfants et la cuisine.
* Voici une règle d'accords qui existait au Moyen-Âge : si une énumération termine par un terme féminin et comporte autant de termes féminins que masculins, on accorde au féminin ! C'est d'une logique imparable, pourtant ça ne se passe pas comme ça de nos jours. Ils sont allés jusqu'à masculiniser à outrance notre langue, l'essence même de notre société...
Alors aujourd'hui je suis en colère.
En colère contre ces hommes du 18e siècle, mais aussi contre les hommes d'aujourd'hui, tous ceux qui prétendent que les femmes ont l'égalité en 2022. Non, l'égalité n'est pas là, il suffit d'ouvrir les yeux pour le voir.
En colère contre tout ce qu'on entend dans la rue, en colère contre les agresseurs et tous ces chiffres... Il y a 1 chance sur 40 millions d'être attaqué par un requin. C'est une peur courante et banalisée, que tout le monde comprend. Une femme a 1 chance sur 6 d'être violée. Pourtant la peur des hommes est considérée comme irrationnelle, les femmes qui craignent les hommes sont vues comme tarées, hystériques. Elles exagèrent. Il y a plein d'hommes qui sont bien.
Je suis si fatigué de ces discussions, de ces arguments à la noix qui prouvent que les hommes n'ont rien compris au combat des femmes.
Enfin merde à la fin ! On ne devrait pas avoir à se BATTRE pour obtenir les mêmes droits que d'autres humains ! C'est complètement absurde et pourtant c'est la plus ancienne et la plus persistante plaie dans les sociétés humaines !
bref.
Lisez Les grandes oubliées : Pourquoi l'Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq.
Et n'écoutez pas ces historiens de merde qui écrivent l'histoire pour et selon une seule moitié de la population et choisissent d'ignorer l'autre moitié.
