2 mai 2024
__________Mon cher Personne,
Aujourd'hui, j'ai passé une très bonne soirée. Mon Soleil m'a emmené au restaurant, et j'ai eu l'occasion de m'habiller avec mon costume trois pièces, c'était très agréable. Je lui ai offert ma rose jaune (pour l'amitié), et nous avons passé un moment dans sa chambre à parler de musique et des interviews de Yann Tiersen. Il m'a fait mettre son parfum, et comme je n'ai pas l'habitude d'en porter, ça m'a distrait toute la soirée ; au moins, ça cachait l'odeur de Cyprès sur ma veste.
Le restaurant est le plus chic de la région. Les gens y vont pour jouer aux bobos riches le temps d'une soirée, et tout le monde sourit d'une manière posée, tranquille. L'ambiance est feutrée mais chaleureuse, la serveuse extraordinairement gentille (elle nous a redonné du pain plusieurs fois, youpi !). Il y a un blues très discret en fond, et la salle n'est pas bien grande. La nourriture, elle, est la meilleure qu'il m'ait été donné de goûter.
On a discuté de beaucoup de choses. De sa maman malade, de nous qui devenons adultes ; des enfants et de nos rêves glauques. J'ai sursauté quand la serveuse souriante nous a apporté le dessert. J'ai dû lui dire merci six-cents fois, à cette gentille dame. Je me sentais apaisé là-bas, et j'étais heureux de passer du temps avec mon Soleil – ça devient si rare. J'aurais voulu lui faire un câlin avant de repartir, mais il est resté dans la voiture.
Je suis heureux, Personne. Je suis heureux quand je passe du temps avec les gens que j'aime. Heureux et apaisé. Ce sont peut-être eux mon chez-moi, finalement. Avec eux, mon angoisse s'endort, tout se ralentit agréablement, et ce n'est plus grave d'être moi : ça devient même une bonne chose. Ils m'aiment pour qui je suis.
Avec eux, il suffit d'exister.Je l'ai souvent dit à ma psy, Personne. Je lui ai dit que je voulais juste exister avec les gens. Je ne cherche pas grand chose. Il faut juste qu'on puisse rester simplement immobiles et silencieux ensemble. Comme avec Lou la première fois qu'on s'est vus seuls, à Dijon. On a marché dans la ville puis on a écouté de la musique sur un banc. Il y avait beaucoup de blancs. Je n'osais pas encore me sentir bien. On a existé ensemble, voilà tout.
Existe avec moi, Personne, s'il te plaît. Tu veux bien me suffire l'espace d'un instant ?